J'ai découvert La légèreté en regardant une émission de la Grande Librairie (ça aurait eu plus de cachet si j'avais dit TPMP, mais bon, malheureusement non).
Attirée par les tons de la couverture et certaines illustrations, je m'étais promis de le débusquer en bibliothèque, ce qui fut fait.
Vous l'aurez vu en parcourant le blog, je suis loin d'être une experte en matière de BD/romans graphiques. Ma chronique du jour s'éloignera donc ostensiblement, je présume, de l'analyse que pourraient faire les aficionados, et je me contenterai de vous parler de mon ressenti, en tant que lectrice occasionnelle dans le domaine.
Dans La légèreté, Catherine Meurisse, qui était rédactrice à Charlie Hebdo, nous raconte la façon dont elle a vécu les attentats et les mois qui ont suivi.
Le témoignage qu'elle livre est intime, et nous fait vivre de nouveau les attentats, cette fois depuis un point de vue quasiment interne, puisque les victimes constituaient, d'une certaine manière, une famille pour l'auteur, d'où un traumatisme profond, d'une part dû à la perte violente, et d'autre part au hasard qui a fait qu'elle n'était pas présente sur les lieux lors du massacre, ayant eu une panne de réveil.
A la suite de l'attaque, elle sombre, inévitablement, dans un état qui s'apparente à la dépression, elle s'interroge, se débat, cherche désespérément une issue au mal-être qui la mine, Son séjour à la Villa Médicis la confronte à l'absence du syndrome de Stendhal qu'elle souhaitait ardemment provoquer.
Néanmoins, à mesure que le temps passe, elle laisse la place à la légèreté dans sa vie, celle qu'elle pensait disparue depuis le 7 janvier 2015.
L'auteur véhicule avec talent les sentiments multiples et parfois contradictoires qui l'accablent dans la période qui suit l'attaque, et qui disent le choc qu'elle subit de plein fouet, étant au plus près des rédacteurs assassinés, ses collègues, et bien davantage, ses amis de longue date.
Le graphisme est sublime, se prête avec précision à l'égarement, à la solitude, à la dépression qui se manifestent à travers les images d'un personnage qui se noie, qui fait une chute interminable dans le vide, qui se liquéfie soudain.
La légèreté dilue l'appropriation collective qui a été faite du massacre perpétré en janvier 2015, en disant la tragédie individuelle d'une rescapée, à laquelle il incombe de réapprendre à vivre, alors qu'il semble que sa vie se soit arrêtée. On trouve beaucoup de pudeur et de douleur dans le cheminement relaté par l'auteur, qui nous vont droit au cœur.
"A quoi bon chercher le syndrome de Stendhal? Finalement, je l'ai eu, mais à l'envers.
D'abord l'évanouissement intérieur, dû au choc de l'attentat, puis, au réveil, l'obsession de la beauté.
Une fois le chaos éloigné, la raison se ranime et l'équilibre avec la perception est retrouvé. On voit moins intensément, mais on se souvient d'avoir vu.
Je compte bien rester éveillée, attentive au moindre signe de beauté.
Cette beauté qui me sauve, en me rendant la légèreté."
Attirée par les tons de la couverture et certaines illustrations, je m'étais promis de le débusquer en bibliothèque, ce qui fut fait.
Libres pensées...
Vous l'aurez vu en parcourant le blog, je suis loin d'être une experte en matière de BD/romans graphiques. Ma chronique du jour s'éloignera donc ostensiblement, je présume, de l'analyse que pourraient faire les aficionados, et je me contenterai de vous parler de mon ressenti, en tant que lectrice occasionnelle dans le domaine.
Dans La légèreté, Catherine Meurisse, qui était rédactrice à Charlie Hebdo, nous raconte la façon dont elle a vécu les attentats et les mois qui ont suivi.
Le témoignage qu'elle livre est intime, et nous fait vivre de nouveau les attentats, cette fois depuis un point de vue quasiment interne, puisque les victimes constituaient, d'une certaine manière, une famille pour l'auteur, d'où un traumatisme profond, d'une part dû à la perte violente, et d'autre part au hasard qui a fait qu'elle n'était pas présente sur les lieux lors du massacre, ayant eu une panne de réveil.
A la suite de l'attaque, elle sombre, inévitablement, dans un état qui s'apparente à la dépression, elle s'interroge, se débat, cherche désespérément une issue au mal-être qui la mine, Son séjour à la Villa Médicis la confronte à l'absence du syndrome de Stendhal qu'elle souhaitait ardemment provoquer.
Néanmoins, à mesure que le temps passe, elle laisse la place à la légèreté dans sa vie, celle qu'elle pensait disparue depuis le 7 janvier 2015.
L'auteur véhicule avec talent les sentiments multiples et parfois contradictoires qui l'accablent dans la période qui suit l'attaque, et qui disent le choc qu'elle subit de plein fouet, étant au plus près des rédacteurs assassinés, ses collègues, et bien davantage, ses amis de longue date.
Le graphisme est sublime, se prête avec précision à l'égarement, à la solitude, à la dépression qui se manifestent à travers les images d'un personnage qui se noie, qui fait une chute interminable dans le vide, qui se liquéfie soudain.
La légèreté dilue l'appropriation collective qui a été faite du massacre perpétré en janvier 2015, en disant la tragédie individuelle d'une rescapée, à laquelle il incombe de réapprendre à vivre, alors qu'il semble que sa vie se soit arrêtée. On trouve beaucoup de pudeur et de douleur dans le cheminement relaté par l'auteur, qui nous vont droit au cœur.
Pour vous si...
- Vous n'avez pas oublié le choc du 7 janvier 2015.
- Vous vous êtes parfois demandé ce qui se cachait derrière le syndrome de Stendhal.
Morceaux choisis
"A quoi bon chercher le syndrome de Stendhal? Finalement, je l'ai eu, mais à l'envers.
D'abord l'évanouissement intérieur, dû au choc de l'attentat, puis, au réveil, l'obsession de la beauté.
Une fois le chaos éloigné, la raison se ranime et l'équilibre avec la perception est retrouvé. On voit moins intensément, mais on se souvient d'avoir vu.
Je compte bien rester éveillée, attentive au moindre signe de beauté.
Cette beauté qui me sauve, en me rendant la légèreté."
Note finale
4/5
(excellent)
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