Quel étrange titre, quelle étrange couverture que ceux de ce roman très japonais, n'est-il pas ?
Un homme au terrible passé s'engage dans une équipe chargée d'aller construire un barrage dans la montagne. Après des jours de marche, ils parviennent à proximité d'un hameau, et se mettent au travail. Lorsque le barrage sera construit, le village sera englouti. Les habitants, pourtant, demeurent là, et les ouvriers venus édifier le barrage se tiennent à distance.
Alors que l'homme semble obsédé par le souvenir du meurtre de sa femme, qu'il a commis et pour lequel il a été emprisonné, les ouvriers agissent de plus en plus en conquérants, s'appropriant une source d'eau chaude, pillant les ressources, et l'un d'eux se rend bientôt coupable de viol sur une jeune fille du village. Peu après, celle-ci est découverte pendue à un arbre, en marge du village. Nul n'ose venir la décrocher, si bien que son cadavre reste suspendu là des jours, des semaines, rappelant à tous l'injustice et la violence dont elle a été victime.
Quel étrange récit que Le convoi de l'eau...
J'avais lu il y a bien des années un autre roman de l'auteur sur le conseil de Nombre Premier, Naufrages. Cette lecture m'avait laissé un sentiment inhabituel, une impression très particulière, que j'ai retrouvé à la lecture du Convoi de l'eau.
L'auteur nous attire loin des sentiers battus, dans un cadre tout à fait étranger, à la limite de la civilisation telle que nous la connaissons, et nous fait observer la façon dont les nôtres se débattent, aux prises avec leur propre humanité.
Les ouvriers portent les stigmates d'une société malade, eux qui, là d'où ils viennent, n'étaient personne, veulent soudain dominer, posséder.
Face à eux, des villageois qui, à de nombreux égards, sont bien plus dignes et droits, cultivent leurs propres croyances, vivent dans une nature qu'ils ne cherchent pas à déformer, à faire ployer sous leur volonté. Le récit ne verse cependant pas dans le manichéisme, bien au contraire, et ne cherche pas à dépeindre les villageois comme de "bons sauvages", à la manière de certains récits du XVIIIe siècle, et les ouvriers comme des hommes dénaturés et dangereux.
Parmi eux, le protagoniste est sans doute le meilleur exemple qui soit : lui, le meurtrier, coupable d'un féminicide brutal, lui seul bravera les interdits pour offrir à la jeune fille morte des rites funéraires.
De la noirceur et de l'inconnu, une poésie se détache, s'élève, et rend le texte insaisissable, unique.
Là où nul ne l'attend plus, la rédemption est possible.
Libres pensées...
Un homme au terrible passé s'engage dans une équipe chargée d'aller construire un barrage dans la montagne. Après des jours de marche, ils parviennent à proximité d'un hameau, et se mettent au travail. Lorsque le barrage sera construit, le village sera englouti. Les habitants, pourtant, demeurent là, et les ouvriers venus édifier le barrage se tiennent à distance.
Alors que l'homme semble obsédé par le souvenir du meurtre de sa femme, qu'il a commis et pour lequel il a été emprisonné, les ouvriers agissent de plus en plus en conquérants, s'appropriant une source d'eau chaude, pillant les ressources, et l'un d'eux se rend bientôt coupable de viol sur une jeune fille du village. Peu après, celle-ci est découverte pendue à un arbre, en marge du village. Nul n'ose venir la décrocher, si bien que son cadavre reste suspendu là des jours, des semaines, rappelant à tous l'injustice et la violence dont elle a été victime.
Quel étrange récit que Le convoi de l'eau...
J'avais lu il y a bien des années un autre roman de l'auteur sur le conseil de Nombre Premier, Naufrages. Cette lecture m'avait laissé un sentiment inhabituel, une impression très particulière, que j'ai retrouvé à la lecture du Convoi de l'eau.
L'auteur nous attire loin des sentiers battus, dans un cadre tout à fait étranger, à la limite de la civilisation telle que nous la connaissons, et nous fait observer la façon dont les nôtres se débattent, aux prises avec leur propre humanité.
Les ouvriers portent les stigmates d'une société malade, eux qui, là d'où ils viennent, n'étaient personne, veulent soudain dominer, posséder.
Face à eux, des villageois qui, à de nombreux égards, sont bien plus dignes et droits, cultivent leurs propres croyances, vivent dans une nature qu'ils ne cherchent pas à déformer, à faire ployer sous leur volonté. Le récit ne verse cependant pas dans le manichéisme, bien au contraire, et ne cherche pas à dépeindre les villageois comme de "bons sauvages", à la manière de certains récits du XVIIIe siècle, et les ouvriers comme des hommes dénaturés et dangereux.
Parmi eux, le protagoniste est sans doute le meilleur exemple qui soit : lui, le meurtrier, coupable d'un féminicide brutal, lui seul bravera les interdits pour offrir à la jeune fille morte des rites funéraires.
De la noirceur et de l'inconnu, une poésie se détache, s'élève, et rend le texte insaisissable, unique.
Là où nul ne l'attend plus, la rédemption est possible.
Pour vous si...
- Vous aimez naviguer en mers inconnues
- Vous ne pouvez pas résister au style japonais dans toute sa splendeur
Note finale
5/5
(coup de coeur)
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