Jessica Shattuck est écrivain et vit aux Etats-Unis.
Château de femmes est son troisième roman.
En 1938, en Allemagne, Marianne fait la rencontre de Benita, la fiancée de son ami d’enfance Connie, lors d’une réception donnée dans le château de sa tante par alliance, la comtesse von Lingenfels. La politique menée par Hitler divise les Allemands, et parmi eux, Marianne, son époux Albrecht et Connie font partie de ceux qui lui sont réfractaires.
Sept ans plus tard, en 1945, Albrecht et Connie ont disparu, Marianne et Benita sont devenues veuves de résistants, et ce n’est qu’à force de persévérance que Marianne retrouve Benita et tâche de tenir la promesse faite à Connie, de protéger son épouse et son enfant s’il venait à lui arriver quelque chose. Dans l’Allemagne d’après-guerre, les deux femmes, bientôt rejointe par Ania, une autre femme de résistant au passé trouble, sont confrontées aux découvertes des camps, à la solitude et à l’indigence, et aux choix qu’elles peuvent faire pour continuer à vivre entre fantômes, poids de leurs propres traumatismes, et questionnements éthiques.
Château de femmes est un roman fleuve, qui propose de suivre trois protagonistes sur un peu plus d'un demi-siècle (de 1938 à 1991). Je vous mentirais si je vous disais que je n'ai pas vu passer ces 464 pages ; en dépit d'une écriture relativement agréable, j'ai parfois ressenti des longueurs.
Cependant, ne perdons pas de vue que le sujet, pourtant très connu, a le mérite d'être abordé ici sous un angle inhabituel : un point de vue allemand - ce qui est assez rare, car la littérature, comme l'Histoire, bien que moins systématiquement, raconte souvent l'histoire du point de vue des vainqueurs, si bien que l'on peut avoir l'impression que la résistance représentait 90% de la population de l'époque, inexactitude ô combien aberrante -, et bien que les protagonistes appartiennent au camp des opposants à Hitler, il est aussi intéressant que le récit se centre sur trois femmes.
Ces femmes, Marianne, Benita et Ania, évoluent dans des situations extrêmes, aux prises avec des décisions lourdes : alors que Benita souhaite épouser un ex-nazi repenti, Marianne le somme de renoncer à elle, au nom de la mémoire de Connie. Il n’y a pas de réponse simple aux situations décrites, si bien que les personnages n’ont rien de manichéen, et portent chacun leur part d’ombre et leurs doutes. Les hommes autour d'elles forment une galerie de personnages secondaires évoluant en marge du récit, bien que certains d'entre eux, même morts, restent très présents.
J'ai été intéressée par l'approche de sujets complexes - la mémoire, l'identité allemande et les conséquences du nazisme sur cette dernière -, qui ne verse pas dans la facilité ou les bons sentiments.
Aussi, je recommande la lecture de ce roman de Jessica Shattuck, mais vous alerte sur l'existence de quelques longueurs qui pourraient en décourager certains...
"Au lieu de quoi, elle sert le bras de Mary en appréciant sa bonté. Sa compréhension. C'est la raison pour laquelle les gens ont des enfants, même quand ils croient que le monde court vers l'enfer, même quand la vie n'est plus qu'incertitude. Dans l'espoir d'être compris."
Château de femmes est son troisième roman.
Libres pensées...
En 1938, en Allemagne, Marianne fait la rencontre de Benita, la fiancée de son ami d’enfance Connie, lors d’une réception donnée dans le château de sa tante par alliance, la comtesse von Lingenfels. La politique menée par Hitler divise les Allemands, et parmi eux, Marianne, son époux Albrecht et Connie font partie de ceux qui lui sont réfractaires.
Sept ans plus tard, en 1945, Albrecht et Connie ont disparu, Marianne et Benita sont devenues veuves de résistants, et ce n’est qu’à force de persévérance que Marianne retrouve Benita et tâche de tenir la promesse faite à Connie, de protéger son épouse et son enfant s’il venait à lui arriver quelque chose. Dans l’Allemagne d’après-guerre, les deux femmes, bientôt rejointe par Ania, une autre femme de résistant au passé trouble, sont confrontées aux découvertes des camps, à la solitude et à l’indigence, et aux choix qu’elles peuvent faire pour continuer à vivre entre fantômes, poids de leurs propres traumatismes, et questionnements éthiques.
Château de femmes est un roman fleuve, qui propose de suivre trois protagonistes sur un peu plus d'un demi-siècle (de 1938 à 1991). Je vous mentirais si je vous disais que je n'ai pas vu passer ces 464 pages ; en dépit d'une écriture relativement agréable, j'ai parfois ressenti des longueurs.
Cependant, ne perdons pas de vue que le sujet, pourtant très connu, a le mérite d'être abordé ici sous un angle inhabituel : un point de vue allemand - ce qui est assez rare, car la littérature, comme l'Histoire, bien que moins systématiquement, raconte souvent l'histoire du point de vue des vainqueurs, si bien que l'on peut avoir l'impression que la résistance représentait 90% de la population de l'époque, inexactitude ô combien aberrante -, et bien que les protagonistes appartiennent au camp des opposants à Hitler, il est aussi intéressant que le récit se centre sur trois femmes.
Ces femmes, Marianne, Benita et Ania, évoluent dans des situations extrêmes, aux prises avec des décisions lourdes : alors que Benita souhaite épouser un ex-nazi repenti, Marianne le somme de renoncer à elle, au nom de la mémoire de Connie. Il n’y a pas de réponse simple aux situations décrites, si bien que les personnages n’ont rien de manichéen, et portent chacun leur part d’ombre et leurs doutes. Les hommes autour d'elles forment une galerie de personnages secondaires évoluant en marge du récit, bien que certains d'entre eux, même morts, restent très présents.
J'ai été intéressée par l'approche de sujets complexes - la mémoire, l'identité allemande et les conséquences du nazisme sur cette dernière -, qui ne verse pas dans la facilité ou les bons sentiments.
Aussi, je recommande la lecture de ce roman de Jessica Shattuck, mais vous alerte sur l'existence de quelques longueurs qui pourraient en décourager certains...
Pour vous si...
- Vous n'êtes jamais rassasié de récits sur "WWII", comme on l'appelle par son petit nom.
- Vous ne vous consacrez qu'aux romans qui passent haut la main le test de Bechdel.
Morceau choisi
"Au lieu de quoi, elle sert le bras de Mary en appréciant sa bonté. Sa compréhension. C'est la raison pour laquelle les gens ont des enfants, même quand ils croient que le monde court vers l'enfer, même quand la vie n'est plus qu'incertitude. Dans l'espoir d'être compris."
Note finale
3/5
(cool)