mardi 17 mai 2016

Flora, Gail Godwin

Je vous parle aujourd'hui d'un étrange bouquin, choisi par hasard à la bibliothèque, mon côté riscophile comme j'ai sans doute déjà eu l'occasion de le dire. 
Gail Godwin n'est pas un nom qui m'était familier, la couverture ne m'intriguait pas particulièrement, c'est le synopsis de la quatrième de couverture qui a fait pencher la balance. 
Voici donc un roman pour les lecteurs qui ne craignent pas les situations de huis clos légèrement anxiogènes. 



Le synopsis

Helen a dix ans, et passe l'été en compagnie de Flora, la cousine de sa mère défunte. La grand-mère d'Helen, Nonie, est morte quelques semaines plus tôt, et son père est absent, travaillant sur une mission mystérieuse.
Flora est une petite fille spéciale, raisonnant comme une grande personne, dotée d'une imagination effrénée, se montre peu compréhensive face à la naïveté et à l'émotivité de la douce Flora, qui est pourtant son aînée.
Les jours défilent et l'ennui s'installe dans la demeure où se côtoient les fantômes des êtres aimés, dans une atmosphère étouffante. 

Mon avis

Flora est un roman qui m'a habilement surprise.

Il faut dire que l'intrigue met quelque temps à se mettre en place, et la relation entre Flora et Helen, ambiguë, se précise lentement.

Le sel réside principalement, à mon sens, dans le fait que la personnalité de chacune se révèle peu à peu, et s'avère être singulière.
Flora, bien entendu, est plus abordable, plus lisible : elle est une jeune fille tendre et bienveillante, qui manque d'assurance, tandis que Helen est faite d'une étoffe toute autre.

Le plus frappant à la lecture est sans doute la gravité de son ton, qui n'a rien de celui que l'on imaginerait pour une fillette de dix ans : Helen est si adulte qu'elle en est effrayante, on appréhende en cela l'effet qu'elle peut faire sur les autres, l'isolement qui peut en découler, et son intransigeance aussi. Elle pose sur le monde un regard acéré, elle peuple son environnement de figures errantes, issues du passé et de son imagination, et considère avec un certain mépris la simplicité de Flora, à laquelle elle ne trouve aucun attrait. C'est cette indisposition de Helen à l'égard de Flora qui alimente la complexité de leur lien, et la pesanteur que l'on ressent dans leur quotidien, dans l'atmosphère ambiante.

Ainsi, à certains égards, Helen m'a fait penser au personnage de Briony dans le roman de Ian McEwan, Expiation, ainsi qu'à la Cécile de Sagan dans Bonjour Tristesse. Le roman est certes moins grandiose que ces deux chefs d'oeuvre, mais n'en est pas moins dérangeant et insidieux, dans la façon dont il imprègne l'esprit.

Certains passages présentent sans doute des longueurs, mais il est intéressant de relever par exemple les échos entre les lettres de Nonie que Helen lit clandestinement, et certains épisodes de son quotidien, annonciateurs de la tragédie à venir.

L'issue est brutale, et donne de l'impact au roman, qui s'était montré jusque-là déroutant.
Elle laisse un arrière-goût amer, si bien que l'on forme la résolution de se méfier dorénavant des enfants trop précoces.


Pour vous si...
  • Vous avez une envie de huis clos au cœur de l'Amérique

Morceaux choisis

"Certains événements sont irrémédiables, en revanche, on peut sans doute éprouver un remords constructif qui transforme des actes déplorables en une expérience utile à la vie."

"Un jour, à l'âge de cinq ans, alors que j'avais fait une sieste dans l'après-midi, je découvris qu'il s'était passé des choses pendant mon sommeil."


Note finale
2/5
(pas mal)

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