Anaïs Jeanneret était, il y a quelques jours, dans La Grande Librairie, émission chère à mon cœur, comme vous le savez fort bien. L'évocation de son dernier roman, Nos vies insoupçonnées, a été suffisamment convaincante pour me conduire à l'acquérir. Quand on y pense, quels fulgurants effets que ceux du marketing, ce fascinant prodige moderne.
Le synopsis
Une petite fille se cache dans une armoire pour suivre la classe de Madame Jinkerson. Une femme mûre quitte son époux insipide, commence enfin à vivre sa vie, et part à la recherche de son amour d'antan. Lequel a vécu des années dans l'ombre de cette romance avortée, terminée trop tôt par celle qui est restée pour lui la femme de sa vie, jusqu'à ce qu'une rencontre opportune le détourne enfin de ses regrets. Le roman alterne des bribes de vies de plusieurs protagonistes, que tout sépare au demeurant, et qui pourtant se croisent.
Mon avis
Au risque de vous paraître indûment romanesque, voire mièvre, je vais tenter une comparaison audacieuse (ou pas).
A mon sens, il en va des livres comme des parfums : il est tout à fait possible d'en identifier les saveurs, les composantes, les notes, de manière la plus factuelle qui soit.
Toutefois, il y a dans la relation qui nous lie au livre comme au parfum quelque chose qui relève de la séduction, et fonctionne ou ne fonctionne pas, sans pour cela que l'on puisse toujours bien mettre les mots dessus : c'est une affaire de cœur.
Dans le cas de Nos vies insoupçonnées, malheureusement, le cœur n'y était pas, et le charme n'a pas opéré.
Objectivement, l'intrigue disposait des ingrédients pertinents pour attiser mon intérêt, les idées étaient bonnes, mais le traitement m'a laissée résolument froide, et n'a pas provoqué en moi la moindre émotion, quelle qu'elle soit.
L'alternance des protagonistes et de leurs histoires permettant d'esquisser peu à peu un tableau général était pourtant habile, leurs liens se dessinant progressivement, maintenant ouvertes des interrogations du lecteur. L'écriture n'est pas désagréable, et peut même, je pense, paraître tout à fait plaisante à d'autres lecteurs. Malheureusement, aucun des effets employés ne m'a touchée, et je suis restée complètement hermétique à ce roman.
Le même hermétisme que je ressens depuis toujours face à Poison de Dior, par exemple, ou, plus récemment, Invictus de Paco Rabanne. Comme je vous disais, c'est une affaire de cœur, de celles qui ne se contrôlent pas.
Pour vous si...
- Vous vous arrosez de Poison ou d'Invictus tous les matins
Morceaux choisis
"Ma seule certitude était que je n'étais pas amoureuse de Laurent. Mais j'avais considéré ma trahison envers l'homme qui occupait mon cœur comme suffisamment impardonnable pour la rendre irréversible. Par fierté, j'avais persisté dans mon fourvoiement. Un mauvais aiguillage est si facile. Il suffit d'un moment d'égarement."
"Avec Edwige, j'ose aborder tous les sujets, même les plus personnels. Sans doute parce qu'elle danse sur la vie. Je l'écoute me livrer le récit de son existence qui ressemble à un roman russe."
"Face aux peines, aux désillusions, aux injustices, chacun se croit unique mais c'est une mélopée universelle."
Note finale
1/5
(flop)
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