lundi 12 février 2018

Appelle-moi par ton nom, André Aciman

Appelle-moi par ton nom est le premier roman de l'écrivain américain d'origine égyptienne André Aciman, paru en 2007 et traduit en français en 2008. L'adaptation cinématographique a remis le roman sur le devant de la scène...


Libres pensées...

Elio a 17 ans, il vit avec ses parents sur la côte italienne. L’été, ils accueillent des écrivains en quête d’un havre pour écrire. Cet été-là, il voit débarquer Oliver, jeune universitaire américain de 24 ans, dont il tombe sous le charme. Incertain lui-même de comprendre le désir qu’il éprouve, il cherche et fuit Oliver tour à tour, dont il peine à décrypter le comportement à son égard. Il trouve auprès de son père un regard plein de sagesse et de bienveillance.

Appelle-moi par ton nom est un roman d'une intense sensualité : le récit se développe autour des sensations d'Elio, entremêlées de pensées qui reflètent la confusion de ses sentiments adolescents, là où ce qu'il ressent physiquement est très clair. Elio est en effet en proie aux affres adolescentes des premières amours, qui le tourmentent vivement.

La première partie du roman est à ce titre éblouissante, car le lecteur est immédiatement plongé dans le cadre édénique du bord de mer italien en plein été, propice à la paresse et au foisonnement des sens.

Cependant, la progression peut paraître lente au lecteur, qui entrevoit dès les premières pages le cœur du sujet et ce vers quoi tend Elio. L’auteur joue sur la tension qu’il fait naître, qui se développe, et la confusion qui l’entoure, mais peut parfois perdre le lecteur en route. 

Le personnage d’Elio, le protagoniste, inspire l’empathie, de par les doutes qui l’habitent et son authenticité.
Face à lui, Oliver est plus difficile à cerner, certainement parce qu’il est vu à travers les yeux d’Elio; il intrigue, intéresse.
Autour de ces deux protagonistes, on apprécie le comportement bienveillant du père d’Elio, qui constitue une présence apaisante dans le récit. Les femmes, en revanche, sont très peu présentes, et constituent principalement un obstacle entre Elio et Oliver.

Je me suis plu auprès d'Elio et de sa famille, au coeur de ce petit village italien en plein été, et j'ai apprécié la richesse du roman qui aborde, au travers de la romance d'Elio, de nombreux sujets : l’écart d’âge (même s’il n’est que de 7 ans, Elio est encore adolescent), l’homosexualité, la judéité (l’auteur insistant sur ce point à certains moments, soulignant qu’il s’agit pour Elio d’un attrait d’Oliver), et, en creux, la relation entre Elio et son père, faite de confiance et d’ouverture.

A l'issue de la lecture, le cadre enchanteur me manque déjà, au point de me prendre à vouloir voir l'adaptation cinématographique, en espérant qu'elle soit à la hauteur...

Pour vous si...
  • Vous n'entendez rien aux étiquettes sexuelles que l'on se colle les uns aux autres (pas littéralement).
  • Vous êtes prêt à ne plus jamais voir les pêches de la même manière...

Morceaux choisis

"Immobile, serrant dans ses bras ses genoux repliés, il écoutait le clapotis des vaguelettes contre les rochers au-dessous de lui. Le regardant maintenant de la balustrade, je ressentis quelque chose de si tendre pour lui que cela me rappela avec quelle ardeur j'avais pédalé jusqu'à B. pour le rattraper avant même qu'il ne fût entré dans le bureau de poste. C'était la meilleure personne que j'eusse jamais connue. Je l'avais bien choisi."

"Pendant des semaines j'avais cru voir dans ce regard une impudente hostilité. J'étais loin de la vérité. C'était simplement la façon dont un homme timide soutient le regard de quelqu'un d'autre.
Nous étions, je commençais enfin à le comprendre, les deux êtres les plus timides au monde."

"S'il y a du chagrin, chéris-le, et s'il y a une flamme, ne l'éteins pas, ne sois pas brutal avec elle... Le manque peut être une chose terrible quand il nous tient éveillé la nuit, et voir les autres nous oublier plus vite qu'on ne voudrait être oublié n'est pas mieux... Nous arrachons tant de nous-mêmes pour guérir plus vite qu'il ne le faut, qu'à trente ans nous sommes démunis et avons moins à offrir chaque fois que nous commençons avec quelqu'un de nouveau. Mais ne rien ressentir pour ne rien ressentir - quel gâchis !"

"Des taches de vieillesse. Elles me brisaient le coeur, et j'aurais voulu enlever d'un baiser chacune d'elles."

Note finale
3/5
(cool)

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