vendredi 22 septembre 2017

Miniaturiste, Jessie Burton

Premier roman d'une jeune auteur britannique que les éditeurs se sont arrachés, Miniaturiste me faisait du pied depuis un moment...


Libres pensées...

En 1686, Petronella a dix-huit ans lorsqu'elle quitte sa province et sa famille pour rejoindre son mari, Johannes Brandt, à Amsterdam. Accueillie par la sœur de ce dernier, Marin, et les domestiques Cornélia et Otto, elle éprouve d'abord une grande solitude, et souffre de la distance affichée par Johannes, souvent absent pour affaires. Lorsque ce dernier lui offre une maison de miniatures comme cadeau de noces, Nella est charmée par la délicatesse des figurines, et entreprend de la meubler en requérant les services d'une miniaturiste. Mais bientôt, elle commence à recevoir des figurines non sollicitées, qui dévoilent peu à peu les secrets bien gardés de la famille Brandt...

Difficile de croire que Miniaturiste est un premier roman, tant le rythme et la structure narrative sont maîtrisés! Ce livre est de ceux qui ne se lâchent pas une fois la lecture entreprise, grâce à plusieurs effets qui se conjuguent : un mystère qui met en place une atmosphère oppressante et intriguante, des relations de famille étranges où les secrets se révèlent petit à petit, et une protagoniste au regard naïf, envers laquelle les lecteurs ressentent immédiatement de l'empathie.

Le cadre historique est en outre passionnant : Amsterdam à la fin du XVIIe siècle, avec l'essor de son commerce, ses mœurs très croyantes, le poids de la religion et des apparences. On imagine facilement des intérieurs ressemblant aux peintures de Rembrandt (un peu précoces néanmoins, dans la mesure où le peintre meurt à Amsterdam en 1669), ou de Vermeer, tissés de lumière et d'obscurité, dans un clair-obscur propice aux non-dits et à la dissimulation. Ce contexte aurait sans doute pu être encore davantage développé, mais l'ambition du roman n'est pas historique, et est plutôt de l'ordre du divertissement, c'est en tout cas mon sentiment une fois la lecture achevée.

Les mœurs, en question, sont un étau qui étouffe les personnages de Miniaturiste, qu'il s'agisse de Johannes ou de Marin. Quant à Nella, qui serait sans doute naturellement plus conventionnelle dans ses goûts et ses aspirations que la famille Brandt à laquelle elle est désormais associée, elle s'interroge peu à peu sur sa propre vie, celle de ses parents, et les choix qui s'offrent à elle, la mesure dans laquelle elle peut effectivement exercer sa liberté, nourrir des envies et des projets différents de ceux attendus d'une épouse à l'époque qui est la sienne.

Les développements familiaux répondent à l'élan de curiosité créé chez le lecteur, là où l'intrigue liée à la miniaturiste en question s'essouffle peu à peu. J'ai par moment eu le sentiment que l'auteur avait cherché à courir plusieurs lièvres à la fois, ce qui donne de la consistance à son livre, mais peut peut-être décevoir ceux qui mordront à son aspect mystérieux, et espéreront une résolution semblable à celle qu'offrent les thrillers.

Quant à l'écriture, elle est tout à fait secondaire, fluide sans être sophistiquée ni même singulière, son ambition est de servir l'intrigue, sans créer d'aspérité, et en cela elle atteint tout à fait l'objectif qui lui est fixé.

Miniaturiste offre donc une lecture distrayante, qui effleure certains sujets de fond en lien avec une époque où les convenances étaient le ciment de la société.

Pour vous si...
  • Vous êtes un adepte du précepte : "plus c'est petit, plus c'est mignon!"

Morceaux choisis

"Marin descend lentement vers Nella, au bas de l'escalier, une marche après l'autre, avec une étrange précision. "Savez-vous ce que Johannes me disait? demande-t-elle, le venin dans sa voix tranchant l'air hivernal au point que Nella en a la chair de poule. "La liberté est glorieuse. Libère-toi, Marin! C'est toi qui forges les barreaux de ta cage." C'est très bien de se libérer, mais quelqu'un en paie toujours le prix."

"L'amour a changé de forme, un rayon de soleil qui parfois obscurcit le cœur. Apparemment, Marin considère que le mariage implique de renoncer à quelque chose, alors que, pour tant d'autres femmes - y compris ma propre mère, se dit Nella -, c'est le seul moyen d'acquérir de l'influence."

"En échange de leurs lettre, la miniaturiste leur a donné la force de croire en elles-mêmes. Elles ont le pouvoir de déterminer leur existence et peuvent choisir de l'échanger, de le conserver ou d'y renoncer."

Note finale
3/5
(cool)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire