jeudi 22 mars 2018

Je dansais, Carole Zalberg

L'an passé, j'avais glâné ce roman de Carole Zalberg lors de Livre Paris. J'ai enfin trouvé un moment pour m'y plonger, victoire !



Libres pensées...

A 13 ans, Marie est enlevée, séquestrée et violée par Edouard, qu'elle a croisé dans la rue un jour alors qu'elle était aux côtés de sa mère, et qui depuis a été obsédée par elle. Je dansais raconte sa captivité, la narration se fixant tantôt sur ses pensées et émotions et tantôt sur celles d'Edouard.

En débutant la lecture, j'avais oublié l'objet du roman, et alors qu'il m'est revenu, j'ai aussitôt pensé à la lecture récente de Daddy Love, de Joyce Carol Oates, qui évoque l'enlèvement d'un petit garçon.
Je crois que c'est à peu près la seule comparaison que l'on peut faire entre les deux récits.
En effet, le style diffère complètement, et je suis malheureusement beaucoup plus réceptive à celui de l'autrice américaine qu'à celui de l'autrice française.

J'avais déjà été confrontée à la prose de Carole Zalberg lorsque j'avais assisté à la pièce tirée de son oeuvre, en 2017, Feu pour feu. Comme pour Je dansais, le thème choisi m'avait interpelé, et j'étais impatiente de découvrir son traitement au travers de l'adaptation théâtrale. Ce fut un échec cuisant, et je n'ai pas du tout apprécié cette soirée.
En cause : le style, de nouveau, qui m'avait semblé hermétique, un lyrisme hors de propos à mes yeux, versant parfois dans ce qui ressemblait pour moi à du verbiage, alors que je me figurais qu'il y avait tant à dire, tant à écrire et à retranscrire sur le sujet de l'exil.

Ici, c'est un peu la même chose. Lorsque Edouard a la parole, le lecteur est mal à l'aise, et son expression est ampoulée, il y a quelque chose qui ne "colle" pas, qui "sonne" étrangement. Lorsque Marie a la parole, on devine les pensées de l'auteur avant celles de l'adolescente, car l'auteur se plaît avec les mots, et leur donne un cours qui paraît décalé avec la situation relatée. Sur le thème, je trouve que la sobriété, la redondance même adoptée par Joyce Carol Oates, faisant penser à un mécanisme cassé, à l'aliénation qui guette la mère, à la culpabilité en boucle, à l'expression impossible de l'enfant, étaient complètement adaptées.
Le lyrisme de Carole Zalberg ne me touche pas, bien au contraire, il m'éloigne, j'ai l'impression que l'effet recherché était la beauté du texte et non l'expression de la violence pure qui émane en premier lieu des événements relatés.

Rendez-vous manqué pour ma part, mais n'hésitez pas à découvrir à votre tour le roman pour vous en faire votre propre idée.


Pour vous si...
  • Vous adorez les ballets.
  • Vous consommez exclusivement français. 

Morceaux choisis

"Ton regard, cette première fois, ton regard.
D'abord, je voudrais disparaître, je me sens rat. Débusqué, cloué à la rue où nous nous croisons.
Comment oses-tu, petite ?
[...] J'en suis frappé. Littéralement frappé." (alors...non. Pas littéralement. Un regard ne peut pas littéralement frapper quelqu'un, il ne le peut que de manière imagée.)

"Nous sommes les belles ou même pas, sifflées sur les trottoirs, collées, palpées, suivies, complimentées comme on insulte ou couvertes sans détour d'injures par l'animal que nous faisons sortir de l'homme. Qui est aussi l'homme, sans doute." (ouf, la féministe en moi s'est insurgée d'un coup avant de se calmer. L'homme n'est pas victime, ce n'est pas un pauvre chouchou qui ne demande rien et dont la femme, ouh la vilaine, fait sortir l'animal enfoui en lui, à son corps défendant. Non non. C'est juste l'homme qui se comporte comme une merde, dans l'exemple évoqué).

Note finale
2/5
(pas mal)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire