lundi 2 mai 2016

Golem, Pierre Assouline

Pierre Assouline fait partie des auteurs actuels incontournables, et pourtant, son dernier roman, Golem, est le premier que je découvre. 
Un titre aguicheur, à mi-chemin entre Gollum et Gargouille, je prends.



Le synopsis

Gustave Meyer, passionné d'échecs, voit sa vie basculer lorsqu'il est accusé et recherché pour le meurtre de son ex-femme, Marie. Comprenant peu à peu de quelle machination il est victime, il découvre que ses facultés mentales ont été décuplées lors d'une opération menée par un de ses amis. Alors que Nina, inspectrice policière, et sa fille Emma, tentent de retrouver sa trace, Gustave remonte la piste laissée par celui qui a fait de lui son Golem.

Mon avis

La lecture de Golem m'a prise de court : ne m'étant pas enquise du synopsis en premier lieu, j'ai été déstabilisée de trouver un roman qui s'apparentait à un thriller, quand je m'apprêtais à me plonger dans un écrit tout autre (je ne peux raisonnablement pas blâmer Pierre, vous y verriez de la mauvaise foi, et vous n'auriez pas tort).

On est rapidement plongé dans l'intrigue, et dans l'enfer qui s'ouvre sous les pieds de Gustave Meyer. Ce dernier campe un protagoniste intéressant, suffisamment atypique pour que l'on conçoive à son endroit de la curiosité et une forme d'empathie, y compris une fois que l'on comprend qu'il a fait l'objet d'une opération en vertu de laquelle il serait illusoire de s'identifier à son sort.

L'hypothèse que pose l'auteur en matière d'exploration du transhumanisme constitue à mon sens le cœur de l'ouvrage, au-delà de l'aspect divertissant (mais somme toute anecdotique) de la course-poursuite qui se met en place autour de la figure de Gustave : il s'agit d'interroger les formes futures (mais peut-être pas si éloignées qu'on pourrait le croire?) des possibles dans le domaine, et de l'impact qu'ils pourraient avoir.
Ici, on constate avec Gustave les changements opérés dans son quotidien, mais aussi les risques, les dérives éventuelles qui seraient associées à ces évolutions.
L'image du Golem, très littéraire, vient distiller des effluves presque mythologiques, et donner au récit de la profondeur, et une puissance évocatrice importante.

La prose est fluide et raffinée, les personnages de Nina et d'Emma, très complémentaires, donnent de l'énergie au récit ; l'ensemble forme un roman prenant et agréable à lire.
Un bon moment de détente en perspective!

Pour vous si...
  • Vous aimez que se mêlent au suspense des thrillers des considérations philosophiques
  • Le sujet du transhumanisme vous fascine

Morceaux choisis

"Raconter, mais quoi? Lui expliquer qu'il vivait dans une oscillation. Lui avouer qu'il se sentait l'esprit surchargé de détails. Lui dire que sa tête lui pesait. Mais qu'est-ce qu'un neurochirurgien peut pour un homme qui se sent l'âme floconneuse?"

" Il me semble vous connaître, lui demanda un convive en s'approchant, d'une voix lente qui cherche et cherche mais ne trouve pas, la poignée de main proche d'une poignée d'eau, l'échine inquiète, la silhouette molle."

Note finale
3/5
(cool)

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