La lecture des Evaporés, il y a quelques années, avait été une déception.
Il m'avait semblé que le roman manquait de substance, qu'il peinait à prendre corps, à emporter le lecteur dans un lointain pourtant exotique, le Japon.
Lorsque j'ai appris que son dernier roman figurait dans la première sélection du Prix Goncourt 2015, j'ai donc été sévèrement surprise.
Depuis, le titre me trottait dans la tête, je m'étais dit qu'il serait dommage de passer à côté d'un bon livre par défiance ou du fait d'une mauvaise expérience.
C'est donc résolument que je me suis dirigée, lors de ma dernière excursion en bibliothèque parisienne, vers Il était une ville.
Adieu Japon, Bonjour Detroit.
Plusieurs personnages à Detroit, à l'issue de la crise qui a sinistré la ville en 2008.
La blague est connue de tous : que le dernier qui parte éteigne la lumière.
Dans ce contexte, Eugène, ingénieur français, tâche de se débattre pour mener à bien un projet que sa société, une entreprise automobile, lui a confié. A mesure que les jours passent, il se retrouve de plus en plus seul, la maison-mère ne répond plus, comme s'il n'existait plus, comme s'il avait été abandonné à son sort.
Il y a aussi Charlie, que la grand-mère Georgia chérit, et qui disparaît un beau jour avec son ami Bill, sans laisser derrière lui la moindre trace.
Le roman raconte leur parcours.
Comme pour les Evaporés, il me semble, avec Il était une ville, que le talent de l'auteur se confirme en matière de choix de sujet, et je pense que c'est là son plus grand atout : alors que les étales des librairies débordent de romans dont les synopsis convenus écartent vigoureusement toute perspective de mystère, Thomas B. Reverdy excelle à se concentrer sur un thème qui intrigue, qui titille, qui retient l'attention avant même que de se plonger dans l'oeuvre (en lisant la 4e de couverture, donc) : pour les Evaporés, il s'agissait de ces hommes et femmes qui disparaissent sans laisser de trace, font table rase du passé et ne laissent aucune adresse à leurs proches, phénomène en soi inquiétant et fascinant; et pour Il était une ville, le décor, à savoir la ville de Detroit dans le contexte de post-crise de 2008, ouvrait un grand nombre de possibilités.
Malheureusement, comme dans son précédent ouvrage, j'ai eu l'impression que l'auteur ne tirait pas parti de ces si bons sujets. Assez rapidement, on verse dans un récit qui manque de saveur et de piquant. Je me suis vite désintéressée du sort des uns et des autres, aucun rebondissement n'étant propre à me sortir de la léthargie dans laquelle la lecture m'avait plongée.
Je n'ai, de nouveau, pas eu le sentiment de créer le moindre lien avec l'un des personnages décrits, qui sont un peu "hollow" comme James Blunt à la sortie du métro, transparents, à la limite de l'inconsistance. Pas de saillance à laquelle se raccrocher, pas d'intimité, même les histoires d'amour seraient anecdotiques et ne recèlent pas de flamme ou d'ardeur.
Les ingrédients sont pourtant là, sur le papier : il y a un cadre captivant, les situations dans lesquelles se retrouvent les protagonistes semblent contenir assez de matière pour nourrir l'intrigue, et l'auteur prévoit même pour chacun des péripéties qui devraient faire naître toute une flopée d'émotions vives.
Mais cela ne suffit pas à prendre, en ce qui me concerne en tout cas, la langue est assez commune et ne porte pas le récit bien loin en terme d'ambition littéraire.
Une lecture qui n'a pas remporté mon adhésion, et qui me conforte tristement dans l'idée que Thomas et moi, ça ne colle pas.
"Ça avance souvent comme ça, une enquête. Tu relies les petits points, tu plies selon les pointillés, ça finit par faire des motifs. Comme dans un roman."
"L'avenir, même quand il n'y en a plus, il faut bien qu'il arrive." (Je vous laisse méditer sur la profondeur et la charge poétique extrême de cette phrase bien sentie)
Il m'avait semblé que le roman manquait de substance, qu'il peinait à prendre corps, à emporter le lecteur dans un lointain pourtant exotique, le Japon.
