Depuis la lecture éblouissante de Noireclaire, je m'étais promis de faire plus ample connaissance avec Christian Bobin.
Mon choix s'est porté, un peu par hasard, sur Les ruines du ciel.
L'auteur dresse les portraits de plusieurs personnages du XVIIe siècle, et d'autres qu'il a côtoyés durant sa vie.
Au fil d'une écriture imagée et perçante, des liens se tissent entre les siècles, qui font danser les figures de Pascal, de Saint-Cyran, l'abbaye de Port-Royal, les propres souvenirs du narrateur.
A l'heure du règne prolifique des romans au schéma presque stéréotypé, Les ruines du ciel fait figure d'ovni. Celui qui y chercherait une intrigue ficelée, un début, une fin, serait bien en peine de les trouver, car ce n'est pas cela qui tient ensemble le récit.
A mon sens, cela tient à la langue, à la puissance d'évocation, à la poésie qui se dégage des mots choisis et agencés avec fougue et talent, au rythme et à la vérité dont on est frappés à la lecture.
Il suffit, pour s'en rendre compte, de se reporter aux extraits présentés ci-dessous.
Il n'y a pas vraiment de sens ou de lien causal entre un paragraphe et un autre, cependant j'ai été enchantée par les mots de Christian Bobin, qui ont fait naître des émotions éloignées de tout scénario entendu, de toute stimulation factice : j'étais émue, me figurant très bien soudain ce dont il était question, ressentant intimement certaines choses comme des évidences, comme s'il se serait agi d'expériences personnelles, de visions extraites de mes souvenirs propres. Il y a de l'universel dans la façon dont Bobin dit le monde.
L'auteur, en effet, marie les mots entre eux pour en faire émerger des alliances improbables, et néanmoins empreintes d'une charge émotionnelle brute.
C'est intense, surprenant, authentique, malaisé à expliquer.
Je dirais qu'il faut en faire l'expérience pour soi ; je vous souhaite le même voyage que celui qu'elle m'a réservé.
"L'odeur de la jacinthe - si forte qu'elle m'arrache au sortilège de ma lecture pour me faire admirer la grâce de mon agonie."
"La vie a une densité explosive. Un minuscule caillou contient tous les royaumes.
Il n'y a qu'une seule vie et elle est sans fin."
"J'ai mon échec sous les yeux : un bouquet de mimosa dans un pot à eau. Il a ensoleillé mon petit déjeuner, embaumé ma journée et je suis incapable de faire un portrait de lui à la hauteur de sa générosité."
"Il y a dans le monde des coccinelles et des banquiers. Les deux sont nécessaires pour que les miracles continuent avec leur arrière-fond de désastre."
Mon choix s'est porté, un peu par hasard, sur Les ruines du ciel.
Le synopsis
L'auteur dresse les portraits de plusieurs personnages du XVIIe siècle, et d'autres qu'il a côtoyés durant sa vie.
Au fil d'une écriture imagée et perçante, des liens se tissent entre les siècles, qui font danser les figures de Pascal, de Saint-Cyran, l'abbaye de Port-Royal, les propres souvenirs du narrateur.
Mon avis
A l'heure du règne prolifique des romans au schéma presque stéréotypé, Les ruines du ciel fait figure d'ovni. Celui qui y chercherait une intrigue ficelée, un début, une fin, serait bien en peine de les trouver, car ce n'est pas cela qui tient ensemble le récit.
A mon sens, cela tient à la langue, à la puissance d'évocation, à la poésie qui se dégage des mots choisis et agencés avec fougue et talent, au rythme et à la vérité dont on est frappés à la lecture.
Il suffit, pour s'en rendre compte, de se reporter aux extraits présentés ci-dessous.
Il n'y a pas vraiment de sens ou de lien causal entre un paragraphe et un autre, cependant j'ai été enchantée par les mots de Christian Bobin, qui ont fait naître des émotions éloignées de tout scénario entendu, de toute stimulation factice : j'étais émue, me figurant très bien soudain ce dont il était question, ressentant intimement certaines choses comme des évidences, comme s'il se serait agi d'expériences personnelles, de visions extraites de mes souvenirs propres. Il y a de l'universel dans la façon dont Bobin dit le monde.
L'auteur, en effet, marie les mots entre eux pour en faire émerger des alliances improbables, et néanmoins empreintes d'une charge émotionnelle brute.
C'est intense, surprenant, authentique, malaisé à expliquer.
Je dirais qu'il faut en faire l'expérience pour soi ; je vous souhaite le même voyage que celui qu'elle m'a réservé.
Pour vous si...
- Vous goûtez les mots et tout ce qu'ils renferment
- Vous appréciez les expériences singulières de lecture, et êtes prêt pour cela à vous éloigner des sentiers battus
Morceaux choisis
"L'odeur de la jacinthe - si forte qu'elle m'arrache au sortilège de ma lecture pour me faire admirer la grâce de mon agonie."
"La vie a une densité explosive. Un minuscule caillou contient tous les royaumes.
Il n'y a qu'une seule vie et elle est sans fin."
"J'ai mon échec sous les yeux : un bouquet de mimosa dans un pot à eau. Il a ensoleillé mon petit déjeuner, embaumé ma journée et je suis incapable de faire un portrait de lui à la hauteur de sa générosité."
"Il y a dans le monde des coccinelles et des banquiers. Les deux sont nécessaires pour que les miracles continuent avec leur arrière-fond de désastre."
Note finale
3/5
(pénétrant)
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