Voici un livre qui orne ma PAL depuis des années, et que j'ai été fort ravie de découvrir inopinément dans ma bibliothèque de quartier : j'ai nommé, De toutes les nuits, les amants.
Fukuyo est correctrice, et travaille depuis peu en free-lance dans l'édition.
Solitaire, elle cultive la distance entre les autres et elle, et ignore tout sentiment passionnel, tout engouement dans son quotidien : les romans qu'elle corrige ne lui laissent aucun souvenir, elle ne s'attache qu'à y débusquer des fautes à rectifier ; elle se tient éloignée de ses collègues de travail, n'a ni ami ni famille proche avec qui elle entretiendrait des liens de connivence.
Cependant, deux personnes vont s'immiscer dans sa vie, chacun à leur manière : Hujiri, une femme extravertie avec laquelle elle est en contact professionnel, et M. Mitsutsuka, professeur de physique dont elle apprécie la compagnie.
Il faut dire qu'il existe une chose qui fascine Fukuyo : la lumière.
A la manière de nombreux romans japonais, on se retrouve immédiatement plongé dans une atmosphère étrange, que l'on se représente et que l'on ressent facilement grâce à la description des lieux, des habitudes, des petites choses du quotidien.
Et, de nouveau, à la manière de nombreux romans japonais, on découvre et l'on se familiarise avec des protagonistes qui ne ressemblent pas aux personnages habituels de romans occidentaux, il s'agirait davantage d'anti-héros, d'hommes et de femmes qui se distinguent de leurs semblables mais non d'une manière qui permette aux lecteurs de s'identifier, non par le biais de traits saillants particulièrement nobles.
Ici, il s'agit de l'absence apparente de sentiments, d'émotions, d'intérêt. A cet égard, Fukuyo est difficile à cerner : le lien qu'elle développe avec Hujiri et M. Matsutsuko est improbable et pour partie inexplicable. Mais c'est cela qui confère au récit une saveur particulière : j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à des personnages presque réels, tant leurs imperfections étaient visibles et de l'ordre de celles que l'on croise chez nos pairs, ou en soi.
L'intrigue se dévoile peu à peu, et comme dans la vie, on prend avec le temps connaissance de ce qui sous-tend les particularités des uns et des autres, les secrets inavouables et pourtant si humains, les complexes, les peurs, ce qui abreuve les sentiments de solitude et de vide.
J'ai aimé ce roman qui ne prétend pas me raconter une histoire selon un modèle pré-déterminé, en suivant un story-board et un rythme pensés pour faire naître chez le lecteur des émotions vives, et partant, un peu factices aussi. C'est un roman au contraire qui parle de protagonistes humains, défectueux, qui peuvent ou non se chercher, et peinent à creuser leur sillon dans une société qui laisse peu de place (et aucune visibilité) aux êtres fêlés et un peu différents.
"Il me semblait comprendre que ces livres répondaient d'un côté au désir de quelqu'un de transmettre quelque chose, d'un autre côté au désir de quelqu'un de recevoir quelque chose, une aide, un conseil. Choisirai-je l'amour ou une carrière professionnelle? Ou les deux? Ferai-je le choix de vivre seule, ou celui d'une vie entière avec quelqu'un? Aurai-je des enfants, ou pas? Quels sont les avantages et les inconvénients de tel ou tel choix? Quel renoncement implique telle décision, et qu'y gagnerai-je? Voilà ce dont ces livres parlaient."
"Je suis seule, j'ai pensé.
J'avais toujours été seule, si longtemps, je pensais qu'il n'était pas possible de l'être plus, et pourtant, là, j'étais vraiment seule. Avec tout ce monde autour, avec tous ces endroits partout, cette infinité de bruits et de couleurs compactés, et pas un seul vers lequel je puisse tendre la main. Aucun ni personne pour m'appeler. Ni dans le passé ni dans l'avenir, cela n'existait pas pour moi.
Le synopsis
Fukuyo est correctrice, et travaille depuis peu en free-lance dans l'édition.
