Delphine de Vigan me laisse perplexe.
Lorsque j'ai lu Rien ne s'oppose à la nuit, il y a quelques années, je me souviens du sentiment mitigé qui m'avait accaparée. La première partie sur l'enfance de sa mère m'avait subjuguée, la deuxième partie était venue assommer l'enthousiasme ainsi engendré.
Et puis, la curiosité m'a piquée, lorsque je l'ai entendue parler de son dernier roman dans une émission il y a quelques semaines. Et je résiste mal à la curiosité.
Lorsque j'ai lu Rien ne s'oppose à la nuit, il y a quelques années, je me souviens du sentiment mitigé qui m'avait accaparée. La première partie sur l'enfance de sa mère m'avait subjuguée, la deuxième partie était venue assommer l'enthousiasme ainsi engendré.
Et puis, la curiosité m'a piquée, lorsque je l'ai entendue parler de son dernier roman dans une émission il y a quelques semaines. Et je résiste mal à la curiosité.
Le synopsis
La narratrice, Delphine, a écrit un roman qui a rencontré un succès inespéré, et le récit débute lorsque vient le temps de se remettre à l'écriture. Mais elle doit désormais faire face au vide, un vide qui ne cesse de se creuser, à mesure que son entourage, son éditrice et son lectorat la pressent et la questionnent sur son prochain livre. Elle rencontre L. lors d'une soirée, et peu à peu, L. s'introduit dans la vie de Delphine, se rapproche, prend des libertés auxquelles Delphine ne met pas de limite, tandis que l'angoisse l'envahit et qu'elle est de plus en plus vulnérable.
Mon avis
Dans son roman, Delphine de Vigan joue sans ambages à nous retourner le cerveau.
Une sorte de paranoïa s'installe insidieusement, à mesure que défilent les pages, qui m'a rappelée Les apparences de Gillian Flynn. Quelque chose couve que l'on ne sait d'abord trop définir, et qui nous laisse en permanence comme sur un fil : qu'y a-t-il donc de si diabolique dans L., cette femme à la fois forte et vulnérable, dont les attentions sont touchantes et pourraient ne manifester que la sollicitude qu'elle éprouve pour Delphine? Ne serait-ce pas Delphine, au contraire, qui cherche à nous convaincre de la nocivité de L.? Qui, des deux, est la plus manipulatrice, consciemment ou non d'ailleurs?
Puis, la trame progresse, les réflexions de la narratrice sur la littérature font écho à la construction du roman, et c'est absolument troublant. Est-on moins sincère lorsque l'on écrit une fiction? Faut-il servir aux lecteurs des textes d'après des histoires vraies, le reste n'est-il que pure arnaque? Quid d'un roman qui se réclamerait de la réalité, flirterait avec, mais serait pure invention?
L. se révèle peu à peu, on comprend finalement où la narratrice voulait en venir, jusqu'à l'issue finale et le questionnement, par tout son entourage, de l'équilibre mental de Delphine, de la vérité dans cette histoire qu'elle raconte et à laquelle nul ne croit, jusqu'au dernier mot, "FIN *", par lequel elle nous nargue encore, au point de nous faire douter de chaque hypothèse que l'on a émise.
Et vous, que croirez-vous?
Une sorte de paranoïa s'installe insidieusement, à mesure que défilent les pages, qui m'a rappelée Les apparences de Gillian Flynn. Quelque chose couve que l'on ne sait d'abord trop définir, et qui nous laisse en permanence comme sur un fil : qu'y a-t-il donc de si diabolique dans L., cette femme à la fois forte et vulnérable, dont les attentions sont touchantes et pourraient ne manifester que la sollicitude qu'elle éprouve pour Delphine? Ne serait-ce pas Delphine, au contraire, qui cherche à nous convaincre de la nocivité de L.? Qui, des deux, est la plus manipulatrice, consciemment ou non d'ailleurs?
Puis, la trame progresse, les réflexions de la narratrice sur la littérature font écho à la construction du roman, et c'est absolument troublant. Est-on moins sincère lorsque l'on écrit une fiction? Faut-il servir aux lecteurs des textes d'après des histoires vraies, le reste n'est-il que pure arnaque? Quid d'un roman qui se réclamerait de la réalité, flirterait avec, mais serait pure invention?
L. se révèle peu à peu, on comprend finalement où la narratrice voulait en venir, jusqu'à l'issue finale et le questionnement, par tout son entourage, de l'équilibre mental de Delphine, de la vérité dans cette histoire qu'elle raconte et à laquelle nul ne croit, jusqu'au dernier mot, "FIN *", par lequel elle nous nargue encore, au point de nous faire douter de chaque hypothèse que l'on a émise.
Et vous, que croirez-vous?
Pour vous si...
- Les histoires de double et d'usurpation d'identité ne vous font pas peur
- Vous connaissez l'emprise néfaste que certaines personnes peuvent exercer sur d'autres, parfois inexplicablement
- Vous détestez vous vautrer dans des certitudes, et préférez de loin les romans où rien n'est sûr, où tout ce que vous pensiez vrai s'avère faux tout à coup, et vice versa
- Et bien sûr si vous êtes un adepte des histoires de corbeaux, ces inconnus qui vous envoient des missives anonymes bien senties et déprimantes à souhait - paranos s'abstenir!
Morceaux choisis
"Rares sont les amis dont nous pouvons dire qu'ils ont changé notre vie, avec cette certitude étrange que, sans eux, notre vie tout simplement n'aurait pas été la même, avec l'intime conviction que l'incidence de ce lien, son influence, ne se limite pas à quelques dîners, soirées ou vacances, mais que ce lien a irradié, rayonné, bien au-delà, qu'il a agi sur les choix les plus importants que nous avons faits, qu'il a profondément modifié notre manière d'être et contribué à affirmer notre mode de vie."
"Tu sais, il y a une chose que j'ai apprise. Une chose injuste qui sépare le monde en deux : dans la vie, il y a ceux dont on se souvient et puis ceux qu'on oublie. Ceux qui laissent une empreinte, où qu'ils aillent, et ceux qui passent inaperçus, qui ne laissent aucune trace. Ils n'impriment pas la pellicule. Ça s'efface derrière eux."
"Nous avons beaucoup de choses en commun. Mais toi seule peux les écrire."
"Tu sais, il y a une chose que j'ai apprise. Une chose injuste qui sépare le monde en deux : dans la vie, il y a ceux dont on se souvient et puis ceux qu'on oublie. Ceux qui laissent une empreinte, où qu'ils aillent, et ceux qui passent inaperçus, qui ne laissent aucune trace. Ils n'impriment pas la pellicule. Ça s'efface derrière eux."
"Nous avons beaucoup de choses en commun. Mais toi seule peux les écrire."
Note finale
3/5
(cool)
Par un grand hasard je viens de terminer Les heures souterraines que j'ai beaucoup aimé... Je m'en vais donc tenter celui-ci :)
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