Il ne faut pas négliger ses classiques, dit-on.
L'un d'entre eux a été porté à ma connaissance avec délicatesse, que je n'avais pas lu.
J'ai tâché de rattraper le temps perdu.
J'ai tâché de rattraper le temps perdu.
Le synopsis
Aurélien rencontre Bérénice et la trouve laide.
Inexplicablement pourtant, et sous l'impulsion de son ami Edmond, le cousin de Bérénice, il conçoit bientôt pour elle une curiosité, un élan, et enfin, de l'amour.
Mais Bérénice est mariée, et si elle ressent pour Aurélien des sentiments qu'elle peine à dissimuler, leur entourage s'immisce entre eux sous couvert de motifs divers : Blanchette, l'épouse d'Edmond, réprime difficilement l'inclination qu'elle éprouve pour Aurélien, Edmond lui-même se détourne de sa femme pour combler sa maîtresse, abandonnant Blanchette à sa solitude et à sa jalousie, sous les yeux d'une Bérénice déchirée entre sa sollicitude envers sa cousine, et le feu qui l'anime pour Aurélien, tandis qu'un autre lui fait la cour, plus entier dans son désir que ne semble l'être Aurélien.
Inexplicablement pourtant, et sous l'impulsion de son ami Edmond, le cousin de Bérénice, il conçoit bientôt pour elle une curiosité, un élan, et enfin, de l'amour.
Mais Bérénice est mariée, et si elle ressent pour Aurélien des sentiments qu'elle peine à dissimuler, leur entourage s'immisce entre eux sous couvert de motifs divers : Blanchette, l'épouse d'Edmond, réprime difficilement l'inclination qu'elle éprouve pour Aurélien, Edmond lui-même se détourne de sa femme pour combler sa maîtresse, abandonnant Blanchette à sa solitude et à sa jalousie, sous les yeux d'une Bérénice déchirée entre sa sollicitude envers sa cousine, et le feu qui l'anime pour Aurélien, tandis qu'un autre lui fait la cour, plus entier dans son désir que ne semble l'être Aurélien.
Mon avis
Je ne connaissais d'Aragon que ses poèmes et son amour d'Elsa.
Lire sa prose est une belle expérience, j'ai été transportée dans le Paris de l'entre-deux-guerres, celui de Picasso et de Pigalle. Les mœurs y sont peintes avec finesse, on se prête avec plaisir à la valse qui se tisse entre les protagonistes, Aurélien, Bérénice, Edmond, Blanchette, Rose, Paul, Zamora...
Aurélien m'est apparu pour partie insaisissable, son parcours et sa personnalité sont singuliers, il est à la fois nonchalant et résigné, il n'a pas la fougue de Paul Denis ou la cruauté d'Edmond, les femmes se pâment à sa seule pensée, mais "il ne porte pas à conséquence", il n'y a rien de sérieux avec lui, pourtant on ne saurait dire qu'il est absolument léger.
La façon dont il idéalise Bérénice - et dont il a conscience - est surprenante, chez un homme de trente ans, et rappelle les émois adolescents plus que les amours adultes. L'auteur retranscrit merveilleusement combien il est amoureux de l'idée de l'amour plus que de Bérénice, et combien la confrontation entre les illusions dont il se berce et la réalité délite la force de son engouement.
Certains passages sont scéniques : ainsi l'intrigue qui se noue autour du masque exposé dans la chambre d'Aurélien, que Bérénice brise dans un accès de jalousie, où la soirée qu'Aurélien passe à l'opéra entre Blanchette et Bérénice, sans parvenir à rien comprendre du spectacle tant l'absorbe le trouble dans lequel le plonge la proximité de Bérénice, sous le regard blessé de Blanchette.
J'ai été happée à la lecture par une nostalgie, une sorte de renoncement à l'amour dans la vie, du fait de l'infranchissable distance entre une chimère, un idéal, et l'objet réel de cet amour.
Aurélien est un roman qui parle de désillusion et de solitude, sous couvert de nous dire l'histoire d'amour impossible entre Bérénice et Aurélien.
Lire sa prose est une belle expérience, j'ai été transportée dans le Paris de l'entre-deux-guerres, celui de Picasso et de Pigalle. Les mœurs y sont peintes avec finesse, on se prête avec plaisir à la valse qui se tisse entre les protagonistes, Aurélien, Bérénice, Edmond, Blanchette, Rose, Paul, Zamora...
Aurélien m'est apparu pour partie insaisissable, son parcours et sa personnalité sont singuliers, il est à la fois nonchalant et résigné, il n'a pas la fougue de Paul Denis ou la cruauté d'Edmond, les femmes se pâment à sa seule pensée, mais "il ne porte pas à conséquence", il n'y a rien de sérieux avec lui, pourtant on ne saurait dire qu'il est absolument léger.
