jeudi 19 octobre 2017

Hope, Loulou Robert

J'ai découvert Loulou Robert avec son premier roman, Bianca, qui avait reçu un accueil chaleureux très mérité.
Son deuxième roman, Hope, est la suite logique du premier, et nous raconte les (més)aventures de Bianca à New York.


Libres pensées...

Après la mort de Jeff, Bianca a quitté l'hôpital, Simon, la France, et est partie s'installer avec son père à New York. Dans cette ville étrangère, elle tâche de s'intégrer, de construire son quotidien, des repères, mais réalise rapidement que la vie de lycéenne ne lui convient pas, qu'elle est avide d'autres expériences. Après une brève liaison avec l'un de ses professeurs, Bianca fugue, s'installe dans une colocation et devient mannequin pour une agence. Elle fait la rencontre de Vicky, russe et mannequin elle aussi, qui tente de percer tant bien que mal. Une nouvelle tragédie conduit Bianca à retourner vivre auprès de son père, avant la grande scène finale.

On retrouve donc une Bianca toujours aussi déboussolée, souffrant de solitude, d'un sentiment de décalage, désireuse de s'affirmer dans une forme de rébellion. A cet égard, le deuxième opus est très cohérent par rapport au premier.

Mais là où l'écriture franche portait une intrigue prévisible mais réussie dans le premier roman, la recette fonctionne ici moins bien.

Il faut dire que tout est cousu de fil blanc. On se doute rapidement qu'un personnage devra mourir pour opérer une prise de conscience, par exemple. Le personnage/fantôme de Jeff, récurrent, donne un sentiment de simulacre, comme si l'on voulait nous convaincre du bien-fondé de son existence. Tout comme Vicky, Jeff reste à mes yeux un prétexte pour valoriser la protagoniste.

Par ailleurs, les clichés affluent : la liaison avec le professeur, les orgies étudiantes américaines, le monde cruel du mannequinat...

En outre, on se lasse de Bianca, qui agace, de par son côté très autocentré (il n'y a qu'à dénombrer la répétition de "je"...), sa hauteur aussi, car elle se montre parfois condescendante à l'extrême (à noter, un passage phénoménal où elle se pose en tant que fille lucide et intelligente qui envie la bêtise, l'ignorance des autres, des cons comme elle les nomme. Pour rappel, on est tous le con de quelqu'un, et Bianca pourrait bien être celle d'un certain nombre de lecteurs, après ces extraits de bravoure...).

L'issue, quant à elle, donne un sentiment factice, ne suffit pas à créer une émotion.

On lit finalement les mésaventures de Bianca avec détachement, et l'on se réjouit de comprendre qu'il ne devrait pas y en avoir d'autres.

L'auteur, en revanche, a tout à gagner à s'essayer à présent à un autre sujet, pour confirmer le talent initialement perçu dans Bianca.


Pour vous si...
  • Vous êtes un peu maso.
  • Le monde du mannequinat vous passionne, peu importe que le roman ne vous apprenne pas grand chose sur le sujet. 

Morceaux choisis

"Le coeur et la pitié n'ont pas leur place à Manhattan. Ici, ce que l'on aime, c'est l'ambition et le travail. J'étais dans le métro l'autre soir, la rame dans laquelle je suis montée était vide. Je n'ai pas tout de suite compris pourquoi. Une fois dedans, j'ai senti une odeur putride de corps en décomposition. Et j'ai vu un homme, ou plutôt ce que la ville en avait laissé. Tout au fond, assis et endormi. La vue de ses jambes m'a tuée. Gonflées, violacées, nécrosées. Cet homme était en train de pourrir. Mourir. Et qu'est-ce que font les New-Yorkais ? Ils changent de wagon. Pour eux, cet homme est déjà mort. J'ai voulu qu'il existe. Je suis restée et je l'ai regardée aussi fort que j'ai pu. J'en ai voulu à la ville, au monde entier, tellement ce n'était pas juste, tellement je me sentais impuissante. Je ne pouvais rien faire si ce n'était pas quitter ma place. J'étais arrivée à ma destination. Quelle était la sienne ? La mort, tout seul."

"Je crois que c'est l'une des premières fois que je prononce le mot "câlin". On a l'air con quand on le dit. C'est comme "sieste", je n'y arrive pas. Ca fait vieux. Et "câlin", ça fait con." (Whaaaaaat???? Mais d'où ça sort, ça ? Depuis quand ça fait vieux, "sieste", et con, "câlin" ? Je t'en collerai moi, des vieux cons!!)

"C'est le problème avec l'espoir. Il s'installe. Il prend toute la place. Puis quand il disparaît, il laisse un grand vide. Dans ce métier, tout n'est qu'espoir et déception. Une prison bien dorée, bien empoisonnée. On m'avait promis. On m'avait dit que c'était gagné. Le miroir se fissure, il perd un fragment."


Note finale
1/5
(flop)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire