mardi 4 octobre 2016

Police, Hugo Boris

Roman plébiscité par la blogosphère, Police d'Hugo Boris m'intriguait depuis quelques semaines. Un thème d'actualité, dont tout portait à croire qu'il avait été traité avec sérieux et discernement, voilà qui méritait largement une lecture.


Le synopsis

Virginie, Erik et Aristide sont policiers.
Un soir, ils reçoivent pour mission de transporter un étranger à l'aéroport de Charles-de-Gaulle, pour qu'il soit reconduit à la frontière.
Sur le trajet, au contact de cet homme et découvrant par hasard des informations confidentielles à son sujet, leurs certitudes, qu'ils croyaient inébranlables, basculent. 

Mon avis

A la lecture de Police, je n'ai pas ressenti l'évidence que j'en étais venue à attendre, tant les éloges lus çà et là étaient unanimes.

Loin de moi l'idée d'affirmer que tous les autres ont tort, ce serait tout à fait incompatible avec ma modestie et mon ouverture d'esprit naturelles.
Néanmoins.
Il me faut souligner que la partie relative au "cas de conscience" rencontré par nos trois compères, si elle est au centre du récit, peut parfois sembler mineure, tant le traitement des préoccupations intimes des protagonistes prend le pas.

Afin que vous puissiez vous représenter la chose, je précise que deux protagonistes, à l'heure où nous faisons leur connaissance, viennent d'entamer une relation aussi passionnelle qu'éphémère, qui n'est pas sans conséquence puisque l'un de ces deux protagonistes tombe enceinte (je ne vous en dis pas plus pour ménager le suspense, à vous de faire le compte, mais, en toute logique, il ne peut donc pas s'agir d'Erik et d'Aristide...).

Evidemment, le sujet est donc brûlant, et occupe le devant de la scène, ce qui se matérialise par les échanges et les comportements décrits dans le récit.

L'idée ne manque pas d'intérêt, car elle permet d'appréhender les trois policiers comme des personnes "normales", qui investissent, durant leur temps de travail, un rôle qu'elles doivent tenir et qui soudain se heurte à des convictions personnelles là où, justement, il est attendu d'elles d'obéir aux ordres sans que des convictions de cette nature n'interfèrent avec leurs actions.

Cependant, j'ai eu le sentiment que l'auteur peinait à atteindre un équilibre, et qu'il se laissait emporter par ces aspects finalement secondaires. In fine, on comprend bien entendu combien les policiers, comme des citoyens lambda, ont leur propre vie et leurs propres problèmes à gérer alors qu'ils côtoient des situations qui sortent de l'ordinaire, et des personnes dans une détresse habituellement peu visible. Mais cela m'a laissée sur ma faim, car je m'attendais à ce que la thématique soit davantage explorée, davantage développée, là où elle m'est apparue comme un prétexte à une intrigue relativement haletante.

Concernant le style, il constitue un atout majeur du roman, de par les expressions drolatiques et inédites qui le parsèment, et son efficacité.

Police est une oeuvre intéressante, qui ne m'a certes pas convaincue autant que je l'espérais, mais qui a le mérite d'aborder un sujet important sous un angle original et polémique, et de le faire honnêtement.


Pour vous si...
  • Vous cultivez un goût inavouable pour les expressions à prendre au second degré (cf ci-dessous)
  • Vous préférez les romans dans lesquels les auteurs prennent le temps de dévoiler la vie personnelle des protagonistes, et ne se centrent pas uniquement sur l'action (pas comme le Rêver de Franck Thilliez, donc).

Morceaux choisis

"Non, c'est vrai. Il ne lui proposait pas de convoler en justes noces. Il n'y aurait pas de cérémonie, ni de lettre de saint Paul aux Corinthiens, ni de vin d'honneur avec Gotan Project en fond sonore. Il ne projetait ni de lui causer toutes sortes d'embarras ni de faire son bonheur. Il savait bien qu'il n'était pas l'homme du quotidien, qu'on ne décorait pas un sapin de Noël avec un type comme lui, qu'on l'imaginait mal poser des jours "enfant malade".
Il n'était qu'un pauvre mec voulant que ses gamètes lui survivent."

"Au feu rouge, elle passe le document à Aristide, mais il a l'air d'une poule qui a trouvé un couteau. Il feint de ne pas savoir comment le tenir, le pince du bout des doigts comme un méchant bout de papier." (*_* Meilleure expression au monde, je vais la replacer, faites-moi confiance...)

"A la ville, ce n'est pas un homme tranquille. Quand il est là, il l'est complètement, séduisant, généreux, lui donnant l'impression d'être quelqu'un. Pour mieux s'enfuir la minute suivante, ne pas retourner ses appels pendant deux jours, disparaître sans prévenir, manière d'asséner ce rappel constant : "Ne tombe pas amoureuse de moi, je ne suis pas domesticable, notre histoire est finie demain"."

"A l'entrée de l'avion, une jolie brune au périnée tonique finit d'orienter une famille de passagers avant de tourner vers eux un sourire de bienvenue." (Je sais ce que vous vous dites : mais pourquoi? On aurait pu comprendre "au charme ravageur", "à la silhouette aguicheuse", "aux yeux pétillants" et autres expressions ordinaires et relativement exemptes de saveur, mais... "au périnée tonique"? Really???)


Note finale
2/5
(pas mal)

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