lundi 24 juillet 2017

De la bombe, Clarisse Gorokhoff

Je termine, un pincement au cœur, le cycle des 68 premières fois, avec un roman au titre explosif, qui me donne envie de découvrir les prochaines pépites que nous réserve la rentrée littéraire qui s'annonce...


Libres pensées...

A Istanbul, Ophélie dépose une bombe dans une cabine près de la piscine d'un hôtel de luxe, et disparaît dans un taxi.
L'attentat auquel elle a participé fait 11 morts. Retranchée dans un appartement, elle repense aux événements, à sa relation avec Sinan, l'amant qu'elle admire et hait tout en même temps, pour son comportement tyrannique envers elle, sa rencontre avec Derya, la femme de chambre kurde qui l'a entraînée dans le projet d'attentat, et elle fait la rencontre d'une vieille femme et de son fils, qui disent connaître Sinan, et semblent prêts à l'aider, mais dont les intentions sont suspectes.

De la bombe est un drôle de roman...
Son plus grand atout, c'est qu'il ne ressemble à aucun autre (à ma connaissance).
Il conjugue à la fois l'introspection (d'Ophélie, qui revisite sa relation avec Sinan, puis avec Derya) et le rythme, à travers les événements qui se succèdent et la tension qui règne dans l'atmosphère d'un bout à l'autre.
Ainsi, la lecture est haletante, mais ménage des moments plus réflexifs, et de nombreuses interrogations au sujet de la protagoniste, car l'ombre demeure sur son passé : qu'est-ce qui l'a menée à Istanbul en premier lieu? Qu'est-ce qui, dans son histoire, a pu faire écho à l'histoire de Derya?

Le sexe et la sensualité sont d'autres "ingrédients" magiques servis au lecteur, qui ont surtout pour effet de faire grandir le halo de mystère autour d'Ophélie : qui est-elle donc?
Car si le ton qu'elle adopte la rend proche du lecteur, elle est avant toute chose un point d'interrogation, et si l'on peut détecter un raisonnement rationnel dans certaines de ses initiatives, l'ensemble convoque néanmoins le sentiment qu'elle est égarée, qu'elle agit sous impulsion avant parfois de démêler ses propres émotions.

La relation qui se tisse avec Ophélie est donc ambiguë, à l'image des liens qu'elle noue autour d'elle avec tous ceux qu'elle croise, et qui sont également, de leur côté, ambivalents, suspects, difficiles à cerner.

Je dois, enfin, vous faire part d'un bémol : la fin du récit m'a laissé un sentiment d'inachevé, que je conserve encore plusieurs jours après avoir refermé le livre. La lecture est intriguante, originale, et laisse le lecteur perplexe, sans trop savoir ce qui lui est arrivé, lorsqu'il parvient à la dernière page. L'expérience vaut donc le détour, mais reste, en ce qui me concerne, difficile à qualifier dans son intégralité. 

Pour vous si...
  • Vous êtes d'un naturel aventureux.
  • Vous ne vous formalisez pas si un roman n'apporte pas toutes les réponses à vos questions. 

Morceaux choisis

"Je n'aime pas vraiment la nuit. J'aime sa couleur, quand elle est blanche ou noire ; j'aime sa fougue et son flegme. La nuit a mille échos que je ne veux pas retenir (car la nuit elle-même n'a aucune importance). Mes souvenirs nocturnes ont tous été torpillés par l'arrivée spectaculaire du jour, l'empereur du monde. Je ne me rappelle guère plus qu'une intonation, un sursaut, une musique d'ascenseur. Ou la tension d'un cuir, la profondeur d'un verre, l'épaisseur d'un matelas. Parfois, c'est l'âpreté d'une langue qui passe furtivement derrière l'oreille. Et la nuit suivante, je remets cela, pour enrichir mon amnésie d'une sensation tendre ou douloureuse. Jusqu'à ce que la nuit, à mes yeux, n'ait plus rien de mystérieux."


Note finale
3/5
(cool)

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