jeudi 22 février 2018

Toni, Line Papin

Line Papin nous avait intrigués avec son premier roman, L'éveil, et son style comparé à celui de Duras. Elle revient avec un deuxième roman au cadre plus germanique. 


Libres pensées...

Ezra et Anton sont cousins. Anton, dit Toni, révèle dès l'adolescence une fibre artistique qu'il exprime d'abord à travers la photographie. Il développe une aura, une sorte de fascination qu'il exerce sur son entourage, s'en faisant aimer sans difficulté. A Berlin, Toni et Ezra découvrent la vie nocturne, la fête, l'insouciance. A Rummelsburg, ils transforment un vieil hôtel en boîte de nuit, le Palais, qui devient bientôt incontournable pour la jeunesse berlinoise.

La lecture de Toni m'a laissé un sentiment partagé.

Le thème choisi, et l'intrigue, manquent d'originalité. L'insouciance de la jeunesse, la fête, la drogue, tout cela a déjà été beaucoup écrit, beaucoup filmé, et le personnage de Toni, sorte d'ange déchu, n'est pas sans évoquer certaines grandes figures de la littérature, à l'instar de Gatsby, sans en avoir la puissance.

A cet égard, Toni m'a déçue, je m'attendais à plus d'audace, plus de cran.

Cependant, Line Papin développe dans ce roman son art du récit, qui m'a semblé inégal, mais réserve quelques moments de grâce, des tournures et des passages où perce une vérité qui nous frappe soudain, nous transcende, et donne alors au texte l'allure du sublime.

Je reste donc persuadée que Line Papin peut nous en remontrer, et nous réserve de très belles surprises, cependant Toni est à mon sens un deuxième roman en demi-teintes, qui ne révèle pas l'ampleur de son talent.


Pour vous si...
  • Vous vous perdriez bien dans la folie des nuits berlinoises. 

Morceaux choisis

"Et la première chose à laquelle il a pensé, quand on lui a annoncé sa mort, c'est qu'il se souviendrait toute sa vie de ces murs en carrelage blanc, de cette lumière crue aussi, jaune, de néon, qui tombait dessus et y marquait un sinistre reflet, au milieu de chaque carreau, vitreux, glissant."

"Nous étions les rois dans l'enceinte du Palais. Or la réputation de celui-ci allait grandissant, et nous devenions ainsi les rois de Rummelsburg, de Berlin, croyions-nous, de l'Europe enfin, du monde ! La fête n'avait de sens qu'au Palais, semblait-il, était possible en son enceinte uniquement. Nous possédions les clés de la joie. En dehors, ils n'oseront jamais rire. Tout ce qui est au-dehors, d'ailleurs, est morne. La brillance est à l'intérieur. C'est ce que disait cette queue alignée, devant. Le Palais n'est plus une proposition parmi d'autres : il est le point obligé, si l'on ne veut pas mourir d'ennui."

"Toni, rien ne lui paraissait impossible, et ce n'était pas du courage, c'était une inconscience enfantine. Il inventait tout, écartait tout, faisait de ce qui l'entourait son terrain, taillé à sa façon : tout lui appartenait ; et l'étendue de ses possibilités était immense. Toni était à la taille de Berlin, aussi étendu, et il pouvait la parcourir en un claquement de doigts : il était l'ange de la ville."

"Je monte les marches et sais, marche après marche, que j'ai fait de lui un héros. C'est pour moi qu'il joue. Kambrera, c'était pour moi, et Reeperbahn aussi, et le Palais encore, tout était pour moi. Lequel des deux cousins est le plus fou, le plus artiste ? Une dernière marche. Lequel de nous deux le plus pinceau ou le plus muse ? Le grenier est plongé dans la pénombre. J'ai besoin d'appeler quelqu'un. J'ai besoin d'entendre qu'une vérité a eu lieu, qu'il n'a pas tout inventé et moi non plus."


Note finale
2/5
(pas mal)

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