lundi 1 octobre 2018

Femme prenant plaisir à ses fureurs, Marie Billetdoux

Marie - ou Raphaële, de son véritable prénom - Billetdoux est un écrivain français, connue notamment pour le roman Mes nuits sont plus belles que vos jours. Elle a publié une quinzaine de romans, et a également écrit pour le théâtre. Femme prenant plaisir à ses fureurs est un récit autobiographique. 


Libres pensées...

L’auteur livre un roman autobiographique distancié, en se distinguant de son propre personnage (qui devient « elle », à la troisième personne du singulier), et en se centrant tant sur sa mère, Evelyne Colin, que sur sa propre personne, Raphaële Billetdoux.

Le récit, comptant près de 400 pages, a pour atout majeur une prose et une voix inédites, dont on se délecte à la lecture. Et c'est indispensable, car la structure du roman ne suit pas une approche linéaire ou chronologique, et ressemble à la reconstitution d'une série d'anecdotes et d'états d'âme pris dans le conflit sans fin opposant une mère à sa fille, relation ambivalente et inextricable.
En effet, le roman explore en particulier les personnages d’Evelyne Colin, et celui de sa fille, Raphaële Billetdoux,et si de nombreux personnages interviennent en second plan - Mitoux, la grand-mère, François Billetdoux, O. la sœur de Raphaële, Paul son conjoint, mais aussi Jean Prat, et d’autres qui ont croisé le chemin de la mère -, on en revient sans cesse à ce noyau d'origine, à ce lien que la narratrice analyse, revisite, éclaire, dissèque avec fureur.

Pour ma part, c'est le style qui m'a tenue en haleine, bien plus que la structure ou les faits relatés, s'apparentant bientôt à des digressions, à des frustrations ressassées qui n'ont pas été dites ou comprises, et, en tout état de cause, jamais résolues. Les dialogues rapportés sont nombreux et apportent un souffle au texte, le rendant dynamique et varié.

Le contexte m'a aussi paru intéressant – en particulier l’enfance et l’adolescence d’Evelyne, qui devient une jeune femme ambitieuse et libre, avant de choisir de se mettre en ménage avec François Billetdoux, et par là même de se consacrer à une vie d’épouse et de mère. Cette partie est cependant mineure dans l’intégralité du roman, qui par suite aborde plus précisément la vie d’adulte d’Evelyne puis de Raphaële, leurs désaccords et les frustrations de Raphaële.

Pour vous si...
  • Vous n'êtes pas particulièrement attaché à l'idée d'une intrigue ou d'une trame
  • Explorer une relation mère-fille sous toutes ses coutures vous interpelle en revanche vivement
Morceaux choisis

"Ma mère, elle a toutes les qualités que je n'ai pas [...]. Je sens combien je ressemble davantage à Mr Colin dans cette manière que j'ai de prendre plaisir à mes fureurs et à me monter la tête sur tout ce que je n'ai pas eu dans mon enfance. De plus j'aime ma colère. Dons il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce que j'expulse de moi..."

"Peu après Mitou développait le "cancer de ceux à qui on a fait une crasse", bien connu en décodage biologique : le cancer du pancréas."

Note finale
2/5
(pas mal)

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