jeudi 18 août 2016

Les heures silencieuses, Gaëlle Josse

Gaëlle Josse doit être sur ma PAL depuis deux ou trois ans, j'étais donc particulièrement enthousiaste à l'idée d’œuvrer en faveur de sa réduction (de la PAL, pas de Gaëlle bien entendu).
Et j'ai choisi pour cela Les heures silencieuses, son premier roman.


Le synopsis

A partir d'un tableau de De Witte, l'auteur explore la vie de Magdalena, épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft.
Le roman raconte ses souvenirs, son mariage, son quotidien, ses états d'âme. 

Mon avis

Ce premier roman m'a séduit de par ses nombreuses qualités, mais avant tout, du fait de son originalité : entreprendre de relater la vie d'une femme à partir d'un tableau où elle est représentée de dos, voilà qui est audacieux et intriguant!

Et lorsque l'auteur parvient à décrire avec précision le contexte de l'époque et la psychologie de sa protagoniste, il y a de quoi être soufflé.

En effet, on devine derrière l'écriture un travail de documentation qui transparaît dans la façon dont sont détaillés le commerce d'antan et les occupations professionnelles de Pieter, le mari de Magdalena.
Cette dimension dans le récit est tout à fait intéressante, au-delà de la crédibilité évidente qu'elle apporte à ce qui, au demeurant, pourrait se contenter d'être un exercice de style.

Car le style, justement, serait suffisant à justifier l'oeuvre : très littéraire, il est empreint d'une richesse de vocabulaire et d'un sens poétique qui se décline merveilleusement dans les scènes décrites par Magdalena, narratrice du roman, scènes d'intérieur ou d'extérieur.

Enfin, l'introspection réalisée par ce personnage est également très bien menée, révélant l'attachement à l'époux dont la protagoniste interroge le caractère amoureux, ou, à tout le moins, passionnel, lorsqu'elle constate l'attrait qui existe entre sa fille Elisabeth et Nicholaes, qui ne la laisse pas elle-même indifférente. Le lien qui la lie à ses deux filles, et son rôle dans le foyer, sont également disséqués, donnant de la profondeur au récit, et permettant de se représenter ce que pouvait véritablement être la vie d'une femme comme Magdalena à l'époque évoquée, tout comme ses aspirations et ses pensées secrètes.

Beaucoup de subtilité, donc, dans ce roman court mais impeccable, qui traduit, à mes yeux, un talent littéraire incontestable.

Pour vous si...
  • Vous êtes séduit par l'idée d'une littérature puisant dans la peinture

Morceaux choisis

"Dans la joie comme dans la peine, la musique demeure notre campagne. Elle embellit ce qui peut l'être, et console, lorsque cela est possible. Mais des trop grandes peines, elle ne distrait pas. La vraie tristesse s'accompagne de silence, mais c'est autre chose."

"En si peu de temps une destinée s'engage, et de cet instant dépend tout le cours d'une vie."

"Avec le temps, ce sont nos joies d'enfant que nous convoquons le plus facilement dans nos souvenirs, elle nous accompagnent avec une rare fidélité. Retrouver ce que nous avons éprouvé dans ces moments demeure une source de félicité que nul ne pourra nous ravir. Le cours de nos vies est semé de pierres qui nous font trébucher, et de certitudes qui s'amenuisent. Nous ne possédons que l'amour qui nous a été donné, et jamais repris."


Note finale
3/5
(cool)

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