jeudi 30 août 2018

La toile du monde, Antonin Varenne

Antonin Varenne est un auteur français qui n'en est pas à son coup d'essai, ayant déjà publié près d'une dizaine de romans. Sa dernière publication, La toile du monde, prend pour cadre le Paris de 1900...


Libres pensées...

Aileen Bowman est journaliste pour le New York Tribune en 1900, et à bord du paquebot Touraine, elle fait route vers Paris, où elle a obtenu de couvrir l’Exposition Universelle qui s’y tiendra pour les mois à venir. A 35 ans, Aileen est une femme peu conventionnelle, féministe, célibataire, audacieuse, elle porte des pantalons et refuse de rester cantonnée aux activités féminines mondaines. A Paris, elle pose nue pour son ami le peintre Julius Stewart, bouscule les habitudes vestimentaires, se fraie un chemin dans les milieux masculins et séduit de sa plume les lecteurs de la Fronde, qui publie ses chroniques. Elle fait la rencontre de l’ingénieur Jacques Huet, qui travaille à la réalisation de la ligne 1 du métropolitain, ainsi que celle de sa femme Agnès, douce et prude. Ses relations avec Joseph, un indien faisant partie de l’Exposition qui la considère comme sa sœur tout en lui vouant des sentiments ambigus, menacent de conduire à un drame...

La toile du monde intéresse de par son cadre : Paris durant la Belle Epoque. Le récit est documenté, ce qui donne le sentiment d’être plongé dans l’année 1900 aux côtés des protagonistes, et rend la lecture vibrante.
Parmi les autres atouts du roman, j'ai été sensible à sa structure (chronologique, suivant l'évolution d'Aileen dans le monde parisien de l'époque), ses personnages (Aileen Bowman est très intéressante, mais il faut noter que les personnages secondaires sont également travaillés et intriguent, qu’il s’agisse de Joseph, pour lequel on ressent une compassion mêlée de crainte, de Julius, dont l’art culmine avant de lui échapper, de Jacques, que l’on devine tiraillé entre son attirance pour Aileen et sa loyauté envers sa femme, ou encore Agnès, qui est bien davantage que la pâle épouse de l’ingénieur. Cette richesse des portraits permet au spectateur d’être à l’aise dans ce roman coloré) et le style, variant entre le lyrisme de la prose d'Aileen dans les articles qu'elle rédige, et un abord plus simple dans le reste du récit.

En fin de compte, j'ai presque eu le sentiment de rester sur ma faim : représenter une femme américaine et anticonformiste en France au début du XXe siècle est très intéressant et interpelle, néanmoins les évolutions de l’intrigue, inattendues, peuvent laisser le lecteur perplexe, et lui donner l’impression que l’intensité de l’intrigue diminue au fil des pages.

La lecture n'en est pas moins agréable et rythmée, et propose une figure féminine et féministe passionnante.

Pour vous si...
  • Vous êtes friands de récits sur la Belle Epoque, et intéressé en particulier par les transformations liées à l'Exposition universelle de 1900
Note finale
4/5
(excellent)

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