mercredi 1 juin 2016

Crans-Montana, Monica Sabolo

Crans-Montana distillait comme une effluve envoûtante, de par son synopsis et l'enthousiasme qu'avait fait naître en moi la lecture du premier roman de Monica Sabolo, Tout cela n'a rien à voir avec moi.
Je nourrissais l'espoir secret de retrouver ce cachet particulier éprouvé dans son premier roman (une ambition folle, quand je songe à l'aversion naturelle et profonde que j'ai de tout temps ressenti pour le ski). Je partage donc aujourd'hui ce qu'il en a été.


Le synopsis

A Crans-Montana, plusieurs adolescents sont fascinés par la bande des trois C, Chris, Charlie et Claudia, ces jeunes filles comme eux de bonne famille, qui leur semblent irréelles de beauté et de charme, et surtout, hors d'atteinte.
Les années passent et la vie les affecte, elles rencontrent comme tous des épisodes difficiles ; mais en dépit des ans, elles gardent sur ce groupe de garçons qui les adulent de loin une emprise indéniable, tandis que la station se transforme, et que la tragédie guette.

Mon avis

Crans-Montana s'est révélée être une lecture en demi-teinte, alternant l'enthousiasme et un sentiment proche de la déception.

La première partie du roman pose le cadre, et l'on appréhende la vision déformée, empreinte de fascination, que les adolescents portent sur les trois jeunes filles.

L'auteur restitue habilement une ambiance où l'argent et l'image sociale sont primordiaux, on se figure très rapidement le milieu dans lequel on se trouve et qui, s'il semble garantir aux adolescents un avenir radieux à l'abri de toute forme de besoin, constitue également un carcan.

Cette impression se confirme lorsque, par la suite, on retrouve les mêmes personnages des années plus tard, évoluant toujours dans ce même environnement où chacun est connu, et dont nul ne s'échappe vraiment.

Assez rapidement, l'action vient à manquer, se mêlent l'étouffement d'une part et de l'autre, l'étrangeté qui émane de ce pouvoir qu'exercent les trois C sur leur entourage, ou pour le moins sur les garçons qui les observent de loin.

L'alternance des narrateurs permet d'apporter de la matière, de découvrir une autre facette de ces protagonistes, et notamment, de se placer depuis le point de vue de chacune des filles, cependant cela a aussi pour effet de les démystifier. Le voile est alors levé sur certaines de leurs fragilités, mais aussi, en creux, sur le fait qu'elles sont loin d'être aussi intéressantes que ce que les garçons s'imaginent.

La sécheresse de la vie l'emporte, le dénouement ne surprend pas vraiment, car le roman entier semble converger vers une issue que l'on devine. 
En prime, les dernières pages dédiées à Valentina, la fille de Claudia, et notamment le souvenir qu'elle exhume, rappelle très précisément les dernières pages de Tout cela n'a rien à voir avec moi, ou une révélation très similaire clôt le roman. Ce constat concourt au trouble général, si bien que la lecture ne m'a laissé qu'un sentiment de malaise.


Pour vous si...
  • Le sort de la jeunesse dorée (qu'elle soit française ou italienne) vous préoccupe et vous émeut
  • Vous croyez mordicus que les garçons qui n'ont aucun succès à 15 ans doivent tous miser sur leurs 30 ans.

Morceaux choisis

"Elles s'asseyaient dans l'herbe humide, sur des tissus indiens - même leurs tissus étaient inouïs, aucun d'entre nous n'en avait jamais vu de semblable - et elles buvaient du Fanta en bouteille, à la paille, leurs peaux se détachant avec violence dans le bleu de l'été."

"Nous nous moquions de la menace communiste, nos fantômes étaient ailleurs. Cet hiver-là, il se mit à neiger presque sans discontinuer pendant des jours, et Crans-Montana se mit à ressembler à une île, crémeuse, inquiétante. Les trois C semblaient avoir disparu. Nous ne les croisions plus, on aurait dit qu'elles vivaient sous la surface de la terre, dans des caves où tout pouvait arriver."

"Quand Chris avait fini par lâcher prise, elle aussi, et que la vie avait semblé s'éteindre, d'un seul coup - c'était arrivé presque du jour au lendemain, comme une migraine après une fête, qui ne s'était plus dissipée - il lui sembla que leur jeunesse s'était dissoute, à la façon des comprimés effervescents qu'elle regardait fondre dans l'eau, ces milliers de bulles qui jaillissaient, vibrantes, vers la surface, un feu d'artifice pétillant et puis, plus rien."


Note finale
2/5

2 commentaires:

  1. Ta description du roman me fait un peu penser à Virgin Suicides et la fascination que les 4 soeurs exercent sur les garçons du coin... Je le lirai mais je ne suis pas sûre d'être emballée :)

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  2. C'est exactement ça!! J'y ai retrouvé ce malaise étrange et oppressant... J'ai hâte de savoir ce que tu en penses après lecture!

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