Le tout dernier des 68 premières fois, édition d'automne, était signé Anne-Sophie Monglon, et me promettait de m'en conter des vertes et des pas mûres...
Libres pensées...
Bérénice, 33 ans, travaille dans une agence de communication. Lorsqu'elle rentre de congé maternité après la naissance de Pierre, elle réalise qu'elle est gentiment mise au placard par son manager qui s'en dit contrit, et réalise la rivalité qui l'oppose à la jeune femme qui l'a remplacée et semble avide de récupérer sa place.
Bérénice réagit avec distance, ne manifeste guère d'émotion devant le spectacle de sa rétrogradation.
Lors d'une formation, elle fait la connaissance de Guillaume, musicien, dont elle se rapproche, et qui lui offre un échappatoire hors de son quotidien qui la dépasse.
L'histoire d'Une fille, au bois dormant, est tristement actuelle, et pourrait même sembler banale. Néanmoins, peu illustrée jusqu'alors dans la littérature, il n'est pas inintéressant de proposer une plongée dans la vie des "femmes modernes", qui tâchent de mener de front une carrière professionnelle ascendante et supposément épanouissante, et une vie de famille stable.
La théorie de la belle au bois dormant m'a néanmoins troublée, dans la mesure où son application à Bérénice ne m'a pas réellement convaincue : on pourrait deviner un baby blues dans ce que traverse Bérénice, cependant son comportement attentiste, détaché, intrigue. Alors qu'elle est victime d'injustices crasses, elle décide de s'en accommoder, non pour se consacrer à sa famille, car on la voit distance face à son fils, mais pour se repaître dans cette étrange léthargie dans laquelle elle s'est coulée peu à peu.
La rencontre avec Guillaume est intéressante, mais à mon sens pas assez percutante, trop anecdotique, pour que l'on y voit un événement décisif. En réalité, j'ai manqué d'empathie envers Bérénice, alors que tout dans sa situation m'interpelle.
Je pense que c'est l'écriture qui ne m'a pas convaincue, et que j'ai ressentie comme un obstacle plutôt que comme le liant, le véhicule de cette histoire à la fois dramatique et commune.
Rendez-vous manqué, donc, avec cette fille au bois dormant, dommage !
Pour vous si...
- Vous ne voyez de quel problème on vous parle lorsqu'une conversation se porte sur l'inégalité d'accès des femmes aux postes à responsabilité, ou encore sur les discriminations à l'encontre des mères en entreprise
- Vous êtes persuadé que la musique adoucit les moeurs.
Morceaux choisis
"Ton sommeil c'est d'abord ça, la tentation d'être ailleurs, l'obsession par moments, à d'autres la dispersion, l'engagement comme un mot abstrait, le voyage dans le passé, le futur, la vague, le refuge dans la forêt. Le monde, une paroi avec peu de prises, les trouver en tâtonnant, s'y accrocher, en espérant qu'elles te feront déboucher sur du plat, des autoroutes, des tapis roulants par lesquels se laisser porter, les émotions atténuées."
"Et te voilà à tenter de lui faire comprendre des codes professionnels que tu ne maîtrises pas : on ne dit pas tout ce qu'on pense aux gens qu'on ne connaît pas, tu t'entends même prononcer ces mots, il faut un minimum jouer le jeu. Et, tandis qu'il ne te répond rien, que ses yeux balaient l'espace devant lui et que son regard s'opacifie, tu passes de la consternation à l'agacement et de l'agacement à une véritable colère, contre lui qui ne joue pas le jeu, contre ta propre impuissance vis-à-vis de lui."
Note finale
2/5
(pas mal)
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