jeudi 15 juin 2017

Voyages en absurdie, Stéphane De Groodt

J'ai vu De Groodt il y a quelques mois, dans une pièce drôlissime où il donnait la réplique à Bérénice Béjo, Tout ce que vous voulez.
Comme j'ai beaucoup ri, et que j'en ai gardé quelques phrases tout à fait spirituelles ("J'avais l'habitude de décevoir, elle avait l'habitude d'être déçue. On a fini par se mettre d'accord" ou encore "C'est rare de tomber amoureux. On devient pas indispensable à quelqu'un si souvent"), je m'étais naturellement promis de me renseigner sur le monsieur, dont j'avais souvenir d'avoir vu un ouvrage un jour dans les mains d'une collègue. 
Après quelques mois d'amnésie (typique), l'idée m'est revenue, et je me suis donc procurée ses Voyages en absurdie.


Libres pensées...

Quelle merveille, quel régal absolu, quelle impertinence!
En lisant les chroniques de Stéphane De Groodt, je songeais à certaines subtilités qui devaient passer complètement inaperçues à l'oral, et qui font néanmoins le sel de nombreux passages...

Ces voyages en absurdie se savourent, s'apprécient, on y revient le cœur joyeux, pour découvrir des niveaux de lectures que l'on avait manqués la première fois, et rire sans se contenir tant l'humour est multiple et toujours bienveillant (ou presque).

Je pourrais vous faire de longs discours, mais je pense que, dans le cas présent, rien ne parlera mieux que les extraits ci-dessous, auxquels je laisse la charge de vous convaincre.
Soit vous adorerez, soit vous adorerez.

En tout cas, la conclusion qui s'impose est la suivante : un gros point pour l'humour belge.


Pour vous si...
  • Vous avez l'ombre d'un soupçon de bribe de sens de l'humour (belge ou non). 

Morceaux choisis

"[Mitt Romney]
En me voyant, elle (sa femme) me saute au cou, m'embrasse et me serre chaleureusement la main en me disant qu'il faut absolument voter pour son mari car les démocrates sont prêts à tout pour le faire perdre, allant même jusqu'à fabriquer des boules anti-Mitt pour préserver la couverture sociale!
Je lui fais remarquer que ce n'est pas étonnant qu'on lui tape dessus car des deux candidats, le plus nanti c'est Mitt...
[...]
C'est la goutte qui a fait déborder la casserole, il en a marre Mitt!! Il se met alors dans tous ses états, cinquante, quand même, s'excite au point de faire un malaise, et paf, le Mitt s'effondre!
Heureusement, j'ai pris des cours de secourisme avec Adriana Karembeu, donc je déboutonne sa chemise pour lui suçoter le téton, mais rien n'y fait...
A défaut de revenir à lui, je décide de revenir à moi en me barrant vite fait, on the triple vitesse, conscient d'avoir dépassé les bornes in the USA..."

"[Mahmoud Ahmadinejad]
Alors pour bien comprendre l'Iran il faut maîtriser son histoire, du coup j'ai rencontré Reza Pahlavi, le fils de feu le Shah et de la chatte afin de parfaire ma culture iranienne. Reza, qui n'a Pahlavi facile, me parla de cet Iran qu'il ne reconnaît plus et que moi-même je ne reconnaîtrais pas. Ce qui est assez logique puisque je ne le connaissais pas à la base...
Une fois à Téhéran, ou attéhéri comme on dit là-bas, un guide coiffé comme Diana Ross, un guide Suprême... des Dieux, m'emmena jusqu'au palais présidentiel où Mammouth vint m'accueillir avec un sourire radium. En guise de présent, je lui remis le tube de Carla. Non pas "C'est quelqu'un qu'Ahmadi", je l'ai déjà faite, mais plutôt son tube de mascarade... Plus approprié! Vu l'heure, il me propose alors de manger sur le pouce. Je lui réponds que même en Belgique on mange sur des chaises, et qu'il n'est pas question de me mettre un pouce où que ce soit et surtout pas là..."

"[David Beckham]
A peine atterri, un taxi pour Tobrouk fit demi-tour afin de me conduire vers le Palais où je fus accueilli par le fameux Cheikh en blanc. Vu que je n'avais pas dîné, il m'offra deux Doha coupe-faim avant de me meuner, du verbe memeuner, en direction de sa cave à vins : l'Emir Winehouse...où nous attendait la nouvelle recrue du PS-G.
Après deux heures de marche, oui, il voulait passer par le salon, nous descendîmes au soûl-sol Allah rencontre de David, qui nous attendait avec un ballon de rouge et où dans un coin Posh trônait!"

"[Ingrid Betancourt]
Qui dit FARC dit attrapes, j'ai donc rencontré celle qui a partagé leur vie des années durant, sans jamais avoir été nominée une seule fois. Je veux bien sûr parler de la gagnante de "Je suis une célébrité, sortez-moi de là" : Indrig Betancourt."

"[Gérard Depardieu]
Je le rassure et profite de l'avoir sur la main, ça fait mal... pour lui demander quel rôle, à part le sien, l'a le plus marqué dans sa carrière. Jean de Florette? Cyrano? Danton? "Danton quoi?" me demande-t-il."

"[Angela Merkel]
Nous poursuivons sur la culture. Et là voilà qui, pour nous faire chanceler, déballe une liste de personnalités allemandes telles que Goethe, Kant ou une certaine Pina Bausch, qui après le balai s'est reconvertie dans les aspirateurs et les lave-vaisselle. En parlant de balai, j'en profite pour demander à Angela ce que Sarkozy fout là. Elle m'avoue avoir un peu de mal à s'en débarrasser et que surtout elle s'en veut de lui avoir apporté sa gaine en 2012. Je lui précise alors qu'il eût été plus opportun de lui apporter son soutien car où y a de la gaine.. ben, y a pas de plaisir."

"[Nicolas Sarkozy]
Je profitai alors qu'on soit au pied du mur pour demander à Nicolas si je pouvais aborder les questions politiques pendant le repas. Il me dit qu'en Israël c'est très impoli de mettre Likoud sur la table et qu'il serait préférable, voire impératif que je la ferme.
Il avait raison, j'étais à deux doigts de commettre une erreur de genèse.
Pourtant si bref et si-concis d'habitude, je la ferme. Là je n'avais pas le Shoah. Une fois à table, terre promise, terre due, c'est comme ça qu'on dit là-bas, je reste muet comme une carpe, ou comme un carp'accio dans le cas présent, c'est dire si j'ai l'air fin, et me contente d'acquiescer quand on me dit quelque chose."

Note finale
5/5
(coup de cœur)

1 commentaire:

  1. Cher Romanthé, merci pour ce commentaire qui me touche. Stéphane De groodt

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