jeudi 16 août 2018

Nous ne sommes pas nous-mêmes, Matthew Thomas

Roman Premier m'avait prêté ce roman fleuve il y a belle lurette, rien de tel que le soleil danois pour en égrener les pages. 


Libres pensées...

Issue d'un milieu humble, Eileen a tout fait pour s'en extraire, et obtenir la vie dont elle rêve, dans une belle demeure victorienne attestant de sa réussite sociale, et partant, de son bonheur. Elle mène des études d'infirmière, et rencontre Ed, qu'elle épouse. Enseignant universitaire, Ed n'a pourtant pas l'ambition de sa femme, et préfère rester auprès de ses élèves plutôt que d'accepter un poste dans l'industrie pharmaceutique qui leur aurait assuré un train de vie infiniment plus confortable. Ed et Eileen deviennent les parents de Connel, un garçon simple qui n'a pas la pugnacité de sa mère, laquelle se contente d'une condition acceptable, dans un quartier correct, à l'écart des lieux les plus huppés, à son grand désarroi. Eileen ne renonce cependant pas à son rêve, et lorsqu'un agent immobilier lui fait visiter une grande et belle maison requérant des travaux, mais à un prix compétitif, Eileen voit soudain ses espoirs se réaliser. Elle goûtera quelques années de sérénité, avant que le sort ne frappe et qu'une maladie dégénérative ne se déclare chez Ed.

Le synopsis pourrait être encore davantage détaillé, car le roman fait presque 900 pages, et ne s'arrête pas là.
Ma description ne restitue peut-être pas exactement ce sentiment, mais j'ai apprécié le regard porté sur les protagonistes. Bien sûr, Eileen semble ambitieuse, (trop peut-être ? Soyons honnêtes, chez un homme, cela ne sera pas choquant un instant - ce qui, en pointillés, est reproché à Eileen, c'est d'être une femme nourrissant ce genre d'ambitions), mais elle révèle une personnalité plus complexe, et son histoire familiale est là pour éclairer la crainte qui l'assaille de l'indigence, de l'anonymat. Ed, quant à lui, derrière son allure et sa bonne famille, se désintéresse de la fortune et du prestige, et si leurs divergences entraînent parfois des disputes épicées, il y a dans l'attachement, l'amour qu'ils se portent, quelque chose de très tendre et d'apaisant.

Alors, bien sûr, la vie ne va pas comme on le voudrait. Le roman présente le mérite de dépeindre la condition d'une famille américaine touchée par la maladie, et les conséquences sur sa situation financière et patrimoniale. En filigranes, on saisit combien le système de santé américain est injuste et intraitable. La maladie d'Ed dure des années, conduisant Eileen à l'isolement et à l'épuisement.
Comme elle le peut, elle tâche d'avancer quand même, ses rêves d'antan sont remisés et remplacés par l'impératif et l'imminence de la condition d'Ed, qui devient un autre.

Nous ne sommes pas nous-mêmes est un récit aussi cruel que réaliste, qui donne à voir les espoirs fous, les illusions d'une jeune fille, et la vie qu'elle va mener, ménageant parfois des moments de bonheur, et parfois de longues périodes sombres.


Pour vous si...
  • Vous raffolez du style réaliste que l'on trouve dans les romans américains actuels, de Franzen à Lamb.
Note finale
3/5
(cool)

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