En rentrant chez moi il y a quelques jours, mon œil vif et pénétrant a été attiré par la devanture étonnamment jaune de la librairie Mots et Motions : il faut dire qu'on y avait entreposé probablement l'intégralité des publications des éditions Verdier, dont les couvertures se distinguent par cette couleur caractéristique, à mi-chemin entre le blond et le vermillon. Parmi elles, je remarque presque sur le champ un nom connu et aimé, celui d'Antonio Moresco, dont le monde s'est plu à me cacher la parution de son dernier roman en français (je ne parlerais pas d'un complot, mais j'en suis à deux doigts, et depuis, fermement sur mes gardes).
Antonio est un auteur italien prolifique, dont seule La petite lumière a été traduite en français, récit étrange, doux et onirique que j'ai eu le bonheur de découvrir en début d'année.
Je me suis donc hâtée de faire l'acquisition de sa dernière contribution, au titre tendrement prometteur: Fable d'amour.
Le synopsis
C'est l'histoire d'un vieil homme, un clochard, qui a oublié qui il est et d'où il vient, et qui vit tout seul dans la rue, avec pour seul ami un pigeon à l'aile brisée.
Un jour, une fille merveilleuse le voit et lui sourit; un autre, elle s'arrête pour le regarder, un autre encore, elle l'aide à se redresser et l'installe chez elle.
Elle le lave sans dégoût et sans crainte, et lui dit des mots tendres, des promesses.
Il tombe éperdument amoureux d'elle.
Mais un jour, elle change.
Un jour, une fille merveilleuse le voit et lui sourit; un autre, elle s'arrête pour le regarder, un autre encore, elle l'aide à se redresser et l'installe chez elle.
Elle le lave sans dégoût et sans crainte, et lui dit des mots tendres, des promesses.
Il tombe éperdument amoureux d'elle.
Mais un jour, elle change.
Mon avis
Fable d'amour est un récit qui marie les paradoxes : cruel et infiniment doux, naïf et terriblement réaliste, intemporel et actuel. On retrouve le thème de la mort et de l'au-delà déjà exploré dans La petite lumière et qui est autrement décliné ici, celui de la solitude, et de l'amour aussi.
Les mots d'Antonio Moresco sont d'une pureté et d'une force inouïes, ils sont incarnés, et révèlent des vérités brûlantes. Son roman est intime et précieux, c'est un conte d'une beauté rare.
Les mots d'Antonio Moresco sont d'une pureté et d'une force inouïes, ils sont incarnés, et révèlent des vérités brûlantes. Son roman est intime et précieux, c'est un conte d'une beauté rare.
Pour vous si...
- Vous avez envie de tendresse véritable
- Vous avez de l'amour une compréhension qui s'affranchit de tout apparat galvaudé et du costume de scène qu'on nous sert en société
- Vous êtes sensible à la prose poétique sans verser dans le lyrisme ou l'emphase
Morceaux choisis
"De ce jour-là, le pigeon l'avait élu son seul ami au monde.
Et il en avait été de même pour le vieil homme."
"La vie du clochard est immobile et sans espoir."
"Et pourtant elle l'avait reconnu. Parce que, même si ce n'était désormais qu'un pauvre déchet humain, elle avait réussi à deviner sous ces haillons qui il avait été, qui il était."
"Il n'y a rien à faire, les femmes sont comme ça. L'amour n'existe pas. Les femmes ne sont que des miroirs. Ce que tu vois en elles, ce ne sont que les projections de tes illusions et de tes rêves. Et les femmes aussi voient dans le miroir des hommes les projections de leurs illusions et de leurs rêves."
" "Que c'est dur cette vie..." se disait le pigeon. "Que c'est dur toute cette douleur des vivants et aussi des morts, tous ces gens qui se cherchent et ne se trouvent pas. Que c'est dur tout cet amour impossible...[...] Comme ils sont seuls les hommes! Comme elles sont seules les femmes! Toutes ces maisons, là, tout en bas, avec quelques petites fenêtres encore éclairées dans le noir que je vois maintenant d'en haut, sont pleines d'hommes et de femmes qui souffrent, se cherchent et ne se trouvent pas, qui s'étreignent, se trompent, se quittent et se tuent parce qu'ils ne savent pas inventer l'amour..."
Note finale
5/5
(coup de cœur)
5/5
(coup de cœur)
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