vendredi 15 janvier 2016

Noireclaire, Christian Bobin

En quelques mots comme en mille, voici un peu de poésie dans un monde de brutes.




Le synopsis

Noireclaire est un hommage rendu à une femme aimée et perdue, disparue depuis des années.


Mon avis

J'ai toujours le sentiment intime que la poésie rassérène tout ce qui nous sert de vie intérieure, l'enrichit, la connecte au monde.
C'est un peu l'effet que m'a fait la lecture de Noireclaire.
J'y ai trouvé de la nostalgie, bien sûr, sous de nombreuses formes.
Des images parfois presque enfantines de douceur et dans le regard porté sur l'extérieur, de la tendresse à chaque ligne, la douleur du deuil encore sensible avec cette ligne de démarcation entre l'avant et l'après, et la tentative renouvelée du poète de la mettre en mot, à travers l'image du verre qu'il peut boire tandis que ne le peut l'aimée, par exemple.
Le livre est assez court, moins d'une centaine de pages, mais qui transporte, qui fait pénétrer dans un univers propre, dans la mémoire d'un autre, avec pudeur et générosité.
Cette lecture était parsemée de mots vibrants d'une réalité vécue et appréhendée avec talent, c'est une lecture qui m'a fait du bien.


Pour vous si...
  • Vous avez envie d'une lecture rafraîchissante et tendre

Morceaux choisis

"Comme mes frères les moineaux je travaille paisiblement à l'effondrement des banques et des maisons de retraite."

"Il faut cent fleurs différentes pour faire l'élixir des chartreux - autant pour écrire un poème."

"J'ai vu un jeune boxeur jouer du piano. J'ai vu un œuf de caille dans l'herbe. J'ai vu un chat couvrir de brindilles la dépouille d'une souris. J'ai vu Mandelstam courir tout Moscou pour défendre cinq vieillards condamnés à mort. J'ai vu un assassin dont le cœur était un rubis. J'ai vu un pain trempé par la pluie appeler au secours. J'ai vu des liserons s'agripper à une barrière comme des prisonniers à leurs barreaux. J'ai vu un bébé offrir le trésor d'un gâteau écrasé dans sa main sale. J'ai vu la huppe maçonner son nid avec ses excréments blancs plu éblouissants que les paroles des ermites. Je n'ai jamais lu de définition satisfaisante de l'amour. Je n'en lirai jamais."

"Une goutte d'eau se suicide dans l'évier après une longue hésitation."

"Tes joues de biscuit cuites par un soleil d'enfance. La veine qui te tuera au bombé de ton front."

"Quand tu avançais c'est un monde qui avançait avec toi, comme avec la mariée sa traîne, injuste et sainte. Noireclaire. Ta mort n'y change rien : je te vois en mouvement, toujours avançant, et la vie surabondante te suit, le printemps arrive avec ton nom."


Note finale
5/5
(coup de coeur)

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