Une autre acquisition BookOff, décidément, je suis accro!
Il est ici question du Japon à l'heur de la Seconde Guerre Mondiale (et oui, encore!).
Cependant, ce n'était pas tout à fait le récit que je m'étais imaginée, car il a la particularité d'adopter une forme épistolaire... (depuis ce bon vieux Choderlos, il n'y a pas eu pléthore de tentatives en ce sens, notez donc que c'est original)
Cependant, ce n'était pas tout à fait le récit que je m'étais imaginée, car il a la particularité d'adopter une forme épistolaire... (depuis ce bon vieux Choderlos, il n'y a pas eu pléthore de tentatives en ce sens, notez donc que c'est original)
Le synopsis
Le roman se présente comme un recueil des lettres écrites par Friedrich Kessler à sa sœur demeurée en Allemagne. Friedrich est un jeune diplomate de 24 ans, qui a rejoint l'ambassade du Reich à Tokyo. Il raconte son quotidien à sa sœur, ses relations avec ses pairs, avec les femmes, ses préoccupations en lien avec les avancées et les pertes de l'Allemagne qu'il suit de près. En 1945, alors que le conflit touche à sa fin, Friedrich séjourne toujours à Tokyo, tandis que la ville fait l'objet de bombardements mortels.
Mon avis
Un été au Kansai est un roman qui se lit facilement, et a le mérite d'interroger la position des Allemands sur la "politique" menée par le Führer et ses alliés, notamment à l'approche de l'issue du conflit.
Les lettres regorgent d'allusions au contexte géopolitique, aux offensives menées ça et là, et évoquent également le risque pour le narrateur d'exprimer librement ses opinions à sa sœur, du fait de la censure qui peut leur causer du tort à tous les deux.
Au-delà de ce cadre très singulier, Friedrich apparaît cependant comme un jeune homme curieux et intelligent, qui se questionne sur de nombreux sujets, cherche à être heureux, se laisse troubler par des préoccupations qui ne sont pas toutes capitales, et découvre avec appétence le pays dans lequel il se trouve.
Ses excursions au cœur du Japon de 1945 sont très évocatrices, et dressent un tableau bucolique d'un territoire qui semble par ailleurs tout entier tourné vers le combat, et l'obsession de l'emporter, quels que soient in fine les alliés et les ennemis (certains passages soulignent l'importance pour les Japonais rencontrés par Friedrich de gagner la guerre, sans considération autre que la victoire aille au Japon).
Il y a donc de la beauté dans les lettres écrites par Friedrich, subtilement entremêlée à des craintes concrètes, aux menaces qui peuvent prendre toutes les formes, tous les visages - une certaine paranoïa s'installe par exemple peu après l'arrestation de Sorge, diplomate accusé d'être un espion à la solde des communistes. L'atmosphère est par moments assez angoissante, le contexte ne s'évapore jamais vraiment, et l'on n'oublie pas quelles sont les années durant lesquelles Friedrich écrit.
Les dernières pages du roman sont quant à elles troublantes et terribles, et ont constitué pour moi le paroxysme du roman, son point névralgique, celui où se concentre une force inouïe à travers les mots interrompus, ceux qui ne sont pas écrits, car la dernière phrase demeure inachevée, laissant en suspens ce que l'on a déjà compris.
Une honnête et instructive lecture!
Pour vous si...
- Un roman prenant pour protagoniste un diplomate allemand en pleine Seconde Guerre Mondiale aiguise votre curiosité
- Explorer la mentalité nippone durant la période en question est susceptible de susciter votre intérêt
Morceaux choisis
"Il m'a posé une question intéressante : la culture se développe-t-elle sur la base des échanges entre les peuples, ou, au contraire, en s'efforçant de préserver sa propre spécificité?"
"Chère Lieselein,
Sanctuaires et temples sont aussi splendides que chez Morand ou John La Farge. Cryptomerias rougis par les flammes de l'automne, ruines éboulées lumineuses comme des lingots oubliés dans les cendres d'un volcan éteint. Gorges profondes, lacs paisibles et mystérieux, cascades bondissantes..." (Ah bravo Friedrich, écrire des choses aussi distinguées à sa sœur, c'est raffiné!!)
"Lorsqu'on réalise, comme l'a fait le Dr Banerjee, que l'on est dans le réel et que la réalité est Dieu, alors le ton même de sa propre vie change radicalement. C'est cette révolution subjective qui est le but de ma recherche. Je pars à la recherche de l'existence joyeuse."
Note finale
3/5
(cool)
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