jeudi 10 mars 2016

L'homme idéal existe. Il est Québécois, Diane Ducret

Le titre complètement aguicheur, fantasque et assumé, ne pouvait faire naître que deux réactions chez moi : le rejet absolu consécutif à une catégorisation abusive sur la base d'a priori grinçants, ou la curiosité, servie par une ouverture d'esprit capricieuse et pas tous les jours au rendez-vous (j'ai le sens de la formule, et, partant, de la litote).
Allez savoir pourquoi, cette fois-ci, c'est la curiosité qui a emporté la mise.
Ce qui m'amène à vous parler des Québécois.



Le synopsis

La narratrice, d'origine basque, nous parle de sa quête de l'homme idéal, des leçons apprises au fil de ses conquêtes amoureuses, des motifs pour lesquels vous pouvez être comblée ou non auprès d'un surfeur, d'un rugbyman ou d'un berger, de la typologie des connards parisiens, et en vient au fait : lorsqu'elle rencontre Gabriel, il a tout, pour elle, de l'homme idéal.
Accessoirement, il est Québécois.
Aussi, lorsqu'elle débarque au Québec pour passer une semaine avec lui, elle se retrouve confrontée à toutes les singularités de cet homme (qui ne sont pas que lexicales), et éprouve petit à petit leur compatibilité.

Mon avis

Je ne vais pas vous la faire à l'envers (je vous respecte trop pour ça) (quelle sournoise), ce roman est un parfait divertissement, mais ne pourvoira pas à vos attentes si vous êtes à la recherche d'une lecture intellectuelle, qui vous oriente dans la marche à suivre pour refaire le monde et qui soit porteuse au sens au point de révolutionner votre vie et votre vision de toute chose.

A présent que cela est dit, il faut rendre à César ce qui est à César, et à Diane ce qu'elle a semé : son roman est une mine de réjouissances et de formules humoristiques au possible, elle tourne en dérision tout ce qui passe à sa portée, hommes, femmes, (surtout hommes en fait, réflexion faite) tout est bon à prendre, et sa prose est en cela absolument délicieuse.
Je vous engage fortement à lire les extraits ci-dessous pour vous en faire une idée par vous-même.

La première partie, menant à la rencontre avec Gabriel, est sans doute celle qui m'a le plus convaincue, le passage en revue des hommes qu'elle a rencontrés, des petits travers des uns et des autres, et le récit de la rencontre avec le fameux Québécois, sont un monument de drôlerie et de second degré.
Par la suite, l'excursion en territoire Québécois est assurément dépaysante, et la confrontation aux expressions locales est désopilante : l'auteur surfe sur cette vague du début à la fin du livre, jouant sur les malentendus, les incompréhensions, les formulations étranges et les termes à la signification radicalement distincte de part et d'autre de l'Atlantique, et pour quelqu'un qui s'y connaît peu comme c'est mon cas, tout cela fait du roman une lecture rafraîchissante.
Fort heureusement, l'auteur parvient en plus à éviter de servir une fin mielleuse qui m'aurait probablement agacée, et prend pour finir un recul qui permet d'étoffer un peu le récit en révélant des traits de Gabriel qu'elle n'avait pas perçus sur le moment.

Je recommande donc assez largement ce livre amusant, qui vous fera passer, sans le moindre doute, un agréable moment.


Pour vous si...
  • Les expressions idiomatiques du Québec vous fascinent ;
  • Vous avez une expérience quelconque des connards parisiens, et la perspective de lire les déboires d'une autre et de constater que vous n'êtes pas la seule en proie aux affres de la séduction dans la capitale, vous réjouit.

Morceaux choisis

"Le berger ponctue toutes ses phrases d'un simple mot : "Dia!", une interjection bien commode pour exprimer la joie, l'étonnement, la surprise, la colère, la rancœur, et même l'ironie. Ce qui raccourcit sévèrement les dialogues..."

"Mais d'où vient cette insécurité qui nous fait toutes nous poser ces questions à la vitesse d'un hamster dans sa roue? C'est comme si on attendait déjà le moment où l'autre va nous décevoir et révéler son vrai visage : une tête de con."

"Je crois que je viens de percer à jour le secret du demi-sourire de Mona Lisa. Un type vient de lui dire : "Je suis pas prêt". Elle tente de garder la tête haute, affiche une mine timide, mais ses yeux disent : "Je vais te faire la peau, et de la taxidermie avec"."


Note finale
3/5
(cool)

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