mercredi 10 mai 2017

Rodéo, Boris Fishman

Je vous parle aujourd'hui d'un roman américain dont la traduction française vient tout juste de paraître, Rodéo, dont le titre promet une ballade que je projetais pas très loin du mur à naître cher à Donald, ce grand visionnaire. 


Libres pensées...

A mon grand damn, Rodéo se déroule entre le New Jersey et le Montana, et non dans le Sud profond dont on aime à se moquer (à raison) à la première occasion.

Alex et Maya, Juifs immigrés de Russie, sont les protagonistes du roman. Ilsont adopté Max peu après sa naissance, et, à 8 ans, l’enfant est devenu sauvage et imprévisible. Ces derniers,  convaincus que les parents génétiques de Max auront une explication pour éclairer le comportement du petit garçon, décident de partir à leur recherche, eux qu’ils n’avaient rencontrés qu’une fois, et qui les avaient seulement priés de ne jamais laisser Max faire du rodéo.

Bien entendu, sur leur route, ils font la rencontre d'autres personnages, qui les éloignent parfois de leur but, et viennent semer le trouble dans leur foyer précaire.

Rodéo m'a rapidement fait penser à la prose d'autres auteurs américains contemporains, Julia Pierpont pour la plus récente, mais aussi Meg Wolitzer ou Jonathan Franzen, qui restituent le quotidien de la classe moyenne américaine sans prendre parti, laissant le lecteur libre de ses opinions et de ses réactions à l'égard de leurs personnages et de leur intrigue.

Boris Fishman fait avant tout le portrait d'une femme, Maya, confrontée à ses démons, à des angoisses profondes, depuis ses interrogations identitaires, et jusqu'à son obsession de trouver des réponses, des solutions à une situation face à laquelle elle est démunie : le comportement parfois erratique de son enfant.

L'intrigue s'articule autour de retours en arrière permettant de comprendre les fondements du couple formé par Alex et Maya, la place des parents d'Alex dans leur vie, mais aussi des secrets qui prennent une place importante dans leur quotidien (notamment, la stérilité de l'un d'entre eux).

Le voyage entrepris pourrait sembler initiatique, dans la mesure où il s'agit pour Alex et Maya d'aller chercher des réponses, et un renouveau, à cela près qu'il n'apporte pas les résultats espérés.
Le personnage de Maya, paradoxal, peut faire naître l'indulgence comme l'incompréhension, mais il est difficile en tout cas de lui être insensible, ce qui signe pour moi la réussite de Fishman.


Pour vous si...
  • Vous êtes persuadé qu'il existe à toute chose une explication rationnelle, et vous employez à la trouver en toutes circonstances.
  • Vous vous intéressez au sujet de l'adoption dans la littérature.

Morceaux choisis

"En Amérique, l'adoption était dans la nature des choses, et les corps américains s'adaptaient à ce précepte culturel. Ce pays autorisait quasiment ses citoyens à être stériles."

"Madame, dit-elle, s'avançant vers Maya - le sang de Maya se glaça devant la solennité de l'adresse. C'est votre enfant. Vous êtes sa mère. Vous l'élèverez comme vous estimez qu'il doit l'être. Mais j'ai une requête à vous faire. C'est pour ça qu'on a fait plus de trois mille kilomètres. Je voulais vous le demander droit dans les yeux. Ne laissez jamais mon bébé faire du rodéo."

"Maya crevait d'envie de se donner du plaisir. Elle se tourna contre le mur, passa les doigts entre ses jambes, et frotta frénétiquement, l'eau lui cascadant sur les épaules et dégoulinant entre ses seins. Malgré l'avidité avec laquelle elle s'échina, son orgasme était aussi loin que le New Jersey."

"_J'ai voulu venir ici parce que je me disais qu'il verrait son lieu de naissance et que cela déclencherait quelque chose, dit Maya. Mais il ne s'est rien passé. Max veut rentrer à la maison."

Note finale
3/5
(cool)

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