vendredi 17 mars 2017

Les délices de Tokyo, Durian Sukegawa

L'an dernier, j'ai été ravie par le film inspiré par le roman de Durian Sukegawa. Pour une fois, je vais donc à contre-courant, et découvre le roman après le film. 
Un seul mot d'ordre : vivent les dorayakis!


Libres pensées...

Sentaro vend des dorayakis qu'il fait lui-même dans une échoppe de Tokyo.
Un jour, une vieille femme, Tokue, se présente à lui et lui demande de l'embaucher. En dépit de ses réticences, Sentaro lui offre une chance, et découvre auprès d'elle les secrets de la pâte de haricot. Grâce à son talent, le commerce fleurit, jusqu'à ce qu'une rumeur se répande au sujet de Tokue, faisant fuir les clients, et obligeant bientôt Sentaro à se séparer d'elle à contre-cœur.

Je ne vous en dirai pas davantage, pour ne pas vous gâcher le suspense.
Les délices de Tokyo est un très beau roman, qui parvient avec brio à traiter de sujets graves, derrière l'apparence de la légèreté.
Car, ne vous en indignez pas, mais le sujet n'est pas réellement la pâtisserie japonaise.
Avec beaucoup de pudeur, l'auteur aborde la question de la stigmatisation sociale autour d'un phénomène historique précis, interroge les relations qui peuvent naître entre deux personnes solitaires et qui soudain semblent se "reconnaître", nous raconte leur égarement, et la façon dont leur simple rencontre va les orienter, les aiguiller et leur offrir comme un nouveau départ.

On se laisse bercer par la prose fluide, les effluves que l'on imagine, la chute des fleurs de cerisier. L'auteur sait convoquer une large palette de sentiments, qu'il nous fait visiter, et met dans la bouche de ses personnages (non pas des dorayakis, mais...) des mots d'espoir, malgré le sort dont ils sont victimes.

Une lecture douce et vibrante, qui vous donne envie d'ouvrir une épicerie japonaise, ou, à défaut, d'importer de Chine des sacs remplis de haricots rouges.
Vous connaissez un autre bouquin qui puisse se vanter de cet exploit?


Pour vous si...
  • Vous êtes un inconditionnel de la boulangerie Aki, rue Sainte-Anne.
  • Vous êtes sensible aux odeurs, aux couleurs, à la douceur de vivre.

Morceaux choisis

"D'après elle, c'était ainsi qu'on laissait reposer les haricots. Toutes ces techniques étaient inconnues de Sentaro. "C'est compliqué, tout ça", laissa-t-il échapper ; ce à quoi Tokue répondit : "C'est une question de courtoisie.
- Pour la clientèle?
- Non, Pour les haricots." "

"D'après elle, si on vivait dans l'espoir de l'entendre, peut-être cela se produirait-il un jour. Devenir ainsi des sortes de poètes était sûrement pour nous la seule façon de vivre, m'a-t-elle dit. Regarder uniquement la réalité donnait envie de mourir. Pour franchir la haie, la seule solution était de vivre comme si on l'avait fait."


Note finale
3/5
(cool)

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