Lionel Duroy est un auteur qui s'est toujours glissé entre mes filets, et que j'avais envie de découvrir depuis un moment. Son roman Echapper s'est par hasard retrouvé à portée de ma main lors de ma dernière excursion en territoire bibliophile, c'était l'occasion de concrétiser un projet de longue haleine.
Echapper, oui, mais pas à Dammann Frères (pour variante, voir plus bas)
Le synopsis
Le protagoniste, Augustin, est un homme passionné par le peintre Emil Nolde, et qui part à Hulsun sur les traces de cette figure qui a inspiré le roman "La leçon d'allemand", qui s'y déroule.
Il nous raconte sa rupture avec Esther, l'amour aveugle que lui portait sa première femme Agnès, et les rencontres de hasard qu'il fait durant son étrange quête.
Il nous raconte sa rupture avec Esther, l'amour aveugle que lui portait sa première femme Agnès, et les rencontres de hasard qu'il fait durant son étrange quête.
Mon avis
Un ressenti en demi-teinte pour ce roman qui m'a d'abord laissé entrevoir des merveilles avant de se refermer sur mes perspectives tel le couperet, ou encore la guillotine.
Comprenez-moi : je suis loin d'être insensible à l'oeuvre de Nolde, si bien que l'idée de me plonger dans une enquête dont il faisait l'objet me réjouissait ingénument. C'était sans compter sur les pérégrinations amoureuses de ce pauvre Augustin, qui au premier abord retiennent l'attention, et pour finir gâchent à mon sens toute la fin du roman. Dès qu'Augustin rencontre Suzanne et s'éprend d'elle, tout est fichu, le paroxysme étant atteint lorsque cette triste Dora confronte le protagoniste pour lui faire part de son inclination, et qu'il l'éconduit brusquement, ne trouvant rien d'autre à élaborer comme argumentaire que sa réticence à aimer des femmes dont "il sent la force dévastatrice de leur attente, de leur convoitise", et qu'il aime Suzanne parce qu'elle "est en paix avec les hommes et ne leur veut aucun mal." (ce passage est celui qui a été choisi pour figurer sur la quatrième de couverture. Je ne peux qu'être affligée).
Oh le pauvre Augustin qu'il faut plaindre, malheureuse proie sans défense qui n'est bon qu'à mépriser et à rejeter, sur le ton de la condescendance la plus absolue, les sentiments d'une femme qui se présente fébrile devant lui pour recevoir son verdict. On ne se demande pas si lui, il leur veut du bien ou du mal, aux femmes, s'il est nocif comme il accuse Dora de l'être, s'il a la moindre noblesse d'âme (rappelons que Suzanne est mariée, et qu'Augustin, s'il songe vaguement à l'époux qui se retrouve cocu par sa faute, ne se garde pas moins d'honorer sa femme sans réserve - au temps pour la noblesse d'âme, donc).
Bref, vous l'aurez compris, le protagoniste a dès lors perdu toute mon empathie pour devenir un sinistre bonhomme, pas très courageux, et pas très intéressant.
Dommage, Emil Nolde était un sujet passionnant.
En conclusion : échapper, oui, mais surtout à Lionel Duroy.
Comprenez-moi : je suis loin d'être insensible à l'oeuvre de Nolde, si bien que l'idée de me plonger dans une enquête dont il faisait l'objet me réjouissait ingénument. C'était sans compter sur les pérégrinations amoureuses de ce pauvre Augustin, qui au premier abord retiennent l'attention, et pour finir gâchent à mon sens toute la fin du roman. Dès qu'Augustin rencontre Suzanne et s'éprend d'elle, tout est fichu, le paroxysme étant atteint lorsque cette triste Dora confronte le protagoniste pour lui faire part de son inclination, et qu'il l'éconduit brusquement, ne trouvant rien d'autre à élaborer comme argumentaire que sa réticence à aimer des femmes dont "il sent la force dévastatrice de leur attente, de leur convoitise", et qu'il aime Suzanne parce qu'elle "est en paix avec les hommes et ne leur veut aucun mal." (ce passage est celui qui a été choisi pour figurer sur la quatrième de couverture. Je ne peux qu'être affligée).
Oh le pauvre Augustin qu'il faut plaindre, malheureuse proie sans défense qui n'est bon qu'à mépriser et à rejeter, sur le ton de la condescendance la plus absolue, les sentiments d'une femme qui se présente fébrile devant lui pour recevoir son verdict. On ne se demande pas si lui, il leur veut du bien ou du mal, aux femmes, s'il est nocif comme il accuse Dora de l'être, s'il a la moindre noblesse d'âme (rappelons que Suzanne est mariée, et qu'Augustin, s'il songe vaguement à l'époux qui se retrouve cocu par sa faute, ne se garde pas moins d'honorer sa femme sans réserve - au temps pour la noblesse d'âme, donc).
Bref, vous l'aurez compris, le protagoniste a dès lors perdu toute mon empathie pour devenir un sinistre bonhomme, pas très courageux, et pas très intéressant.
Dommage, Emil Nolde était un sujet passionnant.
En conclusion : échapper, oui, mais surtout à Lionel Duroy.
Pour vous si...
- Vous êtes secrètement envoûté par ces petits patelins enclavés au fin fond de l'Allemagne et bordés par la mer du Nord
- Le grand séducteur que vous êtes est à court d'arguments pour repousser les avances enflammées des dizaines de femmes qui se pâment à votre vue et jettent à vos pieds leur sort et tout leur amour-propre
Morceaux choisis
"_J'ai tellement aimé ce livre, Curtis, que j'aimerais habiter dedans, y entrer et ne plus en sortir. Est-ce que vous pouvez comprendre une telle chose?" (bien sûr que non, enfin, Augustin, il va de soi que ton cerveau est surdimensionné par rapport à celui de tous les autres ressortissants de ta génération, et qu'en conséquence, Curtis est incapable d'imaginer quelque chose d'aussi profond et conceptuel).
(50 pages plus loin)
"Où se loge la vie après l'effondrement? Il explique qu'il a dû se poser la question, et que la réponse lui est aussitôt apparue : dans les livres." (c'est bon Lionel, je crois qu'on a compris ta thèse...)
"Qui sait si les mois qui me restent à vivre ne vont pas compter plus que toutes les décennies déjà vécues?" (Merci, enfin un peu de matière à réflexion)
(50 pages plus loin)
"Où se loge la vie après l'effondrement? Il explique qu'il a dû se poser la question, et que la réponse lui est aussitôt apparue : dans les livres." (c'est bon Lionel, je crois qu'on a compris ta thèse...)
"Qui sait si les mois qui me restent à vivre ne vont pas compter plus que toutes les décennies déjà vécues?" (Merci, enfin un peu de matière à réflexion)
Note finale
2/5
(bof)
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