Le Grand Prix des Lectrices m'a proposé en février un polar à la sublime couverture (voyez par vous-même ci-dessous), et comme je suis extrêmement superficielle, il n'y a rien qui puisse me combler davantage.
Libres pensées...
Une expédition norvégienne constituée d'amateurs émet un appel de détresse conduisant à l'intervention des secours. Knut, policier, se rend sur place, et constate que les chiens de l'attelage sont tous morts, à l'exception de l'un d'entre eux, et l'un des hommes semble très malade. Tandis qu'il est évacué, Knut demeure avec le reste de l'équipe, déterminée à mener à bien son projet et parvenir jusqu'au pôle Nord.
Le voici au coeur d'un huis clos angoissant, en pleine banquise, auprès d'hommes qu'il ne connaît pas et dont il apprend bientôt que l'un d'eux, au moins, a empoisonné les chiens et l'homme hospitalisé. Un autre danger le guette : il découvre bientôt qu'un ours blanc est sur leurs traces...
Etant d'un naturel peu emballé par les régions froides (par extension, ceci concerne aussi le ski), il va sans dire que je craignais le pire, en débutant la lecture de L'expédition.
Cette réserve a pourtant été graduellement annihilée, pour se transformer, pour finir, en franc engouement.
Pour rappel, les découvertes "polars" du Grand Prix m'ont pour l'instant laissée plutôt froide : Rêver a été un désastre, j'ai dû m'endormir douze fois sur Les disparus du phare, Tout n'est pas perdu était un poil glauque mais moins terne que ses prédécesseurs, Surtensions fonctionnait correctement mais demeurait un récit relativement mécanique, et Bondrée n'était...pas vraiment un polar.
Finalement, c'est encore le roman d'Hervé Commère, Ce qu'il nous faut c'est un mort, qui s'est le plus positivement détaché du lot.
L'expédition vient rejoindre le haut du panier, grâce à une ambiance anxiogène cultivée avec soin, des personnages nuancés et de nature à cultiver le doute quant à leurs intentions, et une trame habilement menée.
Les motifs cachés derrière les actes répréhensibles commis sont en outre intéressants, en ce qu'ils lèvent le voile sur le fonctionnement de telles expéditions, et nous permettent de sortir des schémas bien connus où le mari est coupable, ou alors un tiers dont l'identité double nous est révélée au terme de rebondissements invraisemblables censés fournir la dose d'adrénaline dont les auteurs sont persuadés qu'elle est l'ingrédient indispensable à tout bon polar.
Bien entendu, l'adrénaline existe dans L'expédition, et se concrétise notamment avec l'ours qui constitue une menace rôdant au-dessus (et sur les pas) de nos aventuriers, mais il m'a semblé que les raisons pour lesquelles les protagonistes persévéraient dans leur projet (= de rejoindre le pôle Nord) étaient réalistes et très humaines (ahhh, ce foutu besoin de réussite...).
J'applaudis donc l'entreprise de Monica Kristensen, qui est parvenue à m'immerger dans un univers auquel je suis habituellement hermétique voire réfractaire, sans que l'expérience ne vire aux regrets immédiats et profonds.
Pour vous si...
- Vous êtes tenté par l'envers du décor des expéditions nordiques (ou pas nordiques, d'ailleurs, ça marche aussi).
- Un polar écrit par une glaciologue ne peut que vous intriguer (et oui, on découvre de nouveaux métiers tous les jours).
Morceaux choisis
"Il était marié à Joséphine Diebitch, une femme beaucoup plus jeune que lui, ajouta Karsten. Elle l'a accompagné dans plusieurs de ses expéditions, mais n'a jamais été plus loin que son camp de base au Groenland. Ce qui lui valut quand même de nombreuses critiques dans la presse américain,e qui considérait qu'en agissant ainsi il manquait de professionnalisme. La plupart des gens estimaient en effet que les femmes n'avaient rien à faire dans les régions polaires." (ah, le sexisme appliqué à la géographie, un vrai plaisir. C'est bien connu, les femmes ont beaucoup plus à faire au soleil, comme se dorer la pilule et faire des lessives).
Note finale
4/5
(très bon)
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