Après - notamment - La chambre des officiers et La malédiction d'Edgar, Marc Dugain revient avec un roman qui nous emmène outre-Atlantique, du côté du clan des Kennedy.
Libres pensées...
Le narrateur, universitaire, décide de dédier sa thèse à la dynastie des Kennedy, et en particulier à l'assassinat de Robert Kennedy, jeune frère de John Fitzgerald, et au lien qui existe selon lui entre ce meurtre et celui de ses propres parents, alors qu'il était enfant.
Appretez-vous, avec ce roman, à vous plonger dans le dédale des services secrets américains, et dans la théorie du complot ! Le protagoniste intrigue, lui qui nous parle des Kennedy avant d'évoquer le drame qui a marqué son enfance, pour finalement nous dire qu'il pense les deux liés, et qu'il sait que son directeur de thèse le croira fou, lui qui a cette lucidité-là.
On explore donc, à ses côtés, l'assassinat violent de Jack et le coup porté au clan Kennedy, à son jeune frère Robert en particulier, qui se rapproche de Jackie, lui est un soutien, et décide à son tour de reprendre le flambeau de son frère, de porter les couleurs des démocrates, et qui sait, peut-être, se présenter à son tour à la présidence des Etats-Unis.
Peu à peu, les liens dont le narrateur avait l'intuition se dessinent, sans que l'on sache pour finir dans quelle mesure ils sont réels, ou forcés par lui.
Avec ce roman foisonnant, Marc Dugain nous entraîne dans le tourbillon de l'histoire américaine récente, où l'on croise des figures dont on le sait coutumier (Hoover rode dans le coin, comme vous vous en doutez, de toutes façons dès que ça sent le complot, on voit ses guêtres qui se ramènent), au moyen d'un écriture précise, dont on pourrait croire qu'elle reflète la rationalité, le raisonnement logique et froid du narrateur qui ne se laisse pas compromettre par ses propres émotions, et analyse les faits avec distance... A moins que ce ne soit qu'un leurre.
Pour vous si...
- Comme l'auteur, les Kennedy vous fascinent
- Vous ne vous laissez pas impressionner par les faux-semblants
Morceaux choisis
" "L'étoile qui brillait sans chaleur" aux dires d'une de ses maîtresses est dans cette boîte, glacée et meurtrie. Son corps sans vie aux prises avec la raideur cadavérique peut révéler des secrets, et les hommes qui s'affairent autour du cercueil pour le conduire à la salle d'autopsie de l'hôpital naval de Bethesda le savent. L'autopsie est une forme légale de viol. La société s'octroie le droit de souiller un corps, de le torturer pour le faire parler."
"L'oeuvre d'un auteur devait-elle participer de sa propre destruction pour prendre de la valeur ? Je ne concevais pas d'entreprise littéraire sans un engagement pour l'élargissement du champ de conscience, contre toutes les forces obscures conjurées pour son rétrécissement en vue de faciliter l'exercice du pouvoir, sans une contribution même minime à l'édification humaine au-delà de la simple satisfaction esthétique d'une langue fluide au service d'un manque de pensée avéré."
"Le dilemme est presque trivial. D'autant qu'il se le répète, il décevra forcément ses électeurs car l'essence même de la démocratie est de créer des espérances que chacun sait inaccessibles et qui se révèlent l'être immanquablement, comme si la volonté n'était qu'une falsification de l'esprit commun. Le peuple, ses enfants, la mort : son esprit épuisé se débat dans une pièce triangulaire dont il ne distingue pas l'issue."
Note finale
3/5
(Cool)
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