jeudi 17 novembre 2016

Station Eleven, Emily St John Mandel

L'un des deux romans faisant partie de la sélection du Grand Prix des Lectrices ce mois-ci est Station Eleven. Je n'avais jamais entendu parler d'Emily St John Mandel, mais le titre et la couverture me tentaient bien, et les lecteurs sur le web criaient au génie. 
Autant vous dire que tous les ingrédients étaient réunis pour titiller mon esprit de contradiction. 


Le synopsis

Station eleven raconte le monde en proie à une pandémie meurtrière, qui décime la population et transforme la civilisation.
Le roman s'ouvre sur la mort d'un acteur sur scène, quelques heures avant que la pandémie ne soit déclarée, et se centre sur l'évolution de plusieurs personnes de son entourage, entre les années précédant la catastrophe et les décennies suivantes, notamment une troupe d'artistes qui joue Shakespeare pour cultiver le souvenir du monde d'avant, et transmettre de l'espoir.

Mon avis

La lecture de Station Eleven s'est révélée laborieuse, non du fait de la prose ou de la structure, car la recette est assez bonne, mais sans doute du fait d'un sujet que j'ai le sentiment d'avoir déjà beaucoup vu dans la littérature : la situation n'est pas sans évoquer de nombreuses œuvres plus ou moins classées dans le genre science-fiction, depuis Barjavel à, plus récemment, Emmanuelle Pirotte, sans parler de la littérature anglo-saxonne abondante qui fleurit sur ce thème (coucou Cormac McCarthy et Laura Kasischke).

Ainsi, en dépit d'une approche intéressante, qui met l'accent sur l'art comme vecteur de la civilisation, incarnant la grandeur passée et la grandeur possible dans un monde en déréliction, et en dépit d'un premier chapitre très accrocheur mettant en scène (au sens propre) la mort de l'acteur Arthur Leander, personnage qui servira de fil rouge à la construction du roman, je n'ai pas ressenti d'entrain à poursuivre, ni de curiosité.

Le seul personnage ayant piqué mon intérêt est celui de Miranda, l'ex-femme d'Arthur Leander, que l'on découvre principalement avant la pandémie, et qui rencontre des affres finement retranscrits, bien que n'ayant rien à voir avec le cœur de l'intrigue (un peu comme si vous alliez au ciné, et que votre moment préféré de la séance tenait dans une bande-annonce avant le film : a priori, vous êtes un peu à côté de la plaque).

C'est dommage, et je regrette beaucoup de ne m'être pas laissé prendre au jeu : les allers et retours entre les différents temps de la narration créent des échos et des effets de rupture, les scènes sont visuelles, l'écriture fluide, autant d'atouts qui auraient pu me séduire.

Néanmoins, le sentiment ne me quitte pas que la lecture manquait de corps et d'envie ; le récit propose de partager l'expérience des protagonistes, mais il est difficile de dire ce que l'on en tire. Pour ma part, Station Eleven m'a fait l'effet d'un roman esthétique, qui n'a pas l'audace que l'on pourrait attendre d'un tel projet, et ne présente en fin de compte guère d'intérêt.
Un peu comme Cara Delevingue : c'est joli, ça pourrait être intéressant, oui, mais au final ça sert pas à grand chose.

Pour vous si...
  • Vous n'êtes pas contre un énième roman qui figure la fin du monde.

Morceaux choisis

"Elle sait qu'il y a partout des pièges qui peuvent la faire pleurer, elle sait que si elle meurt un peu chaque fois que quelqu'un lui demande une pièce et qu'elle ne la donne pas, cela signifie qu'elle est trop douce pour ce monde - ou peut-être simplement pour cette ville, elle s'y sent si petite. Les larmes lui montent aux yeux. Miranda est une personne qui a très peu de certitudes, mais l'une d'entre elles est que seuls les gens indignes se dérobent quand la situation devient difficile."

"Il savait, depuis longtemps déjà, que les changements intervenus dans le monde étaient irréversibles, mais cette prise de conscience n'en jetait pas moins une lumière plus crue sur ses souvenirs. La dernière fois que j'ai mangé un cornet de glace dans un parc ensoleillé. La dernière fois que j'ai dansé dans une boîte de nuit. La dernière que j'ai vu un bus circuler. La dernière fois que je suis monté dans un avion qui n'avait pas été converti en habitation, un avion qui décollait vraiment. La dernière fois que j'ai mangé une orange."

"Vers la fin de sa deuxième décennie à l'aéroport, Clark se prit à réfléchir à la chance qu'il avait eue. Non seulement de survivre, ce qui était déjà extraordinaire en soi, mais d'avoir assisté à la fin d'un monde et au début d'un autre."


Note finale
2/5

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