La façon dont il idéalise Bérénice - et dont il a conscience - est surprenante, chez un homme de trente ans, et rappelle les émois adolescents plus que les amours adultes. L'auteur retranscrit merveilleusement combien il est amoureux de l'idée de l'amour plus que de Bérénice, et combien la confrontation entre les illusions dont il se berce et la réalité délite la force de son engouement.
Certains passages sont scéniques : ainsi l'intrigue qui se noue autour du masque exposé dans la chambre d'Aurélien, que Bérénice brise dans un accès de jalousie, où la soirée qu'Aurélien passe à l'opéra entre Blanchette et Bérénice, sans parvenir à rien comprendre du spectacle tant l'absorbe le trouble dans lequel le plonge la proximité de Bérénice, sous le regard blessé de Blanchette.
J'ai été happée à la lecture par une nostalgie, une sorte de renoncement à l'amour dans la vie, du fait de l'infranchissable distance entre une chimère, un idéal, et l'objet réel de cet amour.
Aurélien est un roman qui parle de désillusion et de solitude, sous couvert de nous dire l'histoire d'amour impossible entre Bérénice et Aurélien.
Pour vous si...
- Les élans aléatoires du cœur vous fascinent.
- Vous vous faites parfois la remarque qu'il n'y a rien de plus merveilleux qu'un homme qui a deux bras.
- Attention si, comme pour moi, Blanchette évoque pour vous un nom de chèvre. Cette image en tête rend la lecture compliquée.
Morceaux choisis
"L'impossibilité du couple est le sujet même d'Aurélien." (préface)
"Cette histoire montre mieux qu'autre chose la lenteur des réactions d'Aurélien. Et qu'il avait dans la vie l'esprit de l'escalier" (un congénère! :))
"La seule chose qu'il aima d'elle tout de suite, ce fut la voix. Une voix de contralto chaude, profonde, nocturne."
"Peut-on dire de Bérénice qu'elle est jolie? Il l'avait trouvée laide, d'abord. Il l'avait mal regardée. La question n'est pas qu'elle soit jolie. Elle est mieux que jolie. Elle est autre chose. Elle a un charme... Voilà ce qu'il y a... il retrouve bien les traits, mais pas le secret de leur charme...comme un mot qui échappe..."
"Ceux qui jamais ne furent saisis par un amour ne comprendront pas Aurélien. Ce recommencement d'Aurélien. Il n'y a peut-être pas au monde de sentiment plus vif, comme le vent au visage, que celui de ce renouveau, qui vient d'avoir dit à une femme : Je vous aime. En même temps, Aurélien retrouve l'estime de lui-même. Il vient de légitimer, mieux que d'excuser, sa vie. Cette flâne, cette irrésolution s'expliquent. Il attendait cette minute. Il lui fallait sa raison d'être. Il avait dû profondément savoir qu'un jour Bérénice viendrait... et elle est venue.[...] Au fond, le siècle d'Aurélien s'écrit en deux mots: il y avait eu la guerre, et il y avait Bérénice."
"Cette histoire montre mieux qu'autre chose la lenteur des réactions d'Aurélien. Et qu'il avait dans la vie l'esprit de l'escalier" (un congénère! :))
"La seule chose qu'il aima d'elle tout de suite, ce fut la voix. Une voix de contralto chaude, profonde, nocturne."
"Peut-on dire de Bérénice qu'elle est jolie? Il l'avait trouvée laide, d'abord. Il l'avait mal regardée. La question n'est pas qu'elle soit jolie. Elle est mieux que jolie. Elle est autre chose. Elle a un charme... Voilà ce qu'il y a... il retrouve bien les traits, mais pas le secret de leur charme...comme un mot qui échappe..."
"Ceux qui jamais ne furent saisis par un amour ne comprendront pas Aurélien. Ce recommencement d'Aurélien. Il n'y a peut-être pas au monde de sentiment plus vif, comme le vent au visage, que celui de ce renouveau, qui vient d'avoir dit à une femme : Je vous aime. En même temps, Aurélien retrouve l'estime de lui-même. Il vient de légitimer, mieux que d'excuser, sa vie. Cette flâne, cette irrésolution s'expliquent. Il attendait cette minute. Il lui fallait sa raison d'être. Il avait dû profondément savoir qu'un jour Bérénice viendrait... et elle est venue.[...] Au fond, le siècle d'Aurélien s'écrit en deux mots: il y avait eu la guerre, et il y avait Bérénice."
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