dimanche 20 décembre 2015

Le ruban, Ito Ogawa

J'ai lu Le ruban parce qu'on ne m'a pas laissé le choix.
Il ne faut pas croire, je suis quelqu'un de très influençable, et de maladivement poli (sauf en ce qui concerne les places de métro, et d'autres menus détails, vous référer à ma dernière chronique).
Du coup, quand la bibliothécaire me l'a calé entre les mains avec autorité et sans que je ne l'aie en rien sollicitée, je n'ai pas osé objecter. Et j'ai gentiment déposé le bouquin dans mon cabas déjà chargé.
Cette lecture aurait donc dû être avant tout une preuve de ma vulnérabilité.
Mais elle est aussi une preuve de mon insondable bêtise : il a fallu que j'ouvre le dit-bouquin et que je tombe sur une courte notice bibliographique de l'auteur pour réaliser avec un enchantement proche de l'expérience de la grâce, qu'Ito n'est autre que l'auteur du mirifique Restaurant de l'amour retrouvé, qui a été une de mes trouvailles l'an passé, et qui m'a valu quelques heures de douceur pelucheuse. 
C'est donc revigorée et enthousiaste que j'ai, pour finir, entamé la lecture du Ruban.



Le synopsis

Ruban, c'est un oiseau recueilli par Sumire avec l'aide de la petite Hibari, qu'elles soignent et élèvent avec amour. Mais un jour, Ruban s'envole, et découvre sur son chemin d'autres êtres humains aux parcours cabossés, et au quotidien fait de petites joies, de petits malheurs, et de grands aussi quelquefois.

Mon avis

Le ruban est un récit doux et sensible, où l'on retrouve la qualité de la prose asiatique incarnée par Kawakami ou Kawabata. L'auteur décrit des choses simples de la vie quotidienne, qui est toujours l'entrée en matière pour faire connaissance avec les protagonistes, avant de les percer à jour, petit à petit, en découvrant les secrets enfouis derrière leur réserve, dans leur dignité.
J'ai cependant préféré Le restaurant de l'amour retrouvé, qui mêlait avec plus de délicatesse encore les sentiments de déception, de trahison, et de reconstruction, la restauration de la confiance et de l'espoir. Il y a certaines de ces choses aussi dans Le ruban, mais si l'idée est intéressante d'histoires qui se succèdent à mesure que l'on suit l'oiseau et les rencontres qu'il fait, il m'a semblé dommage de perdre un peu de vue les personnages initiaux, et de ne les retrouver qu'à la fin.
Un roman agréable donc, mais qui n'égale pas, à mon sens, l'oeuvre précédente d'Ito Ogawa.


Pour vous si...
  • Vous avez manqué votre vraie passion dans la vie : l'ornithologie
  • Vous êtes intimement persuadé que les animaux relient les gens entre eux et font office de médiateurs (lol)
    Morceaux choisis

    "Son comportement avait complètement changé. Sa huppe se dressait et s'abaissait successivement, preuve qu'il hésitait. La banane l'intéressait, mais il avait peur, il était déchiré." (j'ai le même sentiment lorsqu'un client me propose une tranche de panettone : acte de bonté désintéressé? fourberie? appât pour mieux m'occire? C'est terrible, la défiance)

    "C'est ça, vivre seule, pour une femme. Quand on n'arrive pas à dévisser le couvercle d'un pot, on n'a pas le choix, il faut bien se débrouiller toute seule pour l'ouvrir." (ou, dans mon cas, ne plus acheter ce genre de pot. Adieu confitures.)

    "Ce jour-là, pour la première fois, j'ai vu une de ses œuvres en vrai. L'émotion ressentie à cet instant, devant la peinture, a été indicible.
    Dès que j'ai posé les yeux dessus, mon cœur en a été transpercé. Aspirée dans son univers pictural comme par une ventouse, je ne pouvais plus en détourner le regard.
    Ce que maître Kogure avait dessiné, c'était un oignon."
    (AH AH AHAHAH!! Ah l'humour précieux des japonais... :D)


    Note finale
    2/5
    (pas mal)

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