C'est le synopsis de Séduire Isabelle A. qui m'a convaincue de le mettre dans mon cabas. Une histoire de famille détraquée, d'amoureux transi qui doit faire ses preuves en se faisant accepter par la belle-famille en question, ça sentait bon le roman à tendance vaudevillesque, et rien ne me fait plus plaisir par un froid mois de décembre.
Le synopsis
Pierre aime Isabelle et lui demande sa main.
Isabelle ne lui donne pas de réponse, mais l'invite à passer quelques jours dans sa famille qu'il n'a jamais rencontrée, mais dont il a compris qu'elle était singulière. Il entrevoit en filigrane que la réponse attendue dépendra de sa faculté à se faire accepter par les Pettigrew, ce clan déjanté si éloigné de sa propre famille.
Pierre est donc intronisé, et découvre des mœurs qui lui sont absolument étrangères, où il est d'usage que chacun prépare un spectacle pour le reste de la famille, où les uns et les autres vont et viennent dans la plus grande liberté, où les règles sont relativement dissolues, et où l'on court des dangers sans même s'en rendre compte. Peu à peu, les convictions de Pierre sont ébranlées, de même que sa ferme résolution de venir à bout des Pettigrew.
Mon avis
Séduire Isabelle A. est un roman agréable, agrémenté d'une jolie touche d'humour et d'une prose plaisante. On y trouve des passages tout à fait cocasses, qui amusent et enchantent.
Néanmoins, je m'attendais, de par le synopsis, à m'introduire dans une famille plus déjantée que ne semblent l'être les Pettigrew. La comparaison qui est faite avec la famille bourgeoise et soucieuse des conventions de Pierre met en exergue la fantaisie de la famille d'Isabelle, mais il ne s'agit, somme toute, que d'une famille moins rigide et plus détendue, dont les mœurs n'ont rien d'incroyablement extravagant ou de révolutionnaire, à mon sens.
Alors, cette observation est à nuancer, il est possible que la "singularité" de ma propre famille me fasse placer haut l'étalon de la fantaisie... C'est intéressant, d'ailleurs : si jamais, cher confrère lecteur, vous êtes choqué et/ou interloqué par les façons d'être et les relations qui régissent la famille Pettigrew, n'hésitez pas à m'en toucher un mot, je serais curieuse de le savoir (cela m'aidera grandement à qualifier les anecdotes familiales dont il est inconvenant de parler en société).
Partant, j'ai eu quelque difficulté à comprendre le malaise de Pierre dans ce cadre finalement sympathique et chaleureux. Autre point à souligner : la personnalité d'Isabelle m'a semblé aguicheuse, l'auteur jouant sur son excentricité et sur une sorte de halo de mystère qui l'entoure (à quoi font donc référence ses proches lorsqu'ils parlent de la folie d'Isabelle?), toutefois, j'ai pu constater que mon côté réfractaire aux personnages de femmes "foufous", sensuels et légers ne s'atténuait pas, dans la mesure où j'ai ressenti, comme toujours, les effets regrettables d'un certain stéréotype de femmes qui ne me plaît guère.
Je ne voudrais pas brosser un sombre tableau du roman : il est, comme je l'ai dit plus haut, très honorable, on s'y sent bien, on y sourit, on passe un moment distrayant. C'est déjà infiniment plus que ce que l'on pourrait dire de La fille de Brooklyn.
Pour vous si...
- Les familles déjantées ne vous font pas peur (la vôtre mériterait d'ailleurs de défier les Pettigrew lors d'une battle de danse, ou d'apéro).
Morceaux choisis
"_Pierre, les familles sont comme des pays. La nôtre n'a rien d'exceptionnel. Elle a sa propre politique, son histoire et ses rituels, ses mots d'auteur, ses dates anniversaire, ses stars, ses grands sages et son esthétique."
"_En tout cas j'ai compris une chose, dit Barbara soudain très grave. Etre publié, c'est perdre la face, quoi qu'il en soit."
Note finale
2/5
(pas mal)
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