mardi 15 mars 2016

Vernon Subutex 2, Virginie Despentes

Vous vous souvenez, en janvier, quand je vous parlais du tome 1 de Vernon Subutex, de Virginie Despentes?
Et bien, c'est simple, c'est la suite.



Le synopsis

Vernon s'est donc retrouvé à la rue, avec sur ses traces la Hyène dont la mission est de récupérer à tout prix le dernier enregistrement du regretté Alex Bleach, que Vernon a laissé dans l'appartement de Sylvie, la folle furieuse qu'aucun d'entre nous ne voudrait jamais rencontrer.

Après la bagarre en pleine rue qui a valu à Xavier de se retrouver dans le coma, Vernon a pris ses distances, si bien qu'à présent, ses anciens potes le cherchent partout.

Lorsque la Hyène parvient à mettre la main sur l'enregistrement, elle découvre qu'il concerne une ancienne conquête de celui qui l'a mandatée, Vodka Satana, déjà évoquée dans le tome 1.
Mais au lieu de restituer la cassette à Dopalet, la Hyène décide de procéder autrement.

Mon avis

C'est assez bizarre, mais je dois vous faire part d'une expérience tout à fait singulière et relativement unique en la matière : ce tome 2 m'a fait l'effet d'un boomerang, un truc qui t'en met plein la figure sans que tu comprennes comment tu as pu ne pas le voir arriver.

Il faut dire que le tome 1 m'avait fait passer un assez bon moment, mais n'avait pas été la révélation de l'année. Alors que ce nouveau volume s'en rapproche de manière troublante.
A l'heure où les sagas ne sont bonnes qu'à décliner en termes de qualité, et où l'intérêt décroît à mesure que la lecture avance (bonjour Suzanne Collins, Veronica Roth et autres Diana Gabaldon et Stephanie Meyer, qui vous êtes évertuées à faire croire à des milliers de lecteurs que nous étions condamnés à ne connaître que des tomes 2, 3 voire 4 infiniment décevants par rapport au premier) (déso Virginie de mettre le nom de ces dindes dans un post sur ton livre), Vernon Subutex 2 a été mon étoile filante, ma potatoe égarée dans ma frite géante classique.

Je ne saurais pas vraiment définir précisément ce qui a pris qui n'avait pas pris dans le premier livre, mais force est de constater que l'agacement que j'avais ressenti en lisant certaines pérégrinations de Vernon s'est complètement dissipé, et que les tribulations des uns et des autres m'ont absorbée.
A la réflexion, il est possible que le personnage de Vernon, très central dans le premier volume, ne me soit pas particulièrement sympathique ou intéressant ; dans ce nouveau volume où il apparaît beaucoup moins, bien qu'il reste présent dans les conversations des protagonistes, j'ai eu plaisir à suivre l'évolution de la Hyène et d'Anaïs, d'Aïcha, de Céleste, d'Antoine Dopalet, de Charles et Véro, de Daniel, de Pamela Kant, et même de Loïc et de ses supers copains.

Il y a toujours ce style alerte, qui ne mâche pas ses mots, cette étrange combinaison de registre familier, parfois un peu rugueux, et de musicalité dans le phrasé, qui fait qu'on prend goût à la prose détonante et personnelle de Virginie Despentes.
C'est le quotidien raconté avec verve, qui prend soudain corps, qui captive, au lieu d'ennuyer et de rebuter comme il le fait habituellement sous la plume d'auteurs moins habiles - ou plus banals.

Les quatre cents pages se dévorent comme un sandwich Marks & Spencer (ou plutôt comme 36 sandwichs M&S, à raison de cinq minutes par sandwich, mais pas à la suite bien sûr), c'est fabuleux.

Inutile de vous dire que j'attends le tome 3 de pied ferme, avec fièvre et curiosité.


Pour vous si...
  • Le tome 1 vous a au moins un peu plu ;
  • Vous êtes friands de récits actuels avec un style vivant, qui ne donne pas l'impression d'évoluer dans la littérature avec deux siècles de retard.

Morceaux choisis

"C'était donc ça, le secret de l'argent : sentir assez d'espace pour se permettre des mouvements d'âme."

"L'adoption, la PMA, le mariage - je suis contre pour tout le monde. Je suis favorable à la stérilisation de l'ensemble de la population, dès la puberté. On est sept milliards. Tu crois pas que ça suffit comme ça? Il faut ralentir la cadence, urgemment. Je vois les gens avec des poussettes, je regarde leurs gueules, et je me dis : mais pourquoi? Qu'est-ce que vous croyez que vous faites, là, à vous reproduire? On n'a pas besoin de votre génétique à la con, arrêtez la mégalomanie. Faites de la peinture si vous voulez vous occuper. Mais ne nous faites pas chier avec votre progéniture."

"Elle avait essayé d'être pédagogue : sur le frigo elle avait accroché la liste de toutes les tâches régulières : vaisselle, poubelles, lessives, ranger le linge, nettoyer les WC, la baignoire, faire les sols, les fenêtres, ranger la chambre de la petite, la poussière, le frigidaire, la salle de bains... Ça avait marché : il descendait les poubelles. Chaque fois qu'il le faisait, il fallait qu'il annonce avec fierté : "Je te descends les poubelles". "


Note finale
4/5
(très bon)

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