Second volet autour de Simon Liberati, avec la lecture des rameaux noirs, dans lequel l'auteur renoue avec le récit autobiographique.
Libres pensées...
Alors que son père vient d'avoir un accident, le narrateur partage sa relation avec lui, l'influence qu'ont eu dans sa vie les surréalistes, en particulier Aragon et Breton, dont son père était proche, et réfléchit à ce qu'est l'écriture et l'inspiration.
Dans une vidéo Youtube, Simon Liberati contextualise l'oeuvre, explique brièvement la relation entretenue avec son père, qu'il qualifie de surtout littéraire, et se souvient d'avoir été confronté à l'accident de ce dernier alors qu'il était plongé dans l'écriture de California girls. Décidant de lui rendre hommage, il écrit ce roman qui est pour lui à la fois un récit (où il retrouve le "je" utilisé la dernière fois dans Eva), et un livre qui parle de littérature.
Par le biais du récit autobiographique, une proximité s'instaure entre lecteur et auteur, propice à aborder des sujets intimes, à l'instar des relations familiales, ou également, de la relation à l'écriture.
Dans Les rameaux noirs, Liberati revient sur ses influences, qu'il détaille : il est question de Breton, bien sûr, mais aussi de Nerval, et, plus loin encore, de l'Antiquité, du monde romain l'emportant pour lui sur le monde grec et sa mythologie.
L'auteur livre, en parallèle, des souvenirs et des confidences que l'on devine parfois douloureuses, comme la mort d'un grand-frère qu'il n'a pas connu, la place prise peu à peu par l'écriture dans sa vie, puis par les femmes. Bien vite, l'ombre d'Eva revient entre les lignes, elle n'en est jamais loin.
Alors que paraît également, à l'occasion de cette rentrée littéraire, Les violettes de l'avenue Foch, j'ai préféré le ton intimiste et moins mondain des rameaux noirs, les deux romans se faisant parfois écho, à travers notamment la figure d'Edwige, une femme aimée par le narrateur qui disparaît en 2015. L'auteur parle librement de son rapport à l'écriture, aux auteurs qu'il admire (le titre, les rameaux noirs, étant inspiré d'un vers de Nerval), de ses obsessions, dans un style très littéraire, moins journalistique que celui qu'il avait adopté dans California girls - à raison, étant donné l'objet choisi.
Ainsi, le lecteur peut apprécier la prose et les références érudites qui sillonnent Les rameaux noirs, ainsi que l'évocation de figures mythiques du surréalisme, abordées à travers un spectre particulier, et inhabituellement proche.
Un récit maîtrisé, que l'on prend plaisir à lire!
Pour vous si...
- Vous aviez apprécié le style d'Eva ;
- Vous êtes avide de connaître l'avis de Simon sur l'écriture.
Morceaux choisis
"Il suffit de vérifier pour s'apercevoir que la mémoire comme le rêve avancent par assimilation. La fable commence quand on prend des libertés avec le temps."
"L'inspiration revint de temps en temps, les rameaux noirs, la poussière..."
"La contre-culture est dans les bibliothèques. Il faudra que quelques-uns, qui ne soient pas seulement de bons élèves, mais des esprits originaux, révoltés, exaltés et pieux s'intéressent aux archives, aux trésors oubliés, aux fondements de l'Occident chrétien. La fin d'un monde entraînera quelques éclaireurs à préparer l'autre."
Note finale
3/5
(cool)
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