Solitaire, elle cultive la distance entre les autres et elle, et ignore tout sentiment passionnel, tout engouement dans son quotidien : les romans qu'elle corrige ne lui laissent aucun souvenir, elle ne s'attache qu'à y débusquer des fautes à rectifier ; elle se tient éloignée de ses collègues de travail, n'a ni ami ni famille proche avec qui elle entretiendrait des liens de connivence.
Cependant, deux personnes vont s'immiscer dans sa vie, chacun à leur manière : Hujiri, une femme extravertie avec laquelle elle est en contact professionnel, et M. Mitsutsuka, professeur de physique dont elle apprécie la compagnie.
Il faut dire qu'il existe une chose qui fascine Fukuyo : la lumière.
Mon avis
A la manière de nombreux romans japonais, on se retrouve immédiatement plongé dans une atmosphère étrange, que l'on se représente et que l'on ressent facilement grâce à la description des lieux, des habitudes, des petites choses du quotidien.
Et, de nouveau, à la manière de nombreux romans japonais, on découvre et l'on se familiarise avec des protagonistes qui ne ressemblent pas aux personnages habituels de romans occidentaux, il s'agirait davantage d'anti-héros, d'hommes et de femmes qui se distinguent de leurs semblables mais non d'une manière qui permette aux lecteurs de s'identifier, non par le biais de traits saillants particulièrement nobles.
Ici, il s'agit de l'absence apparente de sentiments, d'émotions, d'intérêt. A cet égard, Fukuyo est difficile à cerner : le lien qu'elle développe avec Hujiri et M. Matsutsuko est improbable et pour partie inexplicable. Mais c'est cela qui confère au récit une saveur particulière : j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à des personnages presque réels, tant leurs imperfections étaient visibles et de l'ordre de celles que l'on croise chez nos pairs, ou en soi.
L'intrigue se dévoile peu à peu, et comme dans la vie, on prend avec le temps connaissance de ce qui sous-tend les particularités des uns et des autres, les secrets inavouables et pourtant si humains, les complexes, les peurs, ce qui abreuve les sentiments de solitude et de vide.
J'ai aimé ce roman qui ne prétend pas me raconter une histoire selon un modèle pré-déterminé, en suivant un story-board et un rythme pensés pour faire naître chez le lecteur des émotions vives, et partant, un peu factices aussi. C'est un roman au contraire qui parle de protagonistes humains, défectueux, qui peuvent ou non se chercher, et peinent à creuser leur sillon dans une société qui laisse peu de place (et aucune visibilité) aux êtres fêlés et un peu différents.
Pour vous si...
- Vous avez aimé Les années douces, ou tout autre roman de Harumi Kawakami (une autre Kawakami, donc)
- Vous savez apprécier un récit qui s'écarte des modèles linéaires en matière de littérature
Morceaux choisis
"Il me semblait comprendre que ces livres répondaient d'un côté au désir de quelqu'un de transmettre quelque chose, d'un autre côté au désir de quelqu'un de recevoir quelque chose, une aide, un conseil. Choisirai-je l'amour ou une carrière professionnelle? Ou les deux? Ferai-je le choix de vivre seule, ou celui d'une vie entière avec quelqu'un? Aurai-je des enfants, ou pas? Quels sont les avantages et les inconvénients de tel ou tel choix? Quel renoncement implique telle décision, et qu'y gagnerai-je? Voilà ce dont ces livres parlaient."
"Je suis seule, j'ai pensé.
J'avais toujours été seule, si longtemps, je pensais qu'il n'était pas possible de l'être plus, et pourtant, là, j'étais vraiment seule. Avec tout ce monde autour, avec tous ces endroits partout, cette infinité de bruits et de couleurs compactés, et pas un seul vers lequel je puisse tendre la main. Aucun ni personne pour m'appeler. Ni dans le passé ni dans l'avenir, cela n'existait pas pour moi.
Note finale
3/5
(cool)
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