Lorsque j'ai appris que son dernier roman figurait dans la première sélection du Prix Goncourt 2015, j'ai donc été sévèrement surprise.
Depuis, le titre me trottait dans la tête, je m'étais dit qu'il serait dommage de passer à côté d'un bon livre par défiance ou du fait d'une mauvaise expérience.
C'est donc résolument que je me suis dirigée, lors de ma dernière excursion en bibliothèque parisienne, vers Il était une ville.
Adieu Japon, Bonjour Detroit.
Le synopsis
Plusieurs personnages à Detroit, à l'issue de la crise qui a sinistré la ville en 2008.
La blague est connue de tous : que le dernier qui parte éteigne la lumière.
Dans ce contexte, Eugène, ingénieur français, tâche de se débattre pour mener à bien un projet que sa société, une entreprise automobile, lui a confié. A mesure que les jours passent, il se retrouve de plus en plus seul, la maison-mère ne répond plus, comme s'il n'existait plus, comme s'il avait été abandonné à son sort.
Il y a aussi Charlie, que la grand-mère Georgia chérit, et qui disparaît un beau jour avec son ami Bill, sans laisser derrière lui la moindre trace.
Le roman raconte leur parcours.
Mon avis
Comme pour les Evaporés, il me semble, avec Il était une ville, que le talent de l'auteur se confirme en matière de choix de sujet, et je pense que c'est là son plus grand atout : alors que les étales des librairies débordent de romans dont les synopsis convenus écartent vigoureusement toute perspective de mystère, Thomas B. Reverdy excelle à se concentrer sur un thème qui intrigue, qui titille, qui retient l'attention avant même que de se plonger dans l'oeuvre (en lisant la 4e de couverture, donc) : pour les Evaporés, il s'agissait de ces hommes et femmes qui disparaissent sans laisser de trace, font table rase du passé et ne laissent aucune adresse à leurs proches, phénomène en soi inquiétant et fascinant; et pour Il était une ville, le décor, à savoir la ville de Detroit dans le contexte de post-crise de 2008, ouvrait un grand nombre de possibilités.
Malheureusement, comme dans son précédent ouvrage, j'ai eu l'impression que l'auteur ne tirait pas parti de ces si bons sujets. Assez rapidement, on verse dans un récit qui manque de saveur et de piquant. Je me suis vite désintéressée du sort des uns et des autres, aucun rebondissement n'étant propre à me sortir de la léthargie dans laquelle la lecture m'avait plongée.
Je n'ai, de nouveau, pas eu le sentiment de créer le moindre lien avec l'un des personnages décrits, qui sont un peu "hollow" comme James Blunt à la sortie du métro, transparents, à la limite de l'inconsistance. Pas de saillance à laquelle se raccrocher, pas d'intimité, même les histoires d'amour seraient anecdotiques et ne recèlent pas de flamme ou d'ardeur.
Les ingrédients sont pourtant là, sur le papier : il y a un cadre captivant, les situations dans lesquelles se retrouvent les protagonistes semblent contenir assez de matière pour nourrir l'intrigue, et l'auteur prévoit même pour chacun des péripéties qui devraient faire naître toute une flopée d'émotions vives.
Mais cela ne suffit pas à prendre, en ce qui me concerne en tout cas, la langue est assez commune et ne porte pas le récit bien loin en terme d'ambition littéraire.
Une lecture qui n'a pas remporté mon adhésion, et qui me conforte tristement dans l'idée que Thomas et moi, ça ne colle pas.
Pour vous si...
- Vous n'êtes jamais rassasié par le comique de répétition, et adorez que l'on vous rabâche la même blague à l'infini.
- La prose mirifique et audacieuse de Thomas vous enhardit, que dis-je, elle vous éblouit (cf ci-dessous)
Morceaux choisis
"Ça avance souvent comme ça, une enquête. Tu relies les petits points, tu plies selon les pointillés, ça finit par faire des motifs. Comme dans un roman."
"L'avenir, même quand il n'y en a plus, il faut bien qu'il arrive." (Je vous laisse méditer sur la profondeur et la charge poétique extrême de cette phrase bien sentie)
Note finale
2/5
(pas mal)
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