jeudi 31 août 2017

Les vents noirs, Arnaud de la Grange

La rentrée littéraire se poursuit, avec la lecture d'un roman au synopsis très enthousiasmant, Les vents noirs.

Libres pensées...

Au début du XXe siècle, le lieutenant Verken se lance sur les traces de l’explorateur et archéologue Emile Thelliot. Dans cette poursuite effrénée qui le fait traverser la Sibérie et la Chine jusqu’au désert de Taklamakan, et dans laquelle il perd les hommes et les guides qui le conduisent à Thelliot, Verken appréhende à distance cet homme qu’il juge fou, et dont il estime qu’il a sacrifié des vies pour accomplir ses rêves. En route, il rencontre Victoria, dont il s’éprend, et qui partage avec lui la fascination qu’elle éprouve pour Thelliot. Peu à peu, la vision qu’a Verken de Thelliot évolue. 

Le roman mêle des éléments très engageants : une époque et une intrigue qui suscitent la curiosité, des réflexions sur la passion humaine, la poursuite des rêves lorsqu’elle flirte avec la folie, l’égarement qui se confond avec elle.
Les lieux parcourus par Verken, sauvages et souvent hostiles, participent de l’intrigue et de l’aventure sur laquelle elle repose.
Néanmoins, en dépit de ces belles qualités, il m’a semblé que la lecture était laborieuse, progressait parfois difficilement, au point de perdre l’intérêt du lecteur.

Les personnages, à force d’être caractérisés par des traits de personnalité qui les acculent à l’idéalisme, paraîtraient presque éthérés, et sont en tout état de cause éloignés du lecteur de par la grandeur de ce qu’ils vivent, et leur mode de pensée très intellectualisé.
Thelliot est naturellement distant, et n’est appréhendé qu’à travers la vision véhiculée par les autres protagonistes. Verken, au premier plan, fait preuve d’un acharnement que l’on peine à comprendre, tout comme sa soudaine proximité avec Thelliot. Victoria est un personnage en retrait, qui aurait pu apporter davantage au récit à mon sens.

Le roman est toutefois porté par un style littéraire qui se prête à la dimension épique, et le cadre est absolument somptueux, regorgeant de dangers et de possibilités, la période historique intéressante, les principales étapes de l’intrigue attrayantes, bien que desservies par la structure un peu trop diluée à mon goût. 

L'introduction de considérations d'ordre existentiel donne de la profondeur au roman, mais je ne suis, pour ma part, pas parvenue à surmonter le sentiment qu'il manquait du souffle à l'intrigue. 

Pour vous si...
  • Vous attendez d'un roman qu'il expose la grandeur.
  • Vous ne voulez pas tuer des souvenirs.

Morceaux choisis

"Ne me plaignez pas, lieutenant. Tant qu'un homme a le choix, il ne mérite pas la pitié."

"Dans ce décor où s'enlaçaient Orient et Occident, la veillée fut longue et solitaire. Les pensées de Verken se mêlaient elles aussi. Les manuscrits d'Emile Thelliot, les fusils de Ma Ying Djou, les sabres d'Alexandre, les plaines givrées de Sibérie et les sables du Turkestan... Il avait l'impression de contempler l'un de ses bas-reliefs antiques qui alignent tous les éléments d'une histoire sans pour autant les relier entre eux. A l'observateur de faire le lien et d'imaginer ce qui se cache sous la surface des pierres."

"_Dans ce genre d'affaires, chacun croit avoir la main. L'Histoire, après, compte les points.
[...]
En se coulant dans son sillage, Verken reconnut cette sensation déjà ressentie au contact d'hommes particuliers. Il flotte derrière eux un air plus dense, alourdi de questions. Le moindre de leurs gestes n'a pas la même consistance. Ils laissent une trace plus forte."


Note finale
2/5

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