Le titre envoyait du lourd, je ne voyais pas comment passer à côté du roman de Jean-Louis Fournier et de son humour apparent.
Finalement, pas trop de blagues de mauvais goûts ou de métaphore filée sur la mer (ou pas trop), j'étais presque désappointée.
Le synopsis
Le narrateur raconte sa mère, une femme d'apparence distante et froide, mariée jeune à un homme alcoolique qui a fait de sa vie une déception continuelle, un chemin de croix.
Mon avis
Le narrateur raconte sa mère à travers ses souvenirs d'enfance, ce qu'il a su d'elle et ce qu'il tente de saisir, des années après sa mort ; le récit ne ressemble pourtant pas à un témoignage, dans la mesure où les souvenirs sont romancés, racontés avec une certaine verve, et le narrateur n'est guère complaisant envers son père ou lui-même.
Le point de départ est le mariage de ses parents, sa mère a une petite vingtaine d'années, et mettra trois enfants au monde. Et réalisera vite que son époux souffre d'un mal qui va détruire le foyer à petit feu, l'alcoolisme.
A mesure que l'intrigue se noue, au comprend combien l'alcoolisme a dû être au centre du quotidien de la famille, s'efforçant de vivre avec, connaissant par cœur les chutes du père, les pièges dans lesquels il tombe, sa personnalité dédoublée, celle du matin, fringante et fiable, et celle du soir, lorsqu'il rentre invariablement ivre, en pièces, buvant sans fin l'argent du ménage.
Lorsque son épouse trouve un travail pour assurer la subsistance de la famille, il le lui reproche, voudrait l'en empêcher, car une femme de médecin ne doit pas travailler, elle n'en a pas besoin.
On appréhende une réalité sociale à travers le comportement anti-conformiste de la mère, qui va à contre-courant de ce que son statut social exigerait d'elle, et l'on comprend ainsi mieux le contexte, l'environnement qui est celui du foyer.
Le roman de Fournier se lit aisément, l'écriture est fluide et laisse transparaître les émotions qu'il n'a visiblement pas su manifester à sa mère.
Avec Ma mère du Nord, il nous offre un portrait de femme, et en creux, un portrait de fils qui s'astreint à une entreprise que l'on pressent douloureuse, en voulant dépeindre sa mère, cette femme qui a dû connaître tout au long de sa vie une étrange solitude.
Pour vous si...
- Vous vous intéressez à la réalité du quotidien des gens, derrière la façade et les apparences convenables
- Vous aimez bien les livres qui parlent des mamans (Le livre de ma mère, etc).
Morceaux choisis
"A l'école, les parents, c'était ma mère. Notre père avait dû oublier qu'il avait des enfants. Elle était veuve en pire."
"Ne va-t-elle pas me reprocher de l'avoir canonisée? Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une déclaration d'amour, que j'essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l'aimais, sauf dans les compliments de la fête des Mères dictés par la maîtresse?
Comprendre que je l'ai écrit pour la faire revivre.
Parce qu'elle me manque."
Note finale
3/5
(cool)
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