La valse des premiers romans se poursuit avec Marguerite, qui nous plonge dans les affres de la Seconde Guerre Mondiale.
Vous n'êtes plus sans connaître ma suspicion majeure à l'endroit des romans se proposant d'adopter pour cadre cette merveilleuse période de la Seconde Guerre Mondiale.
Il faut dire que l'on a beaucoup écrit, beaucoup lu, beaucoup vu autour de ces années très singulières, et c'est compréhensible, tant elles furent marquées par des formes nombreuses de violence inouïe.
Néanmoins, à mesure que le temps passe, voir qu'il se trouve des auteurs qui décident de revenir sur ce temps-là m'interroge : d'où vient ce choix? D'une histoire familiale? De la détention d'informations qui n'auraient pas encore été portées à la connaissance du public? D'une volonté de prendre un cadre qui impose une autorité au récit? (il serait en effet inconvenant de trouver à redire sur cette époque, le roman devient donc immédiatement "sérieux", et ne peut devenir la cible de critiques trop acerbes - mais c'est bien mal me connaître, mes chers amis!).
L'ouverture de Marguerite m'a interpellée, et donné le sentiment de couvrir un sujet connu mais que j'avais jusqu'alors peu rencontré dans la littérature : les "tondues".
Marguerite, en effet, est de ces femmes accusées d'avoir entretenu une liaison avec l'ennemi, avec un Allemand, et à ce titre, devient, à la Libération, la cible d'une colère collective soudain déchaînée.
Passé cet interlude charmant, l'intérêt du lecteur est retenu, si bien que l'on a envie, dès lors, d'en savoir plus, de connaître le crime de Marguerite, et son histoire entière.
Et l'on se plonge dans le quotidien de Marguerite, son amour pour Pierre et leur vie commune balbutiante, juste avant sa mobilisation, bientôt suivie des mornes et interminables journées d'hiver, de printemps, d'été, du manque qui s'exprime tant dans les biens de consommation que dans l'affection, et les maigres liens qu'elle tisse avec son entourage, Raymonde la postière engagée dans la résistance, sa vieille voisine Germaine, le jeune André, gitan, et vivant avec ses parents dans une caravane à l'orée du bois, et Frantz, un Allemand qui ne se froisse pas de la froideur qu'elle affiche à son endroit, voyant en lui un ennemi de plus.
L'intrigue en elle-même est assez attendue, et vous devinerez sans mal ses développements à partir du tableau que je viens de dresser. L'écriture est néanmoins agréable, et le personnage de Marguerite fonctionne, est crédible, et constitue une belle figure de femme dont les difficultés, les sentiments vifs et parfois contradictoires, ne sont pas passés sous silence.
Marguerite est un honnête roman, touchant, qui se propose d'aller par-delà l'image que la mémoire collective véhicule des femmes qui ont "pactisé" avec l'ennemi, pour donner à voir une trajectoire individuelle que le lecteur ne se permettrait pas de juger.
Libres pensées...
Vous n'êtes plus sans connaître ma suspicion majeure à l'endroit des romans se proposant d'adopter pour cadre cette merveilleuse période de la Seconde Guerre Mondiale.
Il faut dire que l'on a beaucoup écrit, beaucoup lu, beaucoup vu autour de ces années très singulières, et c'est compréhensible, tant elles furent marquées par des formes nombreuses de violence inouïe.
Néanmoins, à mesure que le temps passe, voir qu'il se trouve des auteurs qui décident de revenir sur ce temps-là m'interroge : d'où vient ce choix? D'une histoire familiale? De la détention d'informations qui n'auraient pas encore été portées à la connaissance du public? D'une volonté de prendre un cadre qui impose une autorité au récit? (il serait en effet inconvenant de trouver à redire sur cette époque, le roman devient donc immédiatement "sérieux", et ne peut devenir la cible de critiques trop acerbes - mais c'est bien mal me connaître, mes chers amis!).
L'ouverture de Marguerite m'a interpellée, et donné le sentiment de couvrir un sujet connu mais que j'avais jusqu'alors peu rencontré dans la littérature : les "tondues".
Marguerite, en effet, est de ces femmes accusées d'avoir entretenu une liaison avec l'ennemi, avec un Allemand, et à ce titre, devient, à la Libération, la cible d'une colère collective soudain déchaînée.
Passé cet interlude charmant, l'intérêt du lecteur est retenu, si bien que l'on a envie, dès lors, d'en savoir plus, de connaître le crime de Marguerite, et son histoire entière.
Et l'on se plonge dans le quotidien de Marguerite, son amour pour Pierre et leur vie commune balbutiante, juste avant sa mobilisation, bientôt suivie des mornes et interminables journées d'hiver, de printemps, d'été, du manque qui s'exprime tant dans les biens de consommation que dans l'affection, et les maigres liens qu'elle tisse avec son entourage, Raymonde la postière engagée dans la résistance, sa vieille voisine Germaine, le jeune André, gitan, et vivant avec ses parents dans une caravane à l'orée du bois, et Frantz, un Allemand qui ne se froisse pas de la froideur qu'elle affiche à son endroit, voyant en lui un ennemi de plus.
L'intrigue en elle-même est assez attendue, et vous devinerez sans mal ses développements à partir du tableau que je viens de dresser. L'écriture est néanmoins agréable, et le personnage de Marguerite fonctionne, est crédible, et constitue une belle figure de femme dont les difficultés, les sentiments vifs et parfois contradictoires, ne sont pas passés sous silence.
Marguerite est un honnête roman, touchant, qui se propose d'aller par-delà l'image que la mémoire collective véhicule des femmes qui ont "pactisé" avec l'ennemi, pour donner à voir une trajectoire individuelle que le lecteur ne se permettrait pas de juger.
Pour vous si...
- Vous aimez voir les visages derrière certaines tragédies inscrites dans l'Histoire
- L'idée d'un personnage de postière bad-ass vous paraît excellente
Note finale
2/5
(pas mal)
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