mardi 14 février 2017

Des âmes simples, Pierre Adrian

La couverture et le synopsis me faisaient bouillir d'envie, alors voilà, j'ai cédé à la tentation, votre châtiment sera le mien (c'est pas comme ça qu'on dit?).

Non mais franchement, vous avez déjà vu plus sublime couverture?

Libres pensées...

Dans la vallée d'Aspe, aux pieds des Pyrénées, un prêtre, Pierre, recueille et soigne les âmes abîmées. A ses côtés, le narrateur découvre comment, par sa présence et ses mots, Pierre accompagne et apaise les petites gens qui se tournent vers lui quand il ne leur reste nul autre. Des bergers, des vagabonds, des femmes battues, les invisibles dont la parole importe peu, et qui soudain trouvent une oreille, une épaule, un soutien essentiel.

Il ne s'agit de rien d'autre que des chroniques de cette vie ordinaire, des journées d'un homme simple qui oeuvre en toute humilité pour réparer la vie de ceux qu'il croise, pour arrimer sa solitude à la leur, pour leur rendre la dignité et l'espoir qui semblent s'être fanés à l'épreuve d'une existence abrupte et pourtant banale.

L'écriture se devait d'être simple à son tour, pour dire sans fioritures et sans lyrisme condescendant la misère humaine qui se décline à travers les visages des personnages que l'on trouve dans les pages du roman. A cet égard, l'exercice est réussi : les mots et le style ne travestissent ni ne trahissent les histoires dont est fait le récit.

La lecture invite à partager cette humilité, elle invite à la fois à l'introspection et à un élan vers l'autre, parce que le seul salut possible réside dans la communauté, dans la proximité et la clémence.

Loin des récits à tiroirs et des thrillers à la mécanique impeccable, l'auteur livre un roman qui porte une certaine pureté, une intégrité qui se détache de toute stratégie commerciale et touche par ce qui s'apparente à de la sobriété, et  qui véhicule, in fine, des sentiments bruts et authentiques. 

Pour vous si...
  • Vous vous sentez capable d'affronter un roman qui sorte du schéma classique introduction - élément perturbateur - développement - résolution - conclusion. 
  • Vous ne lisez que des livres avec des belles couvertures. 

Morceaux choisis

"Pour Pierre, il n'était pas imaginable de boire devant lui. Nous étions une vingtaine à table et, pourtant, nous devions tous être astreints au même régime. Jusqu'à ce que cet homme soit guéri, ou jusqu'à son départ vers l'ailleurs, il n'y aurait pas de vin à table. On se contenterait de l'eau de la fontaine. L'effort viendrait de tout le monde. Si on ne partageait pas le même esclavage, on devait accepter la même contrainte. Aujourd'hui, je vois en Pierre un homme acharné contre les dépendances, qui laisse chacun vivre librement sa recherche de Dieu. Personne n'est forcé d'aller aux offices. Pierre ne touche pas aux vies intérieures. Mais il combat le chancre en chacun. Il ne supporte pas d'assister à la chute d'un homme."

"Je range mes livres. J'ai rêvé. Vécu des carnavals en Pyrénées catalanes, et de grandes battues dans la haute vallée d'Aspe. Il y avait des rumeurs, on chantait. L'imagination reste tout de même le meilleur viatique au présent. Une chiquenaude à ce monde du plein. Je pense que ce soir nous fêterons le monde du rien. Noël. Noël avec ses bouquets de houx, ses guirlandes de couleur, son vin mousseux, ses supermarchés et leurs vitrines. Ces trains de province bourrés à craquer. Terminus? Famille! Chacun chez soi. Et Dieu pour tous? Tu parles. Dieu pour les pauvres, les clodos, les cramés, les seuls. Dieu pour les faubourgs des Bethléem contemporaines. Bidonvilles, hameaux; fermes à l'abandon, cités populaires. Dieu pour les filles du trottoir, les asiles de damnés et les déments entre quatre murs. Oui, notre jour viendra. On sera tellement surpris."


Note finale
3/5
(cool)

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