Et voilà le tant attendu Victoria Hislop de l'été! Cela fait quelques années que j'aime agrémenter mes vacances d'un de ses romans, où l'on a toujours le plaisir de découvrir l'histoire d'un pays à travers l'approche divertissante d'une histoire de famille, car c'est un peu la marque de fabrique de l'auteur. Voyons voir ce qu'il en est lorsqu'elle s'attaque à Chypre!
Le synopsis
En 1972, à Famagouste, en Chypre, Aphroditi est l'épouse de Savvas, et régente à ses côtés l'hôtel Sunrise, avec l'aide de Markos, avec lequel elle se montre distante, et qui se comporte comme le bras droit de son mari.
Dans la ville, grecs et turcs vivent côte à côté dans une relative harmonie, jusqu'au putsch grec conduisant à l'invasion de l'île par la Turquie, soucieuse de protéger sa minorité locale. Famagouste est bombardée, et la population s'enfuit, à l'exception des familles Georgiou et Ozkan, qui se cachent chez elles et tentent de survivre dans une ville devenue déserte.
Mon avis
Ce qui est à la fois appréciable et regrettable avec Victoria Hislop, c'est que ses romans ne sont jamais très surprenants : les ingrédients sont toujours les mêmes, et nonobstant, cela fonctionne! Dans une certaine mesure, en tout cas.
L'intérêt majeur d'Une ville orpheline réside dans l'épisode du putsch grec et l'invasion turque relatés dans une version romancée. Avec un certain talent, l'auteur parvient à faire vivre les faits et à leur donner du relief, suffisamment en tout cas pour intéresser un public a priori plutôt attiré par la distraction des intrigues relationnelles.
Comme avec la Crète, la Grèce et l'Espagne, les événements se succèdent et prennent une certaine résonance, étant donné que l'on pressent l'impact qu'ils peuvent avoir pour les protagonistes rencontrés dès les premières pages, et auxquels on s'attache habituellement.
Le bémol dans ce dernier roman tient justement à ce que, selon moi, les personnages sont peut-être plus distants que dans ses précédents ouvrages : le trio formé par Savvas / Aphroditi / Markos est, pendant la première partie du roman, au cœur du récit, puis l'on se désintéresse graduellement d'eux pour se fixer sur les familles Georgiou et Ozkan, le lien étant fait par Markos, qui est le fils Georgiou. Si les membres des deux familles se révèlent touchants, j'ai trouvé peu de consistance au trio principal : Savvas se définit avant tout par son obsession pour les affaires et la rentabilité économique, les actes de Markos sont les seuls permettant véritablement de comprendre sa personnalité, et ses affres intérieurs, s'il en est, nous sont occultés, seuls les états d'âme d'Aphroditi nous sont accessibles, ce qui donne du relief aux péripéties rencontrées.
Hüseyin, qui devient peu à peu central, m'a paru à peine ébauché, on suit ses allers et retours, sa suspicion grandissante à l'égard de Markos, mais je ne suis pas parvenue à m'inquiéter de son sort.
C'est assez dommage, car l'intrigue qui se noue entre Aphroditi et Markos en particulier est somme toute intéressante, et sort des sentiers battus, ou à tout le moins, déjoue ce à quoi l'on aurait pu s'attendre.
De bonnes intentions donc dans ce nouveau récit qui a le mérite de sensibiliser le lectorat à un épisode peut-être méconnu de l'histoire chypriote, et qui présente certaines des qualités déjà éprouvées dans les autres romans de l'auteur, à l’instar de la structure et du rythme, qui portent le lecteur sans trop d'efforts. Néanmoins les protagonistes m'ont paru manquer d'aspérités et du piquant motivant une proximité et une sorte d'attachement.
Une ville orpheline demeure toutefois une lecture toute indiquée pour accompagner le farniente estival.
Pour vous si...
- Vous êtes un inconditionnel de Hislop
- L'histoire de Chypre vous intéresse
Morceaux choisis
"Chypre était pareille à une feuille de vigne : elle paraissait verte et opaque, cependant il suffisait de l'étudier à contre-jour pour découvrir qu'elle était parcourue de veines. La menace infiltrait l'île, et si la promesse de sensualité ensoleillée continuait à attirer des visiteurs, des complots étaient ourdis derrière les portes closes."
"Chypre était un sujet de grande nostalgie pour eux tous. Les souvenirs de leurs existences merveilleuses restaient vivaces. L'air, le parfum des fleurs, l'arôme des orangers. Aucune de ces choses ne pourrait plus jamais être aussi douce."
Note finale
2/5
(pas mal)
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