mercredi 17 mai 2017

Un instant de grâce, Clémence Boulouque

Entre deux avions (on croirait que je me la pète, en vrai c'est sans doute mon seul déplacement pro de l'année, alors je vous serais gré de me laisser me la péter illusoirement), j'ai pu glisser un petit roman au titre engageant, dont je ne savais rien de plus...


Libres pensées...

L'auteur revient sur un épisode de la vie d'Audrey Hepburn, la rencontre organisée par son époux Mel Ferrer avec son propre père, Joseph, qu'elle n'a pas vu depuis des années.
L'occasion d'évoquer sa relation avec lui, et les secrets qui ont forgé sa personnalité et son parcours d'idole cinématographique.

Ma toute première réaction à la lecture de la quatrième de couverture a été tout à fait enthousiaste : quel sujet de choix! Quelle brillante idée! D'autant que le Joseph semble être un personnage pas des plus sympathiques (il est fait mention d'allégeance au fascisme, même si, ces jours-ci, la tendance semble avoir le vent en poupe), et que le contexte historique, combiné à l'image renvoyée par Audrey Hepburn, ne peuvent qu'ajouter à l'intérêt de l'intrigue, et orienter vers une réflexion autour de la place de la femme dans la société dans les années 50-60 (une des réflexions majeures du livre grandiose de Jaenada, La petite femelle, mais je m'égare, ce n'est ni le pays ni tout à fait l'époque, en clair il est évident que je me saisis de la moindre opportunité pour parler de Philippe, ça crève les yeux).

Malheureusement, en dépit de l'objet du récit et de ses innombrables possibles, la lecture a été fastidieuse.
En cause?
La prose, à laquelle je n'ai pas du tout adhéré, et qui a formé un regrettable frein de bout en bout. Cette dernière m'a paru artificielle, verbeuse, peu incisive, elle a pris le pas sur l'intrigue pour la vider de sens, c'est en tout cas l'impression qui m'a habitée en lisant.

A titre d'exemple, j'ai souvent été confrontée à des phrases multipliant les mots dont la signification était proche, comme si l'auteur tentait d'approcher le sens sans vouloir prendre parti, préférant allonger les phrases, accoler des mots qui entraient presque en rivalité au lieu de se compléter.

De même, ces phrases m'ont donné le sentiment d'être écrites sous l'impulsion d'une volonté de faire de la poésie, comme si l'auteur s'écoutait écrire, et que le sens se diluait derrière cette ambition inaccomplie.

De grâce, je n'en ai donc guère perçue, et la déception a été cruelle.

Je souhaite de tout cœur que d'autres lecteurs la discerneront là où je n'ai vu que bavardage affété.
En ce qui me concerne, c'est l'un des no-no du mois.


Pour vous si...
  • Vous cherchez une lecture brève. Un instant de grâce compte 120 pages, au mieux vous démentirez mes propos accusateurs, au pire, vous n'aurez perdu qu'une petite heure de lecture. 

Morceaux choisis

"La danse lui avait appris à maquiller ses efforts et ses émotions mais aussi à déchiffrer son corps. Si les stimuli mauvais s'insinuent et gravent la mémoire, c'est que la douleur agit pour préserver l'espèce, par ses lancinants messages : ne pas appuyer davantage sur un nerf à vif, un tissu déchiré, identifier les dangers et les fuir. L'idée même d'une douleur capable de vous protéger était de celles qui bouleversent les certitudes. Mais les certitudes semblaient plus faciles à culbuter que les souvenirs."

"Au matin, sans combat et sans bruit, dans les interstices des volets clos, défilaient les troupes nazies, la capitulation, l'occupation."

 "Une enfant regardait une enfant.
Une vivante regardait une morte, et en elle tant d'autres."


Note finale
2/5

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