Voilà le livre qui sort vainqueur du concours des titres les plus intrigants (je suis certaine que vous me donnerez raison, étant donné que je constitue le seul membre autoproclamé de ce concours imaginaire).
Une nouvelle production de Hwang Sok-yong, dont je vous parlais il y a quelques jours dans ce post.
Direction la Corée!
Dans les années soixante, en Corée du Sud, plusieurs adolescents partagent leurs aspirations et leurs envies, tâchant de trouver leur place. Parmi eux se trouve Chun, qui décide un jour d'arrêter l'école avec un de ses camarades pour partir voyager dans le pays. A son retour, il retrouve ses amis et reprend le cours de sa vie, jusqu'à sa rencontre avec Lieutenant, un trimardeur qui l'emmène travailler en mer.
Un nouveau roman de Hwang Sok-yong, et une nouvelle facette d'écrivain.
Au contraire de son dernier roman, Toutes les choses de notre vie, qui se déroulait dans la décharge de Séoul, ici le cadre change et l'on n'est plus dans une unité de lieu, bien au contraire : les deux adolescents que l'on suit nous font voir du pays, et l'on comprend rapidement qu'ils se cherchent au travers de cette expérience.
Cependant, au-delà de l'environnement, l'auteur se fixe sur les transformations intérieures de ses protagonistes, la façon dont les événements impriment sur eux leur marque, dont leurs états d'âme se confrontent et les hissent au-delà de l'adolescence.
Car c'est sans doute là le point le plus intéressant du livre : observer l'évolution de Chun, les réponses qu'il apporte aux interrogations parfois idéalistes qui l'occupent, et qui le rapprochent aussi parfois de certains de ses amis, eux aussi traversés par les mêmes affres, au point de prendre des décisions radicales, comme le fait notamment d'arrêter ses études.
La construction du roman ne manque pas d'intérêt, dans la mesure où l'on sait dès la première ligne quelle est l'issue des pérégrinations de Chun, qui décidera pour finir de s'engager dans la guerre du Vietnam.
L'écriture de Hwang Sok-yong est douce, elle décrit les pensées des personnages plus qu'elle ne se fait vecteur de l'action, car si le synopsis laisse à penser que l'intrigue est avant tout mouvement, ce n'est pas ce qui frappe en lisant, et l'on est bien davantage dans un récit qui raconte l'adolescence, la mélancolie, les idées et les rêveries.
J'ai sans doute été moins happée que par le dernier roman que j'avais lu de l'auteur, cependant une poésie se dégage du récit et le porte, ainsi que le sentiment d'universalité que peut faire naître la lecture des questionnements qui agitent les adolescents.
"J'allais enfin me lancer dans quelque chose qui n'avait rien d'abstrait : mourir ou survivre, telles étaient les deux possibilités qui allaient s'offrir à moi."
"Comme une scène tournée au ralenti avec une caméra fixe, les instants se succédaient, tandis que des nuages défilaient dans le ciel, faisant délicatement alterner ombre et lumière dans la rue. Les passants apparaissaient sur l'écran avant de disparaître dans le temps.
A ce moment-là, alors que je disais adieu à ma jeunesse, je me rendis compte à quel point je l'avais aimée."
"_Quels efforts? Tu mènes une vie de bâton de chaise!" (Et oui, tout à fait, une vie de bâton de chaise. C'est un peu comme une vie de poignée de porte, mais en moins exposé.)
"Je n'aime pas mon prénom, Inho. Ça fait gamin, ou un peu tire-au-flan. Dès ma prime jeunesse, les adultes m'ont appelé le Cochon et je préfère ce surnom." (Mais enfin c'est évident. Inho versus le Cochon, qui n'en aurait pas fait autant? Oo)
"_Là-bas...Le chie qui attend son repas, tu le vois?
Une étoile brillait près du croissant de la lune. Il ajouta :
_Au sommet de sa gloire, on l'appelle l'étoile du matin. Repoussée et rejetée comme nous, elle devint l'étoile du chien qui attend son repas.
Je me dis que le nom était joli et mélancolique."
