mercredi 28 février 2018

Les rêveurs, Isabelle Carré

Premier roman dont on a beaucoup entendu parler depuis sa sortie en janvier, Les Rêveurs fait figure d'incontournable de cette rentrée littéraire d'hiver...


Libres pensées...

La narratrice (= l'autrice ici) nous raconte son enfance en région parisienne dans les années 1970, et en particulier l'histoire de ses parents, aux parcours cabossés, de sa découverte du théâtre.

Les rêveurs est un joli roman. La tendresse de la narratrice pour ses protagonistes, ses proches, est évidente, et fourmille entre les lignes. Il y a beaucoup d'humanité dans le regard qu'elle porte sur eux, dans sa tentative de reconstitution, de restitution d'une époque, d'un contexte social, de moeurs qui ne sont pas si lointaines.
Elle décrit d'abord sa mère, cette jeune femme naïve, innocente, qui néanmoins décide de mener un combat inattendu, de garder un enfant qui fera d'elle une fille-mère, et l'isolera dans sa propre famille.
Et puis, elle décrit aussi son père, qui rencontre sa mère et lui fera d'autres enfants, avant d'oser assumer son attirance pour les hommes, et, partant, son choix d'une autre vie.

La narratrice met en exergue les hasards, les coups du sort, le heurt brutal avec la réalité, avec la société autour qui pèse, qui juge, mais dont les protagonistes essaient de s'affranchir, ne suivant que leurs élans.

Le travail réalisé autour de la peinture des années 1970 porte ses fruits, car l'on s'immerge avec facilité et plaisir dans ce cadre. L'empathie de la narratrice imprègne le lecteur, l'en emplit à son tour, de sorte que l'on partage les peines, les difficultés, les dilemmes qui surgissent.
Une fois de plus, c'est la tendresse qui émane de ce texte qui m'a le plus marquée, et que je retiendrai. 

Pour vous si...
  • Vous vous plaisez dans les familles atypiques

Morceaux choisis

"Ce parfum n'existe plus. Ils l'ont arrêté au début des années quatre-vingt-dix. On devrait trouver des moyens pour empêcher qu'un parfum s'épuise, demander un engagement du vendeur - certifiez-moi d'abord qu'il sera sur les rayons pour cinquante ou soiante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans une parfumerie ou un grand magasin, retrouvent l'odeur de leur mère, l'odeur d'une maison, d'une époque bénie de leur vie, d'un premier amour ou, plus précieux encore, quasi inaccessible, l'odeur de leur enfance."

"Je devais appeler mon grand-père Bon-Papa. Lui nommait tous ses enfants et ses petits-enfants garçons ou filles confondus : "Mon petit gros". Il aimait inventer des mots qui, aussitôt, devenaient notre vocabulaire usuel. Voulait-il souligner son appartenance à une grande famille qui, comme un pays, aurait sa propre langue ? Ou simplement rendre vivante l'idée du clan ?"

"Je rêve surtout de rencontrer des gens. Je n'ai jamais trouvé simple de faire connaissance, ailleurs que sur un plateau. Mais on se quitte une fois le tournage ou la pièce terminé, et on ne se revoit jamais comme on se l'était promis... Aussi je m'offre une seconde chance, j'écris pour qu'on me rencontre."

Note finale
3/5
(mignon)

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