lundi 23 novembre 2015

Djibouti, Pierre Deram

Encore un premier roman, qui nous emporte cette fois sur des terres arides et brûlantes : voici Djibouti de Pierre Deram.



Le synopsis

Markus est militaire, et doit rallier Paris demain. Il lui reste une nuit à passer à Djibouti. Pour ses dernières heures africaines, il erre dans les rues de la ville, accompagne d'autres soldats autour d'un verre, les observe se battre pour jouer, discute avec l'épouse endeuillée d'un colonel qui a perdu son chien, puis s'enfonce dans les bas-fonds de la ville, entouré de prostituées et de la réalité crue de leur vie quotidienne.


Mon avis

Djibouti est un premier roman très prometteur.
Il y a dans l'écriture quelque chose qui rend la ville fantasmagorique, qui en fait presque un être vivant et vorace, dangereux pour les hommes qui s'y égarent, un peu comme l'alambic de l'Assommoir ou la Lison de la Bête Humaine.
L'auteur parvient à rendre poétique des scènes et des lieux au demeurant sinistres, et l'on ressent comme Markus l'étrange fascination que peut exercer sur un homme l'étendue menaçante du désert tout autour.
Les pérégrinations de Markus sont ponctuées d'anecdotes qui incarnent le désert en question, lequel n'est pas qu'un concept idéalisé. Les personnages gravitant autour de Markus sont fêlés, abîmés, et parfois aussi proches d'une forme de démence, d'excès qui serait le seul moyen de survivre.
Un regret toutefois : le roman est trop court! J'ai eu le sentiment qu'il s'agissait d'un premier roman qui aurait pu servir une ambition plus grande, plus imposante. Parvenue à la dernière page, je suis restée envoûtée, mais sur ma faim...

Pour vous si...
  • Vous sentez en vous le besoin irrépressible de confronter votre idée romantique du désert à la réalité (une version plus abordable que ce que fait Mathias Enard dans Boussole)
  • Vous vous êtes toujours demandé comment diantre les militaires en mission peuvent bien passer leur temps libre...

Morceaux choisis

"Il n'y a pas de retour aux sources possible, sachant ce que nous savons, ayant fait ce que nous avons fait. Tout ce que nous touchons, nous le salissons. Tout ce que nous voulons réparer, nous le détruisons un peu plus. L'univers grossit comme une bulle, le vide augmente, l'errance s'aggrave, la solitude s'agrandit. Les galaxies s'éloignent les unes des autres. Chaque seconde qui passe ajoute un peu à la somme de nos erreurs."

"En plein jour, Djibouti est presque insoutenable. D'Ali Sabieh à Tadjourah, le pays entier est plongé dans un déluge de feu. En ville, où la vie est suspendue à son souffle brûlant, l'immense soleil réduit en cendres tout ce qui essaye d'échapper à son empire."

Note finale
3/5
(cool)

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