lundi 14 mars 2016

Six fourmis blanches, Sandrine Collette

Je vous ai parlé le mois dernier de mes deux premières lectures dans le cadre du circuit de la Bibliothèque Orange.
Ce mois-ci, j'ai récupéré un livre sur l'Iran (dont je vous parlerai prochainement), et une sorte de thriller dont le titre et le résumé ne m'appâtaient guère : Six fourmis blanches, de Sandrine Collette.
Est-ce que je vous ai déjà dit que je n'avais jamais lu la sage de Werber qui parle de ces répugnantes bestioles? Il y a des sujets comme ça, on a beau savoir le grand succès que d'autres leur ont trouvé, on ne peut s'y résoudre.
Là, j'ai quand même fini par m'y résoudre, d'autant que les fourmis, c'était une métaphore (piochée je ne sais trop où, même après avoir refermé le bouquin, le parallèle me semble toujours obscur...).




Le synopsis

Deux récits entrecoupés racontent un trek dans les montagnes italiennes, auquel prennent part Lou et son ami Elias, et la descente aux enfers d'un sacrificateur, Mathias.
Dans un paysage de glaciers et de sommets sinistres, une menace sourdre, un mal indéfinissable qui plane sans que nul ne puisse s'y opposer.



Mon avis

Voilà un roman qui n'a pas de vergogne à briser les préjugés, et qui gagne à le faire!
Loin des fourmis, des insectes et de toutes autres formes désagréables de vie pullulante et fangeuse, il s'agit d'un thriller haletant, qui mêle habilement l'angoisse d'un cadre hostile avec des protagonistes évoluant en huit clos, l'adrénaline d'une course-poursuite dans des conditions extrêmes, et l'impunité des clans régnant sur la montagne depuis la nuit des temps.

Les premières pages se lisent facilement mais sans entrain; puis, les choses se précisent, le rythme s'accélère, et l'on se retrouve complètement addict.

La figure de Mathias est à la fois énigmatique et sympathique, il a comme une aura, et cette intuition qui le guide et en fait un personnage positif, dont on déplorerait la chute.

Les participants du trek ne sont pas, in fine, captivants, mais ce sont ceux auxquels le lecteur peut le plus facilement s'identifier, sans doute. Lou et Elias sont attachants ; quant aux autres, dès lors que l'on sent qu'une menace grandit, notre regard se dirige vers chacun d'entre eux, pour tâcher de deviner d'où elle peut provenir : Etienne? Marc? Vigan? Lucas?

Lorsque le nœud de l'intrigue se dévoile, de nouvelles inquiétudes prennent la suite, si bien que l'on progresse véritablement tout au long de la lecture, et l'auteur sait ménager son suspense.
Le style est fluide, on peut regretter quelques facilités çà et là, mais enfin, plus de sophistication nuirait peut-être à la facilité de lecture.

Une excellente découverte, qui ravira tous les amateurs de thrillers!

Pour vous si...
  • Vous savez intimement que la haute montagne n'est pas un environnement clément ;
  • Vous ne serez pas déçu si le roman ne parle pas vraiment d'une histoire de fourmis.

Morceaux choisis

"Au fond de moi, un tout petit espoir subsiste, le même depuis ce matin : la montagne a eu sa part. Statistiquement, nous avons atteint le quota - de quoi, je le sais à peine, de perte normale ou admise, je suppose, comme dans l'armée. Je vois bien que mon raisonnement est fallacieux, quand je pense aux cordées entières qui dévissent des sommets, aux gens qui se noient par dizaines lors d'un naufrage en mer. Mais j'espère quand même. Parce que je n'ai rien fait pour mériter cela."

"Six fourmis blanches avancent dans la neige et la glace, leurs silhouettes détachées comme celles de nomades sur les dunes du désert."

"Après avoir fait un bandage comme nous le pouvons, malgré les gémissements d'Arielle, nous sortons, un peu hagards. Elias nous attend. Le thé est prêt."
(Contexte : les mecs sont perdus en pleine montagne, la moitié de leur groupe est décimé, leurs espoirs de survie s'amenuisent à vue d’œil, leur coéquipière est mortellement blessée, et quelqu'un fait du thé. Les mots me manquent pour traduire mon sentiment.)

Note finale
4/5
(très bon)

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