Une nouvelle production de Hwang Sok-yong, dont je vous parlais il y a quelques jours dans ce post.
Direction la Corée!
Le synopsis
Dans les années soixante, en Corée du Sud, plusieurs adolescents partagent leurs aspirations et leurs envies, tâchant de trouver leur place. Parmi eux se trouve Chun, qui décide un jour d'arrêter l'école avec un de ses camarades pour partir voyager dans le pays. A son retour, il retrouve ses amis et reprend le cours de sa vie, jusqu'à sa rencontre avec Lieutenant, un trimardeur qui l'emmène travailler en mer.
Mon avis
Un nouveau roman de Hwang Sok-yong, et une nouvelle facette d'écrivain.
Au contraire de son dernier roman, Toutes les choses de notre vie, qui se déroulait dans la décharge de Séoul, ici le cadre change et l'on n'est plus dans une unité de lieu, bien au contraire : les deux adolescents que l'on suit nous font voir du pays, et l'on comprend rapidement qu'ils se cherchent au travers de cette expérience.
Cependant, au-delà de l'environnement, l'auteur se fixe sur les transformations intérieures de ses protagonistes, la façon dont les événements impriment sur eux leur marque, dont leurs états d'âme se confrontent et les hissent au-delà de l'adolescence.
Car c'est sans doute là le point le plus intéressant du livre : observer l'évolution de Chun, les réponses qu'il apporte aux interrogations parfois idéalistes qui l'occupent, et qui le rapprochent aussi parfois de certains de ses amis, eux aussi traversés par les mêmes affres, au point de prendre des décisions radicales, comme le fait notamment d'arrêter ses études.
La construction du roman ne manque pas d'intérêt, dans la mesure où l'on sait dès la première ligne quelle est l'issue des pérégrinations de Chun, qui décidera pour finir de s'engager dans la guerre du Vietnam.
L'écriture de Hwang Sok-yong est douce, elle décrit les pensées des personnages plus qu'elle ne se fait vecteur de l'action, car si le synopsis laisse à penser que l'intrigue est avant tout mouvement, ce n'est pas ce qui frappe en lisant, et l'on est bien davantage dans un récit qui raconte l'adolescence, la mélancolie, les idées et les rêveries.
J'ai sans doute été moins happée que par le dernier roman que j'avais lu de l'auteur, cependant une poésie se dégage du récit et le porte, ainsi que le sentiment d'universalité que peut faire naître la lecture des questionnements qui agitent les adolescents.
Pour vous si...
- Vous êtes féru d'analogies astronomiques
- Vous n'avez pas peur de vous balader dans le métro avec un livre ainsi titré à la main
Morceaux choisis
"J'allais enfin me lancer dans quelque chose qui n'avait rien d'abstrait : mourir ou survivre, telles étaient les deux possibilités qui allaient s'offrir à moi."
"Comme une scène tournée au ralenti avec une caméra fixe, les instants se succédaient, tandis que des nuages défilaient dans le ciel, faisant délicatement alterner ombre et lumière dans la rue. Les passants apparaissaient sur l'écran avant de disparaître dans le temps.
A ce moment-là, alors que je disais adieu à ma jeunesse, je me rendis compte à quel point je l'avais aimée."
"_Quels efforts? Tu mènes une vie de bâton de chaise!" (Et oui, tout à fait, une vie de bâton de chaise. C'est un peu comme une vie de poignée de porte, mais en moins exposé.)
"Je n'aime pas mon prénom, Inho. Ça fait gamin, ou un peu tire-au-flan. Dès ma prime jeunesse, les adultes m'ont appelé le Cochon et je préfère ce surnom." (Mais enfin c'est évident. Inho versus le Cochon, qui n'en aurait pas fait autant? Oo)
"_Là-bas...Le chie qui attend son repas, tu le vois?
Une étoile brillait près du croissant de la lune. Il ajouta :
_Au sommet de sa gloire, on l'appelle l'étoile du matin. Repoussée et rejetée comme nous, elle devint l'étoile du chien qui attend son repas.
Je me dis que le nom était joli et mélancolique."
Note finale
2/5
(pas mal)
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