vendredi 12 octobre 2018

Le club des pauvres types, Jonathan Curiel

Et voilà, j'attaque les archives ! Un roman prêté par Nombre Premier il y a plus de deux ans, et que j'ai honteusement laissé attendre dans ma bibliothèque au lieu de lui restituer après un délai raisonnable, disons, deux à trois mois. Il était franchement temps de m'attaquer au Club des pauvres types


Libres pensées...

Paul vient d'emménager avec Claire. Après quatre ans de relation, il lui était devenu impossible de repousser encore l'échéance. Rapidement, il réalise l'erreur commise, la place prise par Claire, physique ou symbolique, qui voudrait même s'arroger le droit de choisir la déco et de virer ses meubles. Autour d'eux, des couples qu'ils regardent en coin, qui se marient, ont des enfants, et renforcent la pression exercée sur notre malheureux Paul. A la faveur d'une soirée entre "conjoints", les hommes décident de se liguer pour résister à la gente féminine, à son despotisme et aux injonctions sociales dont ils ne peuvent plus : ils fondent le Club des pauvres types, dont l'ambition est de se serrer les coudes entre hommes pour soutenir les plus faibles psychologiquement, et repousser les assauts de leurs compagnes voraces.

On peut sourire du synopsis, et d'ailleurs, la lecture du roman invite très souvent au sourire, au moyen de situations cocasses, et surtout d'une plume décomplexée, qui se plaît à utiliser un jargon très administratif appliqué aux situations de la vie conjugale courante, créant un décalage amusant.

On peut aussi sourire des similitudes que l'on peut trouver entre ce que vivent Paul, Claire et leurs amis, et ce que l'on peut vivre lorsque l'on passe la trentaine et que l'on est issu des classes moyennes d'un pays comme la France.

Pourtant, je dois bien dire que cette lecture n'a pas fait que me faire sourire. Au-delà de la satire sociale, elle m'a naturellement porté à m'interroger sur la part de "vrai" dans ce qui est relaté : faut-il voir les hommes comme des victimes de la pression sociale et de la pression féminine, des êtres voués à renoncer à leur bonheur (qui est rapidement incarné par la possibilité du couple, combiné à un quotidien d'adolescent mal dégrossi vivant dans un taudis et multipliant en parallèle les conquêtes charnelles sans conséquences) pour celui de leur conjointe (rapidement incarné par l'emménagement / demande en mariage romantique au restaurant avec une bague dans une flûte à champagne / mariage dans un cadre bucolique et cependant raffiné / mise en route d'un bébé puis d'un autre), et de la société qui les supplie d'y accéder ?
Est-ce que l'homme qui a déçu sa compagne n'a pour seul moyen de la "récupérer" (comme on récupère un aspirateur cassé qu'on a un peu trop vite mis en vente sur le bon coin et qu'on regrette éperdument) que de lui concéder la demander en mariage en lui promettant de l'engrosser ? Est-ce que ce n'est pas censé être une décision qui se prend à deux de plein gré et qui s'assume, plutôt qu'une monnaie d'échange ?

D'une certaine manière, le récit fait des pérégrinations d'un trentenaire peu stimulé par le schéma social classique est sinistre.
En le lisant, la colère couvait en moi, envers l'un et l'autre des protagonistes, et je n'avais envie d'être ni Paul ni Claire, aucun n'avait gain de cause, ils m'apparaissaient tous deux comme des gamins capricieux ayant la maturité d'un bouchon de liège, insoutenablement auto-centrés et puérils (Paul en particulier, il faut bien le dire, car c'est lui dont on suit plus précisément les tribulations).

Alors, l'idée d'un club des pauvres types, ou des pauvres nanas, on ne peut que la prendre au deuxième degré et la trouver drôle, révélatrice des questionnements que l'on se pose à trente ans quand on n'a vraiment aucun problème dans sa vie.

Sinon, on peut aussi se dire que, si c'est ce qui représente l'état actuel de notre civilisation, et bien pourquoi ne pas s'organiser pour s'éteindre au plus vite, parce que perpétuer une espèce qui en arrive à ce genre de comportements fuyants et égoïstes, je vous avoue que c'est au-delà de mes forces.

Pour vous si...
  • Vous aimez rire du milieu petit-bourgeois parisien dont vous êtes un digne représentant, sans trop réfléchir à ce qu'il y a derrière
  • Vous aimez secrètement les récits de vie qui vous semblent affligeantes
Note finale
2